Rencontre avec Verso, un rappeur d’âme
Avec la sortie de son nouvel EP “Amour Amertume”, le rappeur Verso nous emmène à la découverte de morceaux introspectifs et touchants. Verso nous plonge ainsi au cœur de ses émotions, en toute intimité.
Dans cette interview, Verso nous livre son regard sur sa carrière de plus en plus florissante, sur l’authenticité de son travail, sur l’importance qu’il a de mettre son cœur et ses valeurs dans tout ce qu’il fait. Rencontre avec un rappeur pas comme les autres…
Tu as sorti un premier EP Colère Calme il y a maintenant quatre ans, tu as un peu plus de recul sur ce projet maintenant. Quel est ton regard sur ce premier projet qui t’a lancé sur la scène ?
Il y a des morceaux dont je suis toujours très fier, je ne pourrais pas faire mieux pour certains d’entre eux. Je pense notamment à Jusqu’au bout, c’est vraiment le morceau qui me tient le plus à cœur. Je suis très heureux d’avoir sorti cet EP, c’est effectivement cela qui m’a permis de me lancer dans l’industrie de la musique avec notamment des contrats et des contacts professionnels. Mais surtout, ça a abouti sur Amour Amertume qui est le second volume de ce projet donc je suis vraiment heureux de tout ce travail et il me représente encore parfaitement.
Donc pour toi, ce nouvel EP est une vraie continuité de ton ancien ou tu es plutôt parti sur quelque chose de différent, de nouveau ?
C’est plutôt une continuité, dans le sens de l’amélioration. Ca veut dire que j’aborde a peu près les mêmes thèmes mais avec plus de finesse, plus de précision et avec une musique qui me semble plus intéressante. Quand je parle de musique, je parle notamment d’instrumental, de flow, j’essaye un peu de casser les clichés du rap et d’être plus dans l’expérimental. J’ai vraiment été au bout de mes idées sur ce projet-là alors que sur Colère Calme j’étais encore bridé par mon jeune âge ou encore, le manque de connexion. Ça rend donc Amour Amertume plus intéressant, plus pertinent et sûrement plus abouti.
Tu te sens donc plus en accord avec ce nouvel EP ?
Exactement, j’ai eu quatre ans pour travailler sur Amour Amertume (de 2017 a 2021) alors que Colère Calme je l’ai travaillé beaucoup moins de temps. En plus de cela, je passe d’un projet où j’avais entre 17 et 19 ans, à un projet où j’avais entre 19 et 24 ans. Ce n’est donc pas la même mentalité ni la même maturité.
Dans ton travail, tu te définis par ton côté authentique, tu mets vraiment ton âme dans tes morceaux. En quoi tu te retrouves dans ces mots, en quoi tes morceaux résonnent d’authenticité et de sensibilité ?
Je mets toutes mes émotions dans mon travail, ce que je ne montre pas forcément au quotidien quand je travaille. Que cela soit dans mon travail de production phonographique ou dans mon travail alimentaire, je montre dans mes morceaux ma face cachée, d’où mon nom de scène Verso. Il y a des causes qui me touchent plus particulièrement, j’en parle souvent dans mes morceaux, notamment celle de la misère sexuelle qu’il y a dans le monde. C’est un sujet que j’aborde notamment dans Amour amertume, dans Phase finale, j’en parle dans beaucoup de morceau. En fait, j’évoque ce sujet dans tous mes morceaux.
Quand je dis que je mets mon âme, c’est que j’ai continué à faire de la musique notamment dans un but humanitaire afin d’aborder des sujets que je considère encore aujourd’hui trop tabous. Je suis dans un label où la moitié des bénéfices vont à des associations qui aident les femmes à porter plainte en cas de violences sexuelles. Notre but est principalement politique et humain. Ma musique est un moyen de parler de cette cause et de la défendre.
Tu as d’ailleurs créé ton propre label, comment en es-tu arrivé à prendre cette décision ?
Ça s’est fait en plusieurs étape : la première c’est quand j’ai commencé à marcher en 2017 avec une mixtape Retour aux sources et que j’ai fait plus de 100 000 écoutes, j’ai compris qu’il était possible d’avancer professionnellement et de signer en label. Le problème, c’est qu’à chacun de mes rendez-vous, on me disait toujours la même chose : “Verso on aime bien, par contre, on va radicalement changer ton équipe”. C’est impensable pour moi, j’ai des gens qui travaillent pour moi depuis de nombreuses années et je ne me voyais pas lâcher tout le monde. C’est comme ça que l’idée de monter un label m’est venu, petit à petit. Quand je me suis rendu compte que je pourrais créer du bénéfice et signer des contrats intéressants, j’ai tout de suite voulu en faire une association afin de donner la moitié des bénéfices à une association humanitaire. Le but, c’était donc de faire un label afin de pouvoir rémunérer mon équipe mais aussi garder ce côté humanitaire que je recherchais depuis le début.
Aujourd’hui de plus en plus de rappeurs cassent les clichés du rap en délivrant des morceaux abordant des sujets sensibles qui leur tiennent à cœur. On parle ici d’un rap qui se veut plus authentique, plus profond et surtout plus doux dans son approche. Comment tu te positionnes vis-à-vis de ce mouvement ?
J’essaie de moins en moins d’être en rappeur, je garde surtout du rap la révolte et la poésie.
