Rencontre avec HEAD : “Je rêve d’avoir un micro dans les mains et 4000 personnes devant moi”
Un artiste émergeant avec sa propre identité déjà bien ancrée dans la dure réalité du rap.
Bonjour, peux-tu te présenter ? De quel univers viens-tu ?
Bonjour, je m’appelle Romain. J’ai 18 ans et je suis de Normandie à côté de Rouen, j’y étais pour le collège et au lycée j’ai dû partir à Caen dans le Calvados. Suite à ça, je suis allé à Marseille pour refaire autre chose et je suis passé entre temps à Strasbourg.
Quand et qu’est-ce qui t’as donné envie de commencer la musique ?
J’ai commencé la musique en 2013-2014 mais je ne faisais pas de rap. Je faisais de l’éléctro commercial. J’ai fait ça pendant deux ans environ et après la vie m’a mené à découvrir d’autres horizons. Donc, je suis allé vers des trucs un petit peu plus “dépressifs”, si je peux me permettre, avec des instrumentales justement assez tristes type lo-fi et j’ai commencé à écrire dessus, je me suis dit : “mais p****n j’vais continuer en fait” !
Pourquoi ce pseudo “HEAD” ?
Au début, je m’appelais “ROMS” sauf que je me suis rendu compte qu’il y avait déjà un rappeur qui s’appelait comme ça en France et donc j’ai dû, bah réfléchir, et justement “réfléchir” c’est ce mot-là qui me vient en tête souvent. Trop souvent même. Quand j’écris un son, quand je me lève, quand je me couche, quand je prends ma douche, quand je mange, quand je mets mes chaussures, quand je tartine mon pain au Nutella… c’est réfléchir. J’ai ce mot-là à la bouche tout le temps parce que je réfléchis tout le temps, je suis quelqu’un de très cérébral et justement “HEAD” ça vient de la tête. Et vu qu’absolument tout ce qu’on pense, tout ce qu’on peut dire, tout ce qu’on peut faire, tout ce qu’on peut ressentir vient de la tête au final, les sentiments, les émotions, la peur, la haine etc… tout vient de la tête je me suis dit que “tête”, plutôt tourner en anglais, ça pouvait faire un très bon nom.
As-tu un gimmick ? Tu vois ce que c’est ?
Oui c’est comme SCH avec son “MATHAFACK !”c’est ça ?
(Rires) Oui c’est ça !
Alors non, je n’ai pas de gimmick, mais il y a un mois je me suis trouvé un petit truc à moi justement et c’est en rapport avec plusieurs choses mais ça, je vais mettre des années à le formaliser, à faire en sorte que cette idée prenne vie. C’est une phrase : “pas la peine de plaire que la peine qui me plait” donc j’ai tourné ça en “que la peine” et c’est en clin d’œil avec le groupe PNL avec QLF donc “que la famille” et QLP je me suis dit ça fait “Que La Peine”. (rires)
Fais-tu des études ? Ou t’es-tu consacré à la musique à temps plein ?
J’ai eu mon bac l’année dernière. Donc là je fais mes études dans la fibre optique et actuellement je suis en internat. Vu que j’habite en Normandie et que le week-end je reste à l’internat j’ai mon micro, tout mon matériel son, je ne dirais pas que j’y suis consacré à temps plein mais j’en fais tout le temps quoi.
Donc la musique t’en fais dès que t’as du temps libre ?
Exactement ! Déjà que j’écris quand j’ai pas de temps libre, je suis quelqu’un qui est plus qualitatif que quantitatif donc je préfère écrire, réfléchir sur l’écriture, réfléchir sur le son que l’univers à installer… et après enregistrer et après faire quelque chose. Donc pour répondre à ta question, non ! J’ai mes études mais la musique c’est une passion que je fais vivre au quotidien. »
As-tu une équipe derrière toi ? Si oui comment l’as-tu construite ?
Non ! Du coup je n’en ai pas.
Pour revenir à ce que tu m’as dit tout à l’heure, est-ce que tu fais tes propres prods pour tes propres sons ?
C’est quelque chose qui est arrivé deux fois mais je me suis rendu compte qu’il y avait des beatmakers incroyables sur Youtube et ce que j’adore faire, c’est rentrer en contact avec eux leur dire : “écoute, ta prod elle m’a marqué, ton univers il est incroyable” et pour te donner un exemple, j’ai BroConnexion, c’est quelqu’un qui a fait plusieurs de mes sons et lui il a un univers très marqué dans ses prods et je kiffe ce qu’il fait, j’adore ce qu’il fait donc non je ne crée pas mes prods, enfin, c’est rare, très rare.
Et est-ce qu’on te crée tes propres prods ?
Non je cherche, je cherche, je mine et je reçois genre 40 notifications par jour. (rires)
Tu payes ces beatmakers à qui tu prends les prods ?
Oui oui, c’est obligatoire c’est du streaming si je veux les mettre sur Spotify, Deezer, on est obligé d’acheter l’instrumentale.
As-tu déjà fait de la scène ?
Oui. J’ai fait de la scène à Caen, il y avait une association qui s’appelait : “Caenrap-tu ?” et c’était tous les premiers jeudis du mois, ils faisaient une sorte de session dans un bar avec une salle de concerts avec différentes thématiques, différents artistes, différents challenges et moi je venais vraiment de commencer dans le rap j’avais jamais sorti de son et je m’étais dit : “bah vas-y pour une première expérience je vais le faire.”
Le covid a-t-il impacté ta musique, ta production ?
Pas du tout.
Justement, j’imagine que toi du coup tu as eu du temps pour ça ?
Oui, totalement, contrairement à d’autres artistes qui n’ont pas pu aller au studio parce que le studio était fermé. Moi, j’ai tout avec moi ce qui fait que je n’ai aucun problème »
Ton artiste préféré ?
Je pense que tu l’auras deviné ?
SCH ?
Bien sûr ! (rires)
T’as un conseil pour ceux qui veulent se lancer dans la musique ?
Heu… ouais, j’ai un conseil. Faut savoir que le monde de la musique c’est un magnifique bourbier et que le plus important, je pense pour réussir dans la musique, c’est d’avoir une identité, d’avoir quelque chose propre à soi qui nous permet de nous démarquer de tous les autres. On peut te comparer à n’importe qui au final on est incomparable parce qu’on est complètement différent.”
Quel est ton but dans la musique ? Tu en as un ou c’est juste pour le kiff ?
Oui, je fais ça pour le plaisir premièrement, mais deuxièmement je pense que c’est quelque chose que tous les artistes ont en eux quand ils ne sont pas connus c’est justement l’envie de se faire connaitre. L’envie, non pas de la notoriété, car je n’appellerais pas cela comme ça, mais moi, je rêve d’avoir un micro dans les mains et 4000 personnes devant moi.
En fait, j’ai eu une sorte de “traumatisme” quand j’étais enfant, j’avais quatre murs autour de moi et le fait d’être sur scène, ça enlèverait ces murs et je verrais tout le monde autour de moi et ça me soignerait en vrai.
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Propos recueillis par Camille de Becdelièvre
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