Opéra Comique – Saison 2011-2012
Comme chaque année, Jérôme Deschamps et son équipe ont convié les plus aficionados spectateurs de l’Opéra Comique afin de dévoiler leur nouvelle saison. En l’espace de quatre ans, cette prestigieuse institution au passé indissociable de l’histoire de l’opéra français a su redonner vie à un répertoire injustement oublié. Des détracteurs, il y en a eu à l’arrivée de Jérôme Deschamps en 2007 mais force est de constater que l’Opéra Comique a su se battre comme il faut pour s’imposer de nouveau comme un acteur incontournable du monde lyrique. Il ne faut pas oublier que c’est dans ce lieu prestigieux qu’a été créé Carmen de Bizet ou encore Pélleas et Mélisande de Debussy. Ainsi, c’est à chaque saison un véritable historique de l’opéra qui nous est proposé grâce à une sélection judicieusement préparée et éclectique. La saison 2011-2012 ne fera pas défaut à la règle malgré sa fermeture occasionnelle pour cause de travaux jusqu’à fin 2011. En outre, l’Opéra-Comique innove en faisant appel à la philanthropie individuelle, en décidant de créer son académie à l’automne 2012, en faisant voyager ses productions à travers le monde et en multipliant les coproductions avec les maisons étrangères.
Cinq nouvelles productions, une reprise
Plusieurs grands évènements sont à retenir. En premier lieu, il y aura en janvier Amadis de Gaule (1779), une tragédie lyrique de Jean-Chrétien Bach, unique ouvrage français d’un membre de la famille Bach. Une œuvre entre tradition et anticipation qui n’hésite pas à reprendre les ouvrages anciens de l’époque Lully pour les adapter au goût du jour. L’occasion permettra aussi d’entendre de nouveau le Cercle de l’Harmonie dirigé par le jeune Jérémie Rhorer.
En février, c’est un bond en arrière d’un siècle qui sera entrepris avec Egisto (1643) de Cavalli : du baroque à l’état pur. Travestissement, rapts, menaces, démence seront ainsi de mise. Pour cela, qui mieux que le tandem Vincent Dumestre/Benjamin Lazar pourraient aussi bien rendre l’esprit baroque dans une œuvre qui introduisit en France l’opéra à l’italienne sous Mazarin ? A noter aussi dans les fameuses Rumeurs un concert unique de Anna Caterina Antonacci, la soprano qui en transporta plus d’un dans le Carmen présenté salle Favart en 2009.
Mars sera le mois de la reprise avec Didon et Enée de Purcell dans la mise en scène de Deborah Warner sous la direction de William Christie déjà présenté en 2008. Bien que disponible en DVD, on peut vous assurer que rien ne remplacera une représentation live de ce court chef d’œuvre made in England. En marge, l’Opéra Comique initie un nouveau concert illustré avec L’opéra comique fait son cinéma : une leçon d’histoire cinématographique pour ceux qui désire en savoir plus sur l’histoire de cette salle mythique grâce à des archives Gaumont/Pathé.
On a du mal à y croire, c’est pourtant bien vrai : Wagner était un fan de l’œuvre de Auber, La Muette de Portici (1828). Se situant en plein dans le genre du grand opéra à la française, cet opéra révolutionnaire a la particularité de voir confier les premiers rôles à une danseuse et au chœur. Qui mieux donc que la tendancieuse Emma Dante pour s’occuper de la mise en scène ? On attend avec impatience en avril le résultat tout comme le récital de Véronique Gens consacré aux grandes tragédiennes. A noter aussi un spectacle improbable de La petite messe solennelle de Rossini vu par l’ensemble berlinois Nico and the Navigators (variante des Deschiens version allemande).
En 2010, nous avions découvert avec grande surprise la création de l’œuvre d’Oscar Strasnoy, Cachafaz. En 2012 cela sera l’ouvrage Re Orso, favola per musica de Marco Stroppa d’après un livret d’Arrigo Boito (fidèle de Verdi). Mise en scène par Richard Brunel, on est impatient de découvrir sa création qui ne manquera peut-être pas de faire échs au travail de Patrice Chéreau par la présence de Thierry Thieû Niang en tant que collaborateur aux mouvements. Un hommage sera par ailleurs rendu le 20 mai à Massenet à l’occasion des 100 ans de sa mort.
Pour finir l’année en beauté, l’Opéra Comique proposera Les pêcheurs de perles de Bizet, premier opéra du compositeur à peine âgé de 25 ans. C’est son maître Gounod qui l’aurait alors poussé à écrire ce drame d’amour dont le duo entre un ténor et un baryton Au fond du temple saint est l’une de ses plus belles compositions.
Edouard Brane
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