Parsifal – Daniele Gatti – Théâtre des Champs-Élysées
Le théâtre des Champs-Élysées continue sa saison d’opéra en version de concert. Vingt-sept opéras ou oratorios sont ainsi donnés cette année dont trois opéras de Wagner : Tristan dimanche prochain et la Walkyrie fin avril. Cette façon de découvrir ou redécouvrir ces oeuvres a un intérêt particulier pour les mélomanes qui peuvent voir l’orchestre là où habituellement il est caché dans la fosse.
Dernier opéra de Richard Wagner, ce « Bühnenweihfestspiel » (festival scénique sacré) contient, notamment à la fin du premier acte et au milieu du troisième, de longues séquences méditatives dont l’absence de représentation théâtrale peut éventuellement perturber la perception, mais l’écriture orchestrale est tellement magnifique que pas un instant l’attention ne se perd.
L’orchestre national de France est installé très profondément sur le plateau. Seuls les premiers rangs de violons, et les harpes de part et d’autre (pour un effet « stéréo » qui n’aura lieu qu’au final du troisième acte) dépassent sur l’avant scène. Le chœur est au fond et les chanteurs sont entre les deux, derrière l’orchestre. Il semble que se soit une habitude de placer les chanteurs aussi loin du public. Ce n’est pas toujours très heureux pour certaines voix qui manquent de puissance et l’on ne comprend pas très bien pourquoi ils ne chantent pas plutôt devant.
Le prélude sonne admirablement jusqu’à l’intervention des cuivres qui vont présenter des difficultés de justesse et de qualité de timbre occasionnellement le long des trois actes. Le quintette à cordes porte d’ailleurs l’ensemble de la représentation par sa qualité et son amplitude. Daniele Gatti dirige la partition par cœur. C’est très impressionnant. Il l’a dirigée à Bayreuth ces quatre dernières années, soit un total de vingt-quatre représentations, ce qui explique sa connaissance de l’oeuvre. Il n’a pas raté un seul départ. On peut même le dire : on l’a rarement vu aussi investi à la tête du National. Les musiciens l’ont d’ailleurs vivement applaudi à la fin du concert.
Kurt Rydl dans le rôle de Gurnemanz porte le premier acte. Sa grande maturité s’intègre bien dans son personnage.
Christopher Ventris est un Parsifal jeune, un peu léger, mais il a une belle présence. Mihoko Fujimura est un peu surprenante en Kundry. Le célèbre passage de l’acte 2 “Ich sah das Kind an seiner Mutter Brust” est assez peu réussi. Et pourtant elle chante à Bayreuth. Detlef Roth est un bel Amfortas, il semble pénétré par le rôle, mais il est peu puissant derrière l’orchestre. Andreas Hörl est trop léger pour être Titurel, et trop loin du public. Lucio Gallo est plutôt une bonne surprise en Klingsor. Ce n’est pas vraiment le caractère du personnage mais la voix est belle et puissante.
Notons également la belle qualité de la maîtrise de Radio-France. Le chœur d’enfants chante en coulisse au premier acte. Enfin, c’est un clavier numérique qui joue les cloches des premiers et troisième actes avec des sons échantillonnés. C’est un problème récurrent dans cet opéra, une petite déception.
Parsifal
Opéra en trois actes de Richard Wagner (1882)
Livret du compositeur, d’après le Parzival de Wolfram von Eschenbach
Christopher Ventris Parsifal
Mihoko Fujimura Kundry
Kurt Rydl Gurnemanz
Lucio Gallo Klingsor
Detlef Roth Amfortas
Andreas Hörl Titurel
Michael Laurenz, Robert Jezierski chevaliers
Manuel Günther, Andreas Früch écuyers
Julia Borchert, Katharina Peetz écuyères et filles-fleurs de Klingsor
Martina Rüping, Carola Guber, Christiane Kohl,
Jutta Maria Böhnert filles-fleurs de Klingsor
Daniele Gatti direction
Orchestre National de France
Chœur de Radio France direction Matthias Brauer
Maîtrise de Radio France direction Sofi Jeannin
Mardi 6 mars à 18h
Vendredi 9 mars à 18h
Coproduction Théâtre des Champs-Elysées / Radio France
Concert en allemand, surtitré en français
Tarifs : 110 // 90 // 60 // 35 // 10 et 5 €
Théâtre des Champs-Élysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
www.theatrechampselysees.fr
[Visuel : Enrico Nawrath]
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