On A Slamé Sur La Lune – MPAA Paris
La maison des Pratiques artistiques amateurs de Saint-Germain des Prés (Paris) a été le théâtre de la présentation de leur nouveau projet, « En attendant Taratata », mis en images par Fred Ebami, graphiste du Collectif, dont l’exposition d’œuvres égayait les murs du hall de l’auditorium.
20h15 : ouverture des portes vers un voyage imaginaire, par delà les frontières, faisant tomber la barrière des différences.
Lumière. Show devant. La voix sucrée de Gasandji ouvre la soirée. Dans une salle pour le moment recueillie, ses mots d’or résonnent accompagnés des notes d’argent de Christophe Issélée à la guitare. Le ton est ainsi donné pour la suite du spectacle.
Le trio de ménestrels des temps modernes s’empare alors de la scène avec ses musiciens : Matthieu Nollet à la basse, Franck Deroy et Ismael Zizien grattant chacun leur guitare, et Rémy Castelain, spécialiste des percussions. Leur joie de se produire ensemble est palpable, partage d’amitié, d’amour de l’autre, de leur univers lunaire, avec un public attentif et en émoi, c’est parti.
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Trois heures de live vont ainsi s’écouler et les mots jouer des cœurs à corps. Des mots qui voyagent d’un micro à l’autre, d’un homme à l’autre, d’une culture à l’autre. Les frères d’âmes marchent dans les traces de leurs pères, de leurs pairs, de Nelson Mandela à Aimé Césaire, hors pair. Le verbe est essentiel, souligné par la musique, le texte est sérieux mais se laisse aussi parfois aller à des joutes verbales humoristiques, des jeux de mots dont ces poètes détiennent le secret. Car il faut laisser de la place à la légèreté au milieu de tous ces maux-dits à travers des textes de sang et de chants évoquant parfois les negro spirituals. Le peuple noir a souffert, le monde souffre mais les rêves et les espoirs sont bien présents avec des morceaux comme « Ne votez pas pour moi », « En attendant Taratata », « Décalé lunaire » et d’autres encore dont l’énergie musicale transporte la salle.
Les spectateurs décollent de leur siège, frappent dans leur main, oscillent sur les vibrations instrumentales, et pourtant semblent méditer lorsque les slameurs invités et venus d’ailleurs entrent en scène : Edgar Sekloka “Suga”, Ceptik, Maxsmith, Neggus, Diable MC, Maeva, et Nefta. L’atmosphère de la salle devient parfois pesante face aux textes qui claquent dans l’air, face à la profondeur des mots qui entrelacés les uns avec les autres composent une écriture engagée parfois dure à entendre. Moment intense lors du passage de Gael Faye qui préfère l’ombre à la lumière, son verbe n’en étant que plus fort (photo). Chacun accueille à sa manière ce que le poète slameur lui offre, lui clame ou lui murmure. Le poids des mots.
Le rythme de la soirée est parfaitement bien maîtrisé entre ces puissants intermèdes parlés et des morceaux solaires plus dynamiques entraînés par les voix riches d’émotion, parlée ou chantée, du Capitaine Alexandre, de Chancellor et de Manalone. La scène et le public ne faisant qu’un sur un « Brothers & Sisters » endiablé et entraîné par le chant volontaire de Chancellor. L’hommage à Claude Nougaro par Francis Lassus n’en demeure pas moins énergique. Et puis, la voix sensuelle et charmeuse d’Aina invite à la découverte de nouveaux rivages, douce transition vers un final haut en couleurs où le slam est une dernière fois mis à l’honneur, dans une version collective de plus de dix minutes, totalement improvisée.
Les artistes de On A Slamé Sur La Lune ont livré leur prose combat à travers une musique, écrin des textes, où les cultures se mélangent (folk, soul, blues, reggae, rock, afro punk, hip hop, roots…). Leur (ré)création musicale s’est transformée en scène live ouverte sur la lune, une scène slam improbable, bien vivante et vibrant aux interventions po-éthiques ou musicales des invités. Le texte secoue, entraîne la réflexion, fait sourire même rire, parfois pleurer, impossible de rester insensible.
Le Collectif s’inscrit ainsi dans une démarche d’éducation populaire et citoyenne avec pour ambition pédagogique de sensibiliser le public à la poésie et au dialogue des cultures. Pari réussi. Les artistes composant cette scène sont des « chasseurs de lune plutôt que des chasseurs de primes » dixit Capitaine Alexandre. Ils ont offert une généreuse promenade dans le parc de la vie. Une chaleureuse rencontre qui caresse le cœur, touche le corps, sensibilise l’âme. Demain sera…. Taratataaaa ! Continuez à slamer dans vos rêves et à danser avec les étoiles. Et s’il vous plaît…. « Slam me to the moon » !
Alexandra Ferrero
Set list : Je parle / J’ai fait un rêve/Enfants de la terre / Ne votez pas pour MOI / En attendant Taratata / Brothers & Sisters / A capella / Eclipse / La jeune fille aux semelles de vent / Rêvolution / Décalé Lunaire
Team lunaire : Capitaine Alexandre (voix), Manalone (voix), Chancellor (voix), Matthieu Nollet (guitare basse), Rémy Castelain (batterie, cajon, sanza, hang), Franck Deroy (guitare), Ismael Zizien (guitare) et Fred Ebami (graphic designer)
Artistes invités : Gasandji (chant), Christophe Issélée (guitare), Francis Lassus (guitare et chant), Aina (chant), Edgar Sekloka “Suga” (slam), Ceptik (slam), Gael Faye (slam), Maxsmith (slam), Neggus (slam), Diable MC (slam), Maeva (slam) et Nefta (slam)
[Crédits photo du bas : Alexandra Ferrero]
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