Le Freischütz – Weber – Opéra Comique
Avec Der Freischütz (1921), Carl Maria Von Weber s’impose comme un précurseur en donnant naissance à l’un des tous premiers opéras romantiques allemands. Que vient donc faire cette œuvre au sein de l’opéra comique allez-vous dire…
Après son immense succès, l’Opéra de Paris décide en 1841 d’établir une version française confiée à notre Berlioz national. Le résultat est à la hauteur des espérances et c’est précisément cette version qui nous est présenté aujourd’hui salle Favart sous la baguette du maestro Sir John Eliot Gardiner. Le résultat en est plus que réjouissant grâce à une direction orchestrale qui se situe davantage dans la veine de l’opéra français et italien du XVIIIème siècle que dans le registre wagnérien que l’on a coutume d’entendre.
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Des anglais pour un opéra allemand traduit en français
A l’heure où certains de nos politiques souhaitent se retirer de l’Europe, l’Opéra-Comique livre un atout pro-européen avec cette production du Freischütz. Œuvre allemande, traduite en français, il est étonnant de voir ici une équipe composée majoritairement d’anglo-saxons. L’idée n’est pas mauvaise, surtout quand on connaît l’amour que porte Gardiner pour l’opéra français. En revanche, la mise en scène du francophile Dan Jemmett laisse à désirer dans son aspect comique au détriment du côté fantastique réussi. Pour le plus grand bonheur de Jérôme Deschamps, l’action se situe au sein d’une foire dans une Allemagne friedrichienne provençale. C’est gentil et charmant au départ, bien avant que la partie de la Gorge-du-Loup réussisse à vous prendre aux tripes. Cet univers angoissant est magnifié par une lumière verdâtre et par l’apparition petit à petit de multiples troncs d’arbres dont les épines pointues rappellent celles de la Rose, symbole au combien chrétien et de pureté.
Mauvaises habitudes
Comment se fait-il que le public parisien soit aussi mal discipliné ? Quintes de toux, strapontins violemment rabattus durant le spectacle, sorties impromptues… c’est à croire qu’il réside chez nous un manque de respect total pour les artistes présents sur scène. Stressés, on pouvait en effet les sentir à l’image du ténor Andrew Kennedy lors de sa première apparition scénique et dont la physionomie colle parfaitement à Max, son personnage. Le canadien Gidon Saks est quant à lui à son opposé : grand, grave et profond, sa voix maléfique jaillit des ténèbres les plus obscures. A ses côtés, l’acteur Christian Pélissier incarne un Samiel plus que redoutable, le genre de Monsieur Loyal que l’on n’aimerait pas croiser avec ses enfants au cirque ! Sophie Karthäuser et Virgine Pochon prouvent de leur côté à quel point elles sont toujours de talentueuses mozartiennes. The Monteverdi Choir et l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique apportent quant à eux une fraîcheur de circonstance à cette œuvre si emblématique dont le passage des chasseurs est décidemment un grand moment, même entonné en français. « Plaisir de la chasse, que rien ne surpasse, redouble l’audace qui brûle en nos cœurs ! »
Edouard Brane
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