Rain 2 – De Keersmaker – Palais Garnier
Course effrénée à la vie, hommage à la pluie rafraîchissante, explosion de joie dans un décor épuré, voici en quelques mots, le ballet d’Anne Teresa de Keersmaeker, chorégraphe belge, qui se produit d’ordinaire au Théâtre de La Ville. 10 danseurs dont 3 hommes et 7 femmes, autant de figures et combinaisons possibles dans un cercle orangé, fermé dans sa partie arrière par un rideau de cordes suspendues et serrées. Les corps s’appellent et se repoussent, se touchent, s’étreignent et s’abandonnent. Ils roulent et glissent au sol, ou s’élèvent, portés, comme élus, dans des mouvement naturels ou saccadés en s’affranchissant de de la musique de Steve Reich.
Les costumes, seyants, fluides, unis, couleur sable, pêche, ou rosé de Dries Van Noten, épousent ces corps en mouvement. Ils flottent, se soulèvent, dévoilant les poitrines des jeunes femmes. Au point d’acmé, un rose pétillant inonde la scène de manière spectaculaire.
On notera quelques clins d’oeil à ses chorégraphies passées. D’aucuns répète à l’envi un mouvement jusqu’à l’accident, l’imprévu. Le fameux pas de Fase, semble esquissé par deux jeunes femmes dont les physiques, les robes rappellent les deux danseuses. Une partie du corps est le moteur du mouvement. La tête part en arrière entraînant par son poids le corps, un déhanchement, une main, une épaule, ou parfois un heurt. Les dix danseurs viennent régulièrement à l’avant-scène comme pour se ressourcer, et semblent presque défiler. Ils échangent entre eux pour se soutenir des regards bienveillants. Difficile de saisir un récit dans cette célébration de la vie dont tous les éléments naturels sont réunis. Les envols et les chutes fréquentes évoquent l’air et la terre, l’enthousiasme et la vivacité, le feu, ils semblent danser sous l’eau, ivres de bonheur. La danse est bien l’expression la plus naturelle de cette joie profonde.
Brigitte Lefèvre peut être satisfaite de son choix : les spectateurs de l’opéra sortent enchantés après avoir applaudi le spectacle à tout rompre.
Marie Torrès
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