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Remains : “le pivot central de notre musique c’est l’émotion”

Lisa Behot 24 avril 2020
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Rencontre avec Remains, un jeune groupe de rock ébroïcien. Titouan Debeer, guitariste chanteur, Léa Delatre, bassiste et Elouan Hantz, batteur, nous parlent de leur vision de la musique et du rock aujourd’hui. 

Que diriez-vous aux gens qui ne vous connaîtraient pas encore ? 

Élouan : On a de l’énergie à revendre ! On fait du rock sans se fixer de limites pour appartenir à tel ou tel genre musical. On n’aime pas rentrer dans des cases donc on ne se donne pas de style précis, on laisse libre court à notre imagination, nos émotions.

Depuis combien de temps existez-vous ?

Titouan : au début je faisais des concerts tout seul puis j’ai rencontré Léa il y a un an. Ça a marché tout de suite mais on n’arrivait pas à trouver de batteur. Six mois plus tard Élouan nous a rejoint et Remains est né.

Pourquoi Remains ? 

Titouan : Remains signifie les restes. On aime le fait qu’il n’y ait pas de signification claire. Ça peut être les restes d’un style musical, d’une génération, même les restes du repas de la veille ! Chacun est libre d’interpréter ce qu’il veut de ce nom et cette liberté nous a plu.

Quelles sont vos influences  ? 

Titouan : Alors Nirvana sans hésiter. J’aime aussi Sonic Youth, Bob Dylan, Led Zeppelin, Jimmi Hendrix…
Élouan : Je suis d’accord. J’ajouterais les Beatles, et aussi the Clash.
Léa : J’aime aussi les Doors, les Red Hot Chili Peppers et Eliott Smith m’inspire énormément.

La musique est-elle un exutoire pour vous ? 

Élouan : Oui définitivement. La musique ça défoule. Quand ça va mal, c’est vraiment libérateur.
Titouan :  Je projette les émotions que je peux avoir dans ma musique. C’est le meilleur moyen de transmettre ce que l’on ressent au public.
Léa : Personnellement, jouer ça me met face à la réalité. Ça me permet de faire le point avec moi-même.

©Akenofu

Le rock est souvent associé à la lutte contre le système. Qu’en est-il pour  Remains ? 

Élouan : Le rock englobe pleins de choses, ce n’est pas seulement anti-système. Guns’n’Roses par exemple, je trouve que ça ne dénonce rien du tout !
Titouan : Ce qu’il y a de bien avec la musique, c’est que l’on peut dénoncer sans se placer dans le rôle de celui qui a les réponses, les clés pour changer le monde. Avec notre musique, on pose simplement les questions qui nous touchent.

Y a-t’il un message particulier que vous voulez diffuser dans vos morceaux ? 

Titouan : Globalement non. On n’est pas dans la transmission de message mais d’émotions. On ne souhaite pas être des porte-paroles ni changer le monde mais simplement faire ressentir quelque chose au public.
Élouan : Le pivot central de notre musique c’est l’émotion. On ne cherche pas à faire quelque chose d’engagé, technique ou beau, c’est simplement une transmission d’humains à humains. Il y a quand même des sujets qui nous tiennent à cœur comme l’écologie ou l’anti-militarisme. Mais on n’a pas de réponse à apporter, on veut juste questionner les gens qui écoutent nos morceaux.
Léa :  Dans nos chansons on parle de nous, de ce qu’on ressent. En fait, nos paroles, c’est à nous qu’elles s’adressent. Ce ne sont pas des chansons à message.

Comment qualifieriez-vous l’état de la scène rock actuelle ? Que comptez-vous y apporter ? 

Élouan : Je trouve qu’il y a un problème actuellement. Il y a un vrai combat major/indé. Les majors passent partout depuis vingt ans, aucune prise de risque n’est acceptée donc les démarches intéressantes se retrouvent en indé. J’ai vu récemment une interview d’Alan Moore, un scénariste de comics que j’apprécie, et j’ai trouvé assez pertinent ce qu’il disait : toute culture a besoin d’une contre culture. Aujourd’hui, on revisite beaucoup de choses qui ont déjà été faites,  il y a stagnation de la culture. Ce qu’on écoute à la radio c’est de la soupe. On n’a pas de groupes derrière lequel se rallier en se disant “Ça c’est la rébellion à la musique servie par la radio”. Mais on est trop jeunes encore pour ça. Notre objectif  c’est de devenir plus pro, faire plus de concerts. Après on verra. Mais le courant musical actuel est en fin de vie et j’aimerais qu’on soit les instigateurs d’un nouveau courant.
Titouan : Je suis d’accord, il n’y a pas de contre courant de la soupe, il y a une place à prendre. En plus la société est en crise,  il y a un côté rébellion qui peut marcher.  Je tiens quand même à dire que je ne vois pas le monde de la musique comme un édifice auquel il faut apporter sa pierre.  On s’intéresse à notre musique, on considère notre pierre plus que l’édifice. On ne tient pas à faire partie d’une case. Tout ça c’est avant tout pour nous, si ça plait tant mieux mais ce n’est pas le but premier.

©Akenofu

On pense souvent à l’état d’esprit sexe, drogue et rock’n’roll. Cliché ou pas tant que ça ? 

Titouan : C’était vrai le siècle dernier avec Led Zeppelin par exemple mais maintenant c’est cliché. C’était un message de transgression valable à l’époque. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de rappeurs qui se droguent par exemple.
Élouan : En plus ça ne s’adapte pas à tous les styles de rock. Pour le black métal par exemple ça ne colle pas du tout. C’est assez ringard comme vision du rock.

Enfin, quels sont vos projets à court et long terme ? 

Titouan : Avec le confinement, on est bloqués, ça nous rend chèvre d’être en stand by ! Dès que ce sera fini, on enregistrera deux nouveaux morceaux et faire le plus de concerts possible.
Élouan : Je pars à Strasbourg en septembre, il faut qu’on ait une discussion par rapport à ça. Je voudrais sortir un EP. Ça risque d’être un peu compliqué mais on va y arriver !

Découvrez le morceau Mr. Hole de Remains ici.

Propos recueillis par Lisa Behot 

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