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PETiTOM : “Être artiste, c’est être au service des gens”

Sarah Chollet 14 février 2024
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PETITOM

Tommy Tremblay, mieux connu sous le nom de PETiTOM, est un artiste québécois aux multiples facettes. Auteur-compositeur-interprète, chorégraphe, danseur et acrobate pour le Cirque du Soleil, il sait tout faire. Alors que les Québécois le connaissent depuis déjà 10 ans, notamment pour son talent en danse, on le découvre en France depuis peu grâce à son rôle de Molière dans Molière, l’Opéra Urbain, la dernière création de Dove Attia.

Rencontre avec cet artiste solaire et talentueux.

Tu as choisi comme nom de scène “PETiTOM”. Qu’est-ce qu’il signifie pour toi ?

Pour moi, PETiTOM, c’est revenir à l’essentiel de ce qu’est l’être humain, de ce qu’est un enfant. C’est de voir la vie avec l’esprit et le cœur d’un enfant. 

Tout le monde souhaite grandir rapidement. En tant qu’artiste, je trouve que la plus belle chose c’est de rester un enfant, de rester curieux, de vouloir apprendre. À travers PETiTOM, je souhaite continuer à apprendre, à être jeune et à ne jamais être à l’étape où je sais tout. Voir les choses en petit, voir la grande montagne à escalader, mais aussi voir les petites marches à gravir pour arriver au sommet.  

C’est aussi se permettre de faire encore des erreurs et de continuer à apprendre. Essayer de nouveaux trucs. C’est ça pour moi PETiTOM.

© Kévin Millet

Tu es un artiste pluridisciplinaire, tu sais tout faire : le chant, la danse, la comédie, le cirque… Comment as-tu acquis ces compétences diverses ?

Tout a commencé par la danse. Quand j’étais en primaire, j’ai vu un de mes amis faire des freezes de breakdance en classe. Moi qui faisais beaucoup de sport, je trouvais ça trop cool. Et en plus, de le faire avec la musique, c’est génial. C’est comme ça que je me suis mis à faire tout ce qui était acrobatique comme le breakdance… C’est comme si je chantais et que mon corps était mon instrument de musique.

Sinon je n’ai pas vraiment fait d’école pour apprendre. Juste un an de chant classique au lycée pour perfectionner mon art et savoir bien comment chanter.

À 16 ans, j’ai fait une télé-réalité au Québec qui s’appelait Mixmania. Ça ressemble un peu à Popstars ou la Star Ac’. On est 4 filles et 4 garçons, filmés dans un appartement et on perfectionne notre chant et notre danse avant de partir en tournée.
C’est ce qui m’a donné le goût du métier parce que tu es à l’œil du public et tu deviens célèbre. Quand que tu goûtes à ça, tout ce que tu veux faire, c’est de poursuivre et de continuer à t’améliorer.
Quand Mixmania s’est terminé, je me suis lancé dans la musique. J’ai aussi continué la danse dans des compétitions, pour des artistes, pour le Cirque du Soleil…

J’ai tout appris au fur et à mesure, de contrat en contrat. Je me mets à fond dans mes projets et j’ai pu développer mon art vraiment en autodidacte. 

Si tu devais choisir une seule discipline parmi toutes celles que tu pratiques, ça serait la musique ?

Oui, c’est mon premier amour. J’aime la danse et le théâtre mais je préfère être une personne qui partage des messages, qui discute de trucs. J’adore prendre un sujet, le décortiquer, essayer de le faire comprendre aux gens et qu’ils se l’approprient. Je trouve qu’en danse tout reste très abstrait. Être capable de passer des messages et moi-même comprendre comment je me sens à travers des mélodies, à travers les mots que j’écris, c’est encore plus fort. J’adore écrire la musique. Ça me fait bouger, ça me fait pleurer, ça me fait danser. 




“Quand j’ai eu le rôle et hyper content mais j’ai aussi ressenti une énorme pression et de la peur.”

Tu es actuellement à l’affiche de Molière, l’opéra urbain. Pourquoi as-tu choisi de participer à ce projet ? Qu’est-ce qui t’attire particulièrement dans cette production ?

