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Rencontre avec London Loko

London Loko © Antoine Guilloteau

À l’occasion de la sortie de son nouveau single Up & Down, extrait de son prochain EP prévu pour juin 2020, j’ai eu la chance de rencontrer l’artiste London Loko. 

Il n’y a que très peu d’informations à ton sujet sur internet. Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle London Loko, c’est mon nom de scène en tant qu’artiste, chanteuse, auteure et interprète. J’ai 27 ans, je suis née durant la saison des amoureux, je trouve que c’est une très belle saison une des plus belles. Mon vrai prénom je le donne très rarement, c’est Alvine Michelle. Il me semble que c’est la toute première fois que je le donne en interview, c’est fou !

Quels ont été tes modèles et influences ?

Mes modèles viennent principalement de ma famille, ma grand-mère, ma mère et mes tantes. J’admire leur courage et leur force, c’est ce qu’elles m’ont transmis. Je suis admirative de leur parcours. Pour ce qui est de mes influences, j’en ai énormément, j’écoutais un peu de tout quand j’étais petite. Mais il y a une artiste qui m’a particulièrement marqué plus que d’autres parce que ma mère l’écoutais tout le temps à la maison. Elle chantait, dansait dessus, j’ai donc grandi avec : il s’agit de Sade. Mon morceau préféré est  Smooth operator, ma mère l’écoutait sans cesse. Chez cette artiste je retrouve beaucoup de traits de personnalité que mes modèles ont. Je trouve que cette femme a d’abord une voix exceptionnelle. Mais aussi, elle a énormément de charisme, de beauté et selon moi elle représente la fois la force et la douceur.

En comparaison avec le reste de ta discographie, Up & Down se trouve dans un tout autre registre. Est-ce qu’il constitue une rupture selon toi ? Ou bien une continuité logique ?

C’est vrai que Up&Down est très différent mais je ne pourrais pas dire que c’est une rupture car selon moi mon passé est mon présent. Je dirais que c’est une suite logique, une évolution tout simplement. Je me suis pendant un petit moment cherchée, et dans ce nouveau morceau je me trouve complètement, je trouve qu’il me ressemble. Je suis très fière du chemin que j’ai parcouru, de ce que je suis en train de construire et c’est notamment grâce à mon équipe, à ceux qui travaillent avec moi. Lors de ma dernière prestation sur the Voice j’avais interprété Sally Carmel, c’est une chanson soul/r’n’b des 80s, j’ai toujours aimé cette époque, et au cours de cette prestation je me suis vraiment sentie dans mon élément, ainsi en sortant de l’émission j’ai eu comme un déclic, j’ai su que c’était dans cette direction que je voulais aller. Mika me disait qu’il voulait que je devienne une femme, et je trouve qu’a travers ce morceau je montre un côté de moi qui est baucoup plus affirmé et beaucoup plus fort. J’espère qu’il sera fier de moi.

Le clip est parfaitement à ton image : rétro, flash, tout en gardant une part de mystère. S’inspire t’il de ta personne ?

L’équipe est très soudée, le but était effectivement que le clip me ressemble à 100%, c’est un reflet de ma personnalité. C’est marrant parce qu’on me dit beaucoup que je suis très mystérieuse « tu es étrange » « tu as un regard particulier » souvent au début, quand on me rencontre. C’est aussi dû à ma nature qui est timide, je n’exprime pas souvent mes sentiments.

Vises-tu un public en particulier ?

Je dirais que je fais de la musique pour qu’elle fasse du bien à tout le monde, aux jeunes comme aux personnes plus âgées, je ne pense pas viser un public en particulier encore moins dans ce morceau puisque c’est presqu’un hommage que je fais aux années passées, qui ont marqué les générations de nos aïeuls, mais la nôtre aussi. J’espère que les jeunes pourront danser sur cette musique avec leurs parents.

Tu es originaire du Cameroun, et tu chantes en anglais. Penses-tu rester en France pour ce qui est de la suite de ta carrière ?

C’est vrai que dans mon ancien EP je chantais beaucoup en anglais ; c’est parce que j’ai beaucoup écouté de musiques dans cette langue et je trouve que c’est une autre façon de ressentir la musique ainsi que de la chanter. Je trouve aussi intéressant le mélange de culture dans la musique. Pour ce qui est de ma carrière pour l’instant mon cœur est ici et je m’y sens bien. J’adore chanter en français, j’adore chanter des musiques pour mon public, en tout cas pour les personnes qui me suivent. Pour ce qui est de la suite je ne sais pas, la vie est remplie de surprises. C’est clair qu’en tant qu’artiste on a envie que notre musique s’exporte le plus loin possible, auprès de personnes au fin fond de la forêt, installées dans leur igloo ou de l’autre côté de l’Atlantique. Ce serait un rêve, c’est un peu ce que je me souhaite : que ma musique touche un maximum de personnes dans le monde.

Penses-tu que le fait d’être une femme noire est un handicap dans le monde de la musique française ?

C’est une très bonne question. Ce que je remarque c’est qu’il y a de plus en plus de femmes noires sur mon écran et j’en suis très fière, je pense qu’il faudrait davantage de modèles. Ça prouve que la mentalité change et qu’il y a une belle évolution. On peut voir des artistes comme Aya Nakamura devenir égéries de grandes marques aujourd’hui par exemple. Toutes ces femmes qui évoluent dans le milieu de la musique française, un milieu pas facile. Elles donnent l’exemple et j’espère pouvoir moi aussi le donner. J’espère que certaines filles pourront s’inspirer de mon parcours, de mon histoire et trouver le courage de se lancer dans leurs propres projets, dans leurs propres rêves. Elles ne doivent pas douter d’elles, elles doivent savoir qu’elles sont belles, la femme noire est tellement belle, qu’elles doivent continuer à croire en elles et qu’en tout cas moi je les aime, je les aime énormément. Ta question me touche beaucoup, vraiment, c’est un sujet qui me tient énormément à coeur. La femme a une place compliquée dans la société, et particulièrement la femme racisée. J’aimerais leur dire de ne pas se soucier du regard des autres, de croire en elles, de rester fortes, déterminées. C’est à nous de montrer que la femme noire a sa place dans la société elle est forte, créative, ambitieuse, business woman, elle est tout, tout ce qu’elle veut être.

Où te verrais-tu dans 10 ans ?

Dans 10 ans… je ne sais vraiment pas ; dans 10 ans, déjà je pense que je serai installée avec mon mari, mes enfants tout ça… Je serai toujours dans la musique. Et je réaliserai ce projet qui me tient beaucoup à cœur, ce serait d’ouvrir une ou plusieurs écoles de musique en Afrique, donc je pense que je serai là-bas. Car il y a une multitude incroyable d’artistes en Afrique, mais très peu d’écoles pour eux, donc j’ai envie de les aider et qu’ils se développent aussi. J’ai envie d’aider.

Propos recueillis par Soraya Assae Evezo’o

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