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Cosi fan tutte – Salle Pleyel

29 septembre 2010
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Une version concert d’un opéra peut être ennuyeuse et statique (on repense au Giulio Cesare de Haendel donné l’année dernière à Pleyel). Mais quand il s’agit d’une association entre Mozart et le chef d’orchestre René Jacobs, on peut être sûr de ne pas s’endormir ! Ce fut à nouveau le cas ce lundi 27 septembre à la Salle Pleyel. Jacobs aime mélanger les registres, passant du comique au drame en livrant un zest de tristesse et de mélancolie. C’est la clef de sa direction. Il en a donné la preuve grâce au succès de ses enregistrements avec Cosi fan tutte, Les Noces de Figaro, Don Giovanni, La Clémence de Titus et en octobre prochain La Flute enchantée.


Pour cette version concert de Cosi fan tutte, la Jacob’s team était au rendez-vous. Comme à son habitude, le chef d’orchestre a fait appel à une équipe de nouveaux talents qui semble ne plus le lâcher. Il en est de même du Freiburger Barockorchester, judicieusement très applaudi par un public qui semblait ravi de sa soirée. Il faut dire qu’au vu de leur énergie et de leur passion, les musiciens étaient tout à la fois enchantés de suivre la partition de Mozart et d’écouter avec grande attention et émotion chacun des airs que compose ce dramma giocoso.


Jacobs surprend toujours là où on ne l’attend pas. Sa faculté à passer d’un passage vif et nerveux à une douceur onctueuse et posée sans forcément prévenir est impressionnante. Surtout, il a parfaitement saisi l’ironie qui règne dans la composition de Mozart et joue continuellement avec celle-ci. Sa direction peut agacer les plus traditionnels mais offre toutefois une modernité et un nouvel élan à la musique classique.


Tout cela ne fonctionnerait pas si les voix ne suivaient pas le même chemin. Ceux qui ont déjà pu voir en 2006 la production de Don Giovanni au Festspielhaus de Baden-Baden en savent quelque chose puisque on retrouve pour ce Cosi la (presque) même équipe.


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Tous ont su relever correctement le défi malgré quelques défauts à soulever. On notera ainsi que Marie-Claude Chappuis se sent plus à l’aise dans les airs allègres comme lorsqu’elle chante l’air L’amore è un ladroncello. Quant au ténor norvégien Magnus Staveland, on reste partagé. S’il éprouve quelques difficultés à s’imposer au début, il réussit toutefois à nous émouvoir, le passage Un’aura amorosa en étant le meilleur exemple. Sunhae Im déborde quant à elle (trop ?) d’énergie et fait une parfaite Despina tandis que Marcos Fink campe un meilleur Don Alfonso qu’un Leporello. Reste Johannes Weisser qui n’a plus besoin de faire ses preuves dans ce registre et qui explose lors de son air Donne mie, la fate a tanti. Pour terminer, Alexandrina Pendatchanska incarne une Fiordiligi toute en émotion et étonne dans son air Per pieta ben moi perdona de par sa capacité à jouer avec les aigus et les graves, exercice difficile que lui impose avec brio René Jacobs.


Notons enfin que cette version concert jouissait d’une mise en scène cocasse établie par le chef lui-même. C’est parfois sans décor et costume que l’on reconnaît de bons acteurs et la distribution s’en est bien sortie. Il faut dire que le livret de cette œuvre est parfait pour une version concert, ce qui nous fait rappeler son côté intimiste et fragile.


Que l’on aime ou non le travail accompli par René Jacobs, on ne peut que le féliciter à nouveau pour son désir de bousculer les conventions et d’être particulièrement expressif. Sa direction permet de mieux saisir les nuances qui peuvent résider dans une partition et de toucher d’avantage l’auditoire. On comprend mieux pourquoi Cosi fan tutte lui est si cher.


Edouard Brane



Così fan tutte – Freiburger Barockorchester – Coro Gulbenkian – René Jacobs
Version de concert

Lundi 27 septembre 2010 à 19h


Freiburger Barockorchester
Coro Gulbenkian
René Jacobs : direction
Alexandrina Pendatchanska : Fiordiligi
Marie-Claude Chappuis : Dorabella
Sunhae Im : Despina
Johannes Weisser : Guglielmo
Magnus Staveland : Ferrando
Marcos Fink : Don Alfonso

Programme
Wolfgang Amadeus Mozart
Così fan tutte
version de concert
Livret de Lorenzo da Ponte
Acte I
Entracte
Acte II


Salle Pleyel
252 Rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

www.sallepleyel.fr

 

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