Après, il y a un courant durable qui va de plus en plus vers la variété française et qui est donc un peu plus léger. Je ne dis pas que je veux faire de la variété française, je veux faire de la musique et garder les points forts du rap. En même temps, je veux plus m’ouvrir musicalement et défendre les causes qui me sont importantes. Après, c’est vrai que la défense de la femme me touche plus particulièrement en raison de ma vie personnelle qui a été impactée par ça. Je pense notamment à ma petite sœur qui a eu des problèmes ou encore toutes les femmes de mon entourage ont été touchées par les violences sexuelles quotidiennes. Ca m’est donc très propre. Certes, c’est rare dans le rap mais je pense que ça tient aussi beaucoup de l’expérience personnelle de chacun, comment les gens grandissent et surtout les tabous qu’il peut y avoir dans certaines cultures. J’ai eu une éducation où parler, des agressions sexuelles ou même de la sexualité en générale, n’était pas tabou. J’ai donc très vite été au courant de la réalité dans laquelle on vit et ça m’a forcément suivi dans ma musique.
Au vu de ce que tu me dis, comment tu catégoriserais ton style d’écriture ?
Je ne sais pas trop. Si on était à l’école, je te dirais que j’ai un style d’écriture omniscient parce que je me pose mes propres questions et en même temps, je me fais parole de Dieu pour dire ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.
Finalement, je pense que mon style est très humain et c’est là où les gens se retrouvent, mais aussi très personnel. Mais aussi poétique puisque je travaille beaucoup sur la poésie et sur les sons qui vont ensemble, la couleur et les mots que j’emploie.
Tu as fait un morceau avec 313, Étoiles, pourquoi faire une collaboration avec ce trio ?
Il n’y a qu’un seul feat sur l’EP et c’était évident pour moi de la faire avec eux. Ce sont de vrais frères de cœur avec qui je suis au quotidien, pas seulement dans le milieu professionnel donc. C’est vraiment la famille, Amour Amertume c’était vraiment un projet précieux pour moi car je l’ai conçu presque comme étant le dernier et c’était donc important pour moi que mes frères de cœur soient dessus. On s’est rendu compte que le morceau avait bien marché et c’était vraiment intéressant pour nous de voir ça car c’était un morceau fait le cœur et ça s’est retrouvé commercialement, ce qui est rare. On est hyper content mais la première attention c’était vraiment l’amour qu’il y avait entre nos deux entités. On se suit en live depuis le début : ils sont venus avec moi quand j’avais un festival à Milan et je vais aussi avec eux à tous leurs festivals, tous leurs concerts. C’est donc vraiment une question de famille.
Il y a donc vraiment une question de lien dans ton travail, des liens de cœur et de famille. Tu mets vraiment ton cœur dans chacun de très projets donc ?
Oui, c’est exactement ça ! Je pense que c’est l’essence même de mon travail, que ce soit de la production phonographique ou de la création musicale, c’est la famille d’abord et le fait de prendre soin des uns des autres. Ce n’est clairement pas un travail que je fais pour l’argent.
Tu me disais auparavant que tu avais fait Amour Amertume comme si c’était un dernier projet, tu entends quoi par-là ?
Je l’ai conçu dans un moment assez compliqué et ça se retrouve dans certains morceaux. Je l’ai surtout conçu pour en être fier toute ma vie. Le rap c’est un milieu qui est vraiment compliqué, c’est un travail qui est long, méticuleux, vertigineux même. Le rap c’est de la communication, c’est donné de son cœur, c’est se mettre en avant, c’est être un personnage public quand on a pas forcément envie de l’être. Je n’étais pas sûr de vouloir faire un autre projet après Amour Amertume, je voulais pouvoir me dire dans 10 ans que je suis toujours aussi fier de ce projet. Je voulais en faire un classique à mes yeux, un projet donc je suis intégralement fier.
Est-ce que tu es toujours dans cette idée de tirer ta révérence après ce projet ou tu as plutôt envie de continuer sur ta lancée ?
J’ai eu besoin de prendre une petite pause après avoir terminé Amour Amertume mais je suis plus lancé maintenant vers une suite pour mon travail. J’ai des nouveaux partenariats, de nouvelles collaborations, les chiffres ne cessent d’augmenter donc ça me donne envie de continuer. C’est aussi mon rôle en tant qu’artiste dans le label de faire monter les scores pour les suivants qui arriveront derrière moi.
Pour revenir un peu sur ton label, tu développes, en ce moment, plusieurs artistes, tu peux m’en parler ?
Pour l’instant, on est cinq artistes au sein du label. On va donc y retrouver Verso, moi-même, Xabi, un frère de cœur qui fait du rap un peu plus hardcore que le mien, pour autant, ça reste un rap très travaillé. En plus de ça, il fait lui-même ses compositions.
Il y a aussi La Femme en Bleu, elle chante en anglais et je la développe depuis ses 14 ans (elle en à 18 aujourd’hui), elle est vraiment très talentueuse et travaille actuellement sur son premier EP. On retrouve aussi Shana, signée il y a un an, elle vient d’Annecy et fait notamment de la pop urbaine alternative.
Enfin, il y a Ladam qui est compositeur et qui va bientôt se lancer en tant qu’interprète. Il a notamment fait le travail de beat maker pendant 2 ans pour se former à toutes les sessions studio et vraiment travailler la production musicale. Il va notamment se lancer en tant qu’artiste-interprète en 2023.
Donc de très beaux projets en perceptive en 2023 ! Qu’est-ce que l’on te souhaite alors pour cette nouvelle année ?
Je pense qu’il y a eu beaucoup de travail, que l’on a vraiment réussi à cultiver nos talents pendant 2022. Je pense qu’il nous faut juste un peu de chance, de visibilité et je suis sûr que le travail finira par payer !
Pour finir, 3 mots pour définir ton nouvel EP Amour Amertume ?
Sincère, conscient et empathique.
Propos recueillis par Tiphaine Conus
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