Orelsan – hip hop heros masqué
Orelsan est un mec cool qui s’excuse d’être à la bourre, qui t’explique rapidement qu’il est en train de préparer les concerts qui font suite à la sortie de ce second album, avec dans les yeux quelque chose de malicieux, ce genre de regard de gosse émerveillé à l’idée de découvrir ses cadeaux le lendemain de Noël : « J’ai envie de faire plein de trucs de ouf sur la prochaine tournée, mais mon tourneur me calme un peu sinon je serais capable d’arriver sur scène en hélicoptère ».
On commande vite fait un verre et nous revenons sur la polémique qui avait entouré le single Sale Pute et les annulations de concerts un peu partout. « Le truc c’est que si aujourd’hui on m’en parle un peu moins, je sais que ça peut revenir à n’importe quel moment. Du coup, je fais peut être inconsciemment plus attention. Je te rassure c’est moins récurrent qu’à l’époque. Aujourd’hui, les gens voient surtout le fait que j’ai fait un album plutôt bon, c’est l’essentiel pour moi… »
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Un album plutôt bon qui vient d’être disque d’or il y a quelques jours, ça aurait de quoi gonfler l’égo de certains, mais pas le sien visiblement. La modestie serait-elle l’apanage des grands ? Un deuxième album qui visiblement semble mieux compris par le plus grand nombre même si Orelsan a toujours rappé de la même manière et s’étonne encore aujourd’hui qu’un titre comme Sale Pute écrit il y a plus de sixans puisse encore faire polémique.
En 2011, Orelsan maitrise mieux tout ça à commencer par les médias qui aujourd’hui l’invitent sur les plateaux de télé, pour avoir son avis. « Ce qui me fait rire dans tout ça c’est que tous ceux qui m’ont craché dessus à l’époque, me recroisent pour faire des interviews ou m’invitent pour participer à des émissions. A l’époque du premier album j’ai dû faire en tout et pour tout une dizaine d’interviews dont beaucoup pour des magazines de rap. Tu sais dans cette histoire je me demande même à quel point Ségolène Royal est partie prenante des annulations et tout ce qui à suivi. »
Pas rancunier pour un sous, il préfère évoquer sa rencontre avec Virginie Despentes une vraie féministe en adéquation totale avec son époque. « J’ai rencontré des feministes, pas du genre ‘Ni Putes Ni Soumises’ mais du genre des nanas qui sont de tous les combats depuis des années, et là franchement le débat était stérile. Avec Virginie même si on n’est pas de la même génération, on a au moins l’impression de parler des mêmes choses, d’être d’accord sur la société actuelle. Cette meuf a tout compris de ce qu’est un vrai combat féministe. »
La page rumeur tournée, on aborde le deuxième album après avoir recommandé des bières, Orelsan s’amuse du personnage mi fake mi gourou de RaelSan clin d’œil appuyé à la folie d’un certain chauve à natte, et nous parle de l’idée du masque noir derrière lequel il se cache tel un super héros : « Lorsque j’ai mis ce masque, j’ai eu l’impression que j’avais fixé une limite à mes détracteurs et que ce personnage masqué était tout simplement quelqu’un d’autre. Du coup mes chansons passaient mieux sous couvert d’être un pseudo héros »
On parle de mainstream et d’underground en se demandant si aujourd’hui tout ça à vraiment un sens. Il m’explique que son nouveau single Suicide Social est en rotation sur Skyrock . Un morceau pas des plus « cotillons et serpentins » mais qui résume pourtant assez bien la société actuelle. Un morceau qui malgré sa noirceur semble plus en adéquation avec Orelsan et peut être plus représentatif de ce qu’est sa vie à l’aube de ses 30 ans. « Le premier album parle de ma vie de mes 15 à mes 25 ans, celui-ci est vraiment proche de ce que je suis aujourd’hui. C’est plus facile pour moi de faire des plateaux télé pour parler de cet album, même si j’ai du mal à comprendre quand un mec comme Taddei m’invite pour parler de politique … Moi qui connais rien à la politique du coup c’est assez étonnant… »
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On constate qu’on revient à la politique et qu’on est surtout là pour parler de musique… Rires. Je recommande une bière lui non, et on aborde la place de la musique électronique dans ses chansons, et du featuring qu’il a fait il y a un peu plus d’un an avec Toxic Avenger. « J’ai toujours était intéressé par la musique électro. Déjà à l’époque de ‘sous influences’ j’utilisais des sonorités drum’n’bass. Sur un titre comme soirée ratée, on retrouve des beats plus downtempo plus dub aussi. Le morceau avec Toxic on l’a fait il y a déjà pas mal de temps sauf qu’entre le moment ou N’importe comment a été écrit et celui ou on s’est décidé à le sortir on s’est retrouvé dans une grosse vague électro à la David Guetta. Ce qui n’a pas empéché le single de plutôt pas mal tourner en radio. Pour moi ce featuring s’inscrit vraiment dans la lignée de ce qu’on font des artistes comme Kid Cudi ou Deezee Rascal. »
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Je lui avoue que je trouve son nouvel album plus sombre et plus dense, il m’avoue que lui aussi, qu’il voit plus souvent les choses négatives et que ça l’aide beaucoup à écrire, une certaine vision d’un mec de 30 ans peut être ?
On revient sur le morceaux Suicide social, je lui explique qu’il me fait penser à la réponse d’une génération 2.0 au Salut à toi des Berurier Noir. La comparaison lui plait assez et il m’explique qu’il était fan de cette joyeuse bande de punk circa 80. On parle rapidement de Joey Starr, autre punk à sa manière qui parle en bien de lui, du stress des concerts qui approchent et du fait d’être disque d’or, des élections présidentielles de 2012 pour lesquelles il ira très certainement voter. L’heure tourne on se quitte… Les têtes de cerfs et autres sangliers empaillés sont toujours accrochés au mur… Je verrai bien ça chez moi tiens.
Arno Byhet
Orelsan – Le Chant des Sirènes
3ème Bureau / Wagram
En concert les 14 décembre 2011 et 6 février au Bataclan
[Visuel : Orelsan (rappeur), Paris, 7 mai 2009. Auteur : Nicolas Esposito. Licence Creative Commons paternité 2.0 générique]
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