Déjà, j’adore les comédies musicales de base. Et quand on m’en a parlé, j’ai été attiré par le côté rap, musique et urbain. Ça a piqué ma curiosité. Ça faisait deux ans que je faisais des allers-retours à Paris pour la musique et quand on m’a demandé de faire le casting, j’ai accepté, car ça rejoignait tout ce que je savais faire : danse, rap, chant et jeu.

J’avais fait Mamma Mia!Footloose au Québec et ce sont des chansons qu’on aime bien, déjà connues, mais là, c’était une pure création. Le fait de pouvoir créer un spectacle avec des gens en France, tout ça a vraiment, vraiment piqué ma curiosité. Et Dieu merci, c’est l’un de mes plus beaux projets à vivre en ce moment. 

Si ça avait été une comédie musicale plus classique, tu l’aurais quand même faite ?

Ouais, je crois. Moi, j’ai une règle, c’est celle des 3P. Tu as des personnes avec qui tu travailles, tu as le projet et tu as la paye. Si 2P sur 3 sont intéressants, tu le fais. De plus, je suis un gars d’équipe, donc des projets comme ça, d’un ou deux ans, ça vaut toujours la peine de se lancer. Il y a toujours des trucs à apprendre. Je suis quelqu’un qui apprend en faisant donc du coup, même si le projet ce n’est pas le projet de l’année, il y a toujours des trucs à prendre, qui t’amènent vers un truc encore plus grand. 




Ce n’est pas un peu une pression de représenter Molière en tant que Québécois ? 

Quand j’ai eu le rôle, j’étais hyper content mais j’ai aussi ressenti une énorme pression et de la peur. Parce que je voulais être à la hauteur. Au Québec, on n’a pas cette culture de Molière, on connaît le personnage, l’artiste, mais on n’a pas la même approche qu’en France.

Je pense que ce qui me stressait le plus, ce n’est pas l’œil du public, ce n’est pas de me dire “Est-ce que le public va m’accepter en tant que Molière ?” mais, c’était d’arriver à convaincre la troupe que je suis le meilleur Molière possible. La première journée de lecture avec la troupe, j’étais tellement stressé que je glissais de ma chaise à cause de la  sueur. Je voulais vraiment faire attention à mon accent québécois. J’étais avec des gens qui ont fait le conservatoire de théâtre, qui ont une carrière de ouf. Les gens ne me connaissent pas, je suis chanteur, j’ai fait un peu de théâtre mais c’est tout. Donc la première fois ça a été vraiment stressant.

Mais au fur et à mesure, la troupe a vu mon sérieux, le travail et les sacrifices que je faisais pour le rôle et ils ont été convaincu. J’étais en confiance et ça marchait. C‘est un peu comme l’histoire de Molière. Il était soutenu par sa troupe et je pense que c’est ce qui s’est passé aussi pour moi. La troupe a accepté qui j’étais. 

Ce n’est pas ta première comédie musicale, tu as fait Mamma Mia!, Footloose. As-tu pu partager ton expérience avec les autres membres de la troupe ?

Je ne suis pas ce genre de mec à donner des conseils, mais je suis plus le genre de mec à faire ce que je sais faire et les gens prendront exemple s’ils ont envie de prendre exemple. J’aime mieux qu’on s’inspire les uns des autres par notre façon d’être, notre manière d’agir que de dire “tu devrais passer comme ça”, “tu devrais faire ça comme ça”. On s’entraide. Il y a un truc à apprendre de tout le monde. Et ce projet-là est là pour ça aussi, autant pour le groupe, personnellement, on évolue ensemble. 

© Tommy Tremblay

Molière, l’Opéra Urbain attire beaucoup l’intérêt du public étranger. Comment vous percevez ça avec toute la troupe ? 

Moi, je trouve ça magnifique. Je suis hyperactif sur les réseaux. L’intérêt à l’international, c’est vraiment grâce à Tik Tok, à Instagram, aux réseaux sociaux. On peut partager, on peut montrer aux gens ce qu’on fait.

