June Anderson – Rencontres musicales de Puteaux
Alors que viennent de disparaître tour à tour deux des plus grandes sopranos que le monde ait connu (Joan Sutherland et Shirley Verrett), il en reste une sur qui l’on peut compter : June Anderson. Cette Américaine, qui a débuté sa carrière à l’âge de 17 ans, a fait le tour du monde et a foulé les planches de toutes les plus grandes salles d’opéra. Elle incarne les années 80 à la perfection, la sobriété dans sa stature la plus stricte et le chant dans son respect le plus total. Sa méthode peut apparaître dépassée mais reste aujourd’hui source d’inspiration pour nombre de jeunes chanteurs. Pour s’en faire une idée, il faut plonger dans les méandres de You Tube et découvrir à l’aveugle les rares vidéos où l’on peut l’entendre chanter des airs comme Casta Diva, tiré du Norma de Bellini avec délicatesse et discrétion. Sa dernière apparition en France fut lors de sa tournée en 2008 avec Aix, Bruxelles, Bordeaux et Paris à la Salle Pleyel. Il fallait donc se précipiter à Puteaux en ce 13 décembre 2010 pour retrouver celle qui offrit au monde entier de somptueuses Semiramis, Desdemona, Femme du lac chez Rossini ou encore en tant que Somnambule chez Bellini.
« Le temps mûrit toutes choses »
Comme chacun sait, le temps passe, le visage se fane et la voix se durcit avec l’âge. Heureusement, June Anderson garde en elle une vitalité sereine et posée. Malgré les mauvaises conditions présentes lors de son dernier récital à Puteaux (piano à la sonorité discordante et absence d’acoustique), le public a pu entendre une June Anderson quelque peu fatiguée (ou énervée) mais qui réserve encore de bonnes surprises. Accompagnée au piano par le talentueux Jeff Cohen (chef de chant, compositeur de musique de films, pianiste, chef d’orchestre), la soprano a pris un certain temps avant de s’imposer lors de la deuxième partie avec l’air mélancolique mais si réussi Assisa al piè d’un salice tiré de l’Otello de Rossini ainsi que dans son premier bis Oh moi babbino caro de Puccini. Le résultat était émouvant : une sorte de retour dans les années 80 dans une salle qui comptait certains de ses plus grands fans français.
Les rencontres musicales de Puteaux
Depuis 2008, les Hauts-de-Seine présentent des rencontres musicales initiées par le chef d’orchestre Marco Guidarini. Cette année, hommage à Bellini qui vécut et mourut dans la ville de Puteaux où se tient le festival. Par conséquence, le programme est axé sur le Bel Canto comme le démontre le récital et la master class de June Anderson mais aussi le premier concours International de Bel Canto Vincenzo Bellini où des futurs talents devront faire leur preuve devant un jury présidé par Alain Lanceron, président de EMI et Virgin Classics.
Du 13 au 18 décembre, les Hauts-de-Seine se tournent donc du côté du classique, alors profitez-en !
Edouard Brane
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