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L’or du rhin – New York Metropolitan Opéra

10 octobre 2010
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On était loin d’être d’accord avec Gerard Mortier dans son ouvrage Dramaturgie d’une passion. Et pourtant, force est de constater qu’il a en partie raison lorsqu’il affirme que 95% des spectateurs (des retransmissions d’opéra dans les salles de cinéma) sont des habitués de l’opéra. Il suffisait de compter le nombre de jeunes de moins de 26 ans pour s’en rendre compte en cette soirée du samedi 9 octobre 2010 à Paris au Gaumont Opéra. A l’heure où les nouvelles technologies numériques font des miracles et ouvrent les ports au plus grand nombre, il est dommage de voir trop souvent le même public.

Programmer une seule projection d’un opéra qu’il faut réserver très longtemps en avance revient au même que d’essayer de trouver une place d’opéra : ce qui est rare est cher mais aussi difficilement accessible. Aller au cinéma pour voir un opéra, c’est bien, mais lorsqu’il y a plusieurs séances c’est mieux. Evidemment, tout a un coût et pose forcément des problèmes de rendement. A la vue de la salle complète ce samedi soir, force est de constater que cela fonctionne.

Espérons donc qu’un jour, un cinéma osera programmer non pas une mais plusieurs retransmissions d’un même opéra.

Avant le spectacle…

Mais intéressons-nous à cette nouvelle production venue de New York en (soi-disant) life retransmission. Alors que le public est sous tension, le « maître de cérémonie » apparaît soudain à l’écran : le directeur de l’opéra de New York, Monsieur Peter Gelb en personne. Ceux qui aiment l’attitude positive des américains et leur énergie sont comblés. Mais était-ce nécessaire de montrer par la suite un extrait du making-of de la production de L’Or du Rhin avant sa retransmission ? On reste partagé… Trente minutes plus tard avec entre-temps une interview de Bryn Terfel alias Wotan dans les coulisses du MET, le spectacle peut enfin commencer.

met… pendant le spectacle.

En terme de nouvelle technologie, le metteur en scène canadien Robert Lepage semble être le maître à penser. Ses mises en scène baignent dans les effets spéciaux à l’image de sa Damnation de Faust de Berlioz. Pour L’or du Rhin, il a dépassé tout entendement en faisant fabriquer une machine « scénique » au Québec pesant 42 tonnes et avoisinant les 15 millions de dollars. On était donc extrêmement curieux de découvrir son utilité. Au final, quelle désillusion… Avec ses 24 panneaux mobiles et ses hologrammes sensoriels, le dispositif n’apporte rien de neuf et ennuie plus qu’il ne fascine. Malgré quelques bonnes idées comme le passage de Wotan et Loge entre le monde des dieux et le Nibelheim et la montée finale vers le Valhalla, le spectateur s’ennuie face à des personnages immobiles, qui glissent, gravitent ou « volent » en apesanteur. C’est maigre devant le livret riche et intense de Wagner. Aurait-on eu une autre vision si l’on avait été dans la salle même ? Cela reste à voir. La question se pose, même si le MET offre une excellente captation avec une image parfaite et une qualité sonore inouïe (surtout pour les voix).

La mise en scène de Robert Lepage dans son désir de vouloir faire plaisir au plus grand nombre (traditionnalistes et modernistes) incite à penser qu’il vaut mieux au final pencher d’un côté ou de l’autre.  A ce titre, la mise en scène de Gunter Kramer (présentée l’an dernier à l’opéra Bastille) offrait une vision plus contemporaine et plus intense avec ses géants commandos, ses dieux bodybuildés et son loge clownesque. Cependant, la production du MET permet d’entendre un excellent Alberich en la personne de Eric Owens, volant presque l’affiche aux autres chanteurs.

Edouard Brane


Retrouvez l’article en intégralité sur www.cinedouard.com.

 

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