Je me rends compte que tout le monde connaît un peu Molière, tout le monde a entendu son nom, surtout la société occidentale. Après chaque représentation, il y a toujours des personnes de Pologne, de Roumanie, d’Ukraine, d’Italie même des États-Unis qui viennent nous voir. C’est fou, parce que le spectacle est en français et que, peut-être, ils ne le comprennent pas, mais c’est la magie musicale, l’engouement créé à travers les réseaux sociaux qui les a attirés.

Selon moi, les réseaux, c’est pour partager avec les gens et ne pas seulement montrer sa vie. Et en ce moment cette formule de partager tous les jours les backstages, etc, bah, ça fait que les gens viennent voir le spectacle. Et je compte continuer parce que l’espèce de tournée mondiale, moi, c’est mon petit rêve d’enfant.  

Et à ton avis, pourquoi le public étranger est attiré par le spectacle ?

Premièrement, parce qu’ils voient les performances. Je pense que mon salto a beaucoup fait parler. Moi, je ne me rends pas compte parce que je suis habitué à le faire. C’est mon taf. Et en France, il y a pas beaucoup de personnes qui font ça, chanter, danser, salto et jouer.

Je pense qu’en quelques vidéos, les gens peuvent remarquer la qualité de talent qu’on a sur le spectacle. Autant vocal que danse que les décors et ensuite ils s’y s’attachent. Ils voient aussi la cohésion de groupe qu’on a, l’amour qu’on se porte et les gentilles personnes qu’on est. Je pense que les gens veulent faire partie de ce mouvement et de cette “famille”. Ils savent que ce n’est pas éternel parce qu’au final dans cinq ans peut-être ça n’existera plus.
Je pense que c’est aussi grâce à Dove Attia, toutes ses créations ont traversé le monde.

Je pense que ce qui attire les gens à venir nous voir c’est la cohésion de groupe, le talent et les chansons entrainantes qu’on a sur le spectacle.

© Tommy Tremblay

Tu as hâte de partir en tournée ? 

J’ai tellement hâte. Ça fait quelques mois qu’on est au Dôme de Paris donc on a le sentiment d’être à la maison. J’adore être en tournée, j’en ai fait plusieurs au Québec autant en danse qu’en musique. Il y a un sentiment comme si on partait en vacances, en bus ou en train, alors qu’on va performer.

Ça va être aussi un tout autre spectacle, une toute autre énergie. J’ai hâte de rencontrer les gens aussi parce qu’à Paris, on commence à connaître un peu les gens qui reviennent, mais avec l’engouement que je vois sur les réseaux sociaux pour la tournée, je pense que ça va être fou, j’ai hâte !

© N.ROBIN

Le public québécois te connaît depuis environ 10 ans. Pourquoi avoir choisi de venir en France développer ta carrière plutôt que de rester au Québec ?

Si je parle pour moi en tant qu’artiste, j’ai l’impression que mon âme meure petit à petit quand je commence à être dans une zone confortable. Il y avait toujours des nouveaux trucs à faire au Québec, mais j’avais besoin d’un gros changement. Je sentais que je tournais un petit peu en rond, les mêmes contrats, enfin les mêmes spectacles et tout. Je n’avais pas tout fait, mais j’avais vraiment envie d’un énorme clash.

Après le Covid, j’ai commencé à contacter des gens sur les réseaux sociaux et mon manager, Arnaud Schuman, m’a aidé à rencontrer des gens comme Aziz Baki qui est directeur artistique, chorégraphe de Mylène Farmer, Gims, c’est un directeur artistique, sur The Voice en ce moment. Il est aussi danseur donc on s’est très bien entendu et on a travaillé ensemble. Cette période était compliquée, mais je travaillais beaucoup. J’ai senti que mon art avait pris un deuxième souffle quand j’étais hors de ma zone de confort, avec des gens que je ne connais pas, dans une ville que je ne connais pas. C’est à ce moment que j’ai compris ce qu’il faut faire en tant qu’artiste, c’est de sortir de sa zone de confort, se mettre en danger. C’est là que l’artiste prend vie.

Au final, être artiste, c’est être au service des gens, c’est d’être une espèce de véhicule à émotion pour les gens. On est tous artiste en soi, mais, en tant qu’artiste, on est capable de décortiquer un sentiment qu’on peut avoir, en parler, le chanter pour que les gens par la suite puissent s’approprier la chanson et comprendre comment eux, ils se sentent. Si je ne me mets pas en danger et si je me, je ne crée pas une histoire, une vie intéressante, j’ai pas assez de choses à raconter.

Pour moi, c’est important d’aller se mettre en danger, d’aller vivre ailleurs, d’aller vraiment explorer de nouveaux horizons, dire bye à des anciennes relations pour en écrire de nouvelles. De créer un énorme boom dans ma vie pour être capable d’écrire sur mes expériences et en ce moment, c’est que bénéfique. Donc je ne regrette pas ce, je ne regrette pas ce changement de vie. 

© Kevin Millet

Les rencontres sont-elles importantes pour forger un parcours ?

Oui, vraiment. Tu pourrais être le mec le plus talentueux au monde, si tu ne vas pas à la rencontre des gens ça va être compliqué.

J’écris mes chansons seul, mais je travaille quand même avec d’autres auteurs. Je fais mes maquettes de chansons, je produis à la maison ma musique et après ça, je vais quand même travailler avec un réalisateur pour peaufiner les trucs. J’ai mon plan marketing dans ma tête, mais je vais le retravailler avec mon manager. Je fais tout en équipe, parce que seul on avance trop lentement.

La vie est faite pour partager avec les gens. Je pense qu’on a tellement à apprendre des autres, à apprendre de nous-mêmes par rapport aux autres aussi. Il y a des gens qui réussissent à y arriver tout seul. Mais moi, je prends vie quand je fais des rencontres.

Tu as donné à ton fandom, le nom d’allié, qu’est-ce que ça représente ?

Être allié pour moi, c’est un truc fort. On se soutient, on est allié, on est ensemble, peu importe quoi, on avance ensemble. Cette carrière, je ne le fais pas pour moi. Oui, c’est mon truc de faire de la musique, mais pour moi, c’est autant aller à la rencontre des gens de créer des liens que de faire de la musique.
Quand tu vois qu’il y a des gens qui écoutent ma musique et qui comprennent exactement ce que je ressens, c’est touchant. On s’est compris, on est allié.
Et je trouve que c’est hyper fort surtout dans ce monde d’aujourd’hui.

J’ai aussi écrit une chanson qui s’appelle Alliés et qui parle de la vie difficile qu’un artiste peut avoir, de ses doutes, de la peur, de la fatigue… et que malgré tout, il peut toujours s’en remettre à ses “Alliés”, se sentir épaulé. J’ai trouvé mes “Alliés”, mon équipe, et grâce à eux, je peux continuer !




Si tu devais décrire ton style musical, tu le décrirais comment ?

Mystique, je dirais. J’aime beaucoup les “choirs”, les chants grégoriens, tout ce qui a un côté plus spirituel. Je veux unir les gens, les rassembler. Sinon plus musicalement, plus hip hop, car j’ai quand même grandi avec la pop. Je ne veux pas dire urbain, mais peut-être aussi.

À part les “3P”, as-tu une autre devise de travail ?

Ma devise de travail, c’est de toujours rester ouvert. Comme le PETiTOM que j’expliquais, c’est de garder la curiosité, de toujours vouloir apprendre, se dire qu’on peut toujours faire plus et d’apprendre ce qu’on a envie d’apprendre. D’être toujours ouvert aux gens et aux projets dans lesquels on s’investit. Rester ouvert d’esprit, communiquer et jamais se prendre au sérieux. Si un artiste se prend au sérieux, c’est sa fin.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2024 ? 

J’ai hâte de sortir mon album à moi, d’aller en tournée avec le spectacle et surtout de continuer à créer un lien très fort avec le public. Pas juste à travers le spectacle, mais aussi à travers ma personne, ce que je transmets, ce que je donne à travers les réseaux.

Je souhaite explorer et exporter mon projet. Faire du bien aux gens avec ma musique, que cela soit en France ou dans le reste du monde. C’est mon rêve depuis petit. 

Écoutez le 1er EP éponyme de “PETiTOM” et sur YouTube. Retrouvez-le sur les routes de France avec le spectacle Molière, l’opéra urbain. Retrouvez-le aussi sur les réseaux sociaux @petitom_official

Propos recueillis par Sarah Chollet

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