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On a rencontré Flavien Berger aux Nuits Secrètes

1 août 2019
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Les Nuits Secrètes, un festival hors du temps et de l’espace, où festivaliers et artistes se retrouvent durant trois jours. On y a été, on a dansé, chanté et rencontré Flavien Berger. 

Flavien Berger est un artiste français qui nous fait voyager de manière excentrique, narrative et délicate, avec une tendance à s’amuser avec l’expérimentation. Découvrez ce moment de partage et de belles histoires.

On te qualifie souvent comme excentrique et expérimental dans ta création, comment tu qualifierais ton style ?

Je ne sais pas si je pourrais, je fais plein de morceaux différents dans mes albums… Je pense que je pourrais parler morceau par morceau mais donner un style général, je ne sais pas si je pourrais.

Je ne sais pas si je définirais la musique en parlant de ça, mais dans mes textes je parle d’amour, de sentiments humains, soit à la première personne soit de l’extérieur. J’essaye de mettre des ambiances qui embarquent, tu peux te laisser porter par une ambiance comme si tu vivais la situation qui est racontée. J’aime bien les œuvres qui sont méta, les films qui parlent de films ou la musique qui parle de musique.

La musique, c’est un temps passé avec un morceau, un espace d’aller-retour entre une histoire qui est racontée et l’expérience de l’écoute. Ça crée des tourbillons de sens. C’est toujours un instantané de qui on est à un moment et de ce qu’on a envie de raconter, donc là, ma musique, c’est un instantané de qui je suis en ce moment avec mes capacités de réalisation et de production.

Avec Radio contre-temps, qu’est-ce que tu voulais apporter à l’album Contre-temps initial ? 

En fait, Radio contre-temps, c’était des morceaux que je croyais que j’allais mettre dans Contre-temps, je les ai composés en même temps et c’était des émissions fictives que j’envoyais à mes proches pour avoir leur avis. Ils sont restés sur le côté pendant un an, j’ai toujours cru que j’allais les retravailler, les perfectionner et finalement je ne l’ai pas fait parce qu’ils étaient figés dans cet état-là. Et puis, finalement, je me suis dit que ça avait du sens de garder la manière dont je m’adressais à l’auditeur, et que cet auditeur, qui avant était mon entourage proche, devienne le public.

Donc ça apporte, ou du moins ça complète, un état de travail avant ce disque et comme Contre-temps parle du temps, du temps vécu, du temps qui passe, qu’on traverse et du temps dont on se souvient, un peu du voyage dans le temps, j’aimais bien revenir en arrière, sur un état au moment de la création.

Tu dis que ton style, ta musique parle et se réfère à des moments de vie, alors comment tu qualifierais l’évolution de ton travail depuis tes débuts ?

J’ai l’impression que le texte prend de plus en plus de place. Dans mes premiers maxi, il y a du chant, mais c’est quand même très contemplatif, avec des choses qui sont hors sens, hors vocabulaire, hors mots et là, avec Contre-temps, la voix est beaucoup plus en avant, donc la musique est peut-être plus calme. 

Et c’était une envie de musique pop, de produire des formats un peu plus lisibles qu’on a l’habitude d’écouter, et c’est pas très naturel pour moi finalement. C’est intéressant de voir comment je peux m’en emparer dans mon évolution, je crois que j’avais envie de faire des chansons, plus que des formats imbitables. Quelque chose de moins emphatique, car avant ma musique était assez chargée, ça s’accumulait.

Après avoir écouté Contre-temps, on se demandait si tu aimais vraiment les horodateurs ? 

[rires] Oui, j’aime le mot horodateur, je trouve que c’est un super mot ! [rires] 

Mais tu sais, c’est intéressant parce que quand je dis “je” dans mes chansons, c’est pas moi perso, c’est pas ma vie. Forcément, c’est des trucs que je ressens, que j’aime ou que j’ai envie d’évoquer mais c’est pas ma vie.

Le morceau dont tu parles, il a été écrit à deux, et c’est plus une pirouette de vocabulaire, sachant que, s’il avait été dans Contre-temps, ça aurait été intéressant parce que c’est un marqueur temporel de choses. Donc oui, j’adore le mot horodateur parce qu’il est très technique et du coup on peut sublimer le truc basique. Mais après, je suis pas fan, je fais pas des câlins aux horodateurs dans la rue. Mais ça peut être marrant, ça serait bien une série de photos où on fait des câlins aux horodateurs dans la rue. 

Comme tu le sais, nous sommes un média spécialisé dans l’art urbain, tu aurais un artiste de street art dont tu veux nous parler  ?

Je suis fan des 4TH ! Ils ont pas mal sévi à Paris et partout en France. Mais, à Paris, ils ont vraiment laissé leurs traces. C’est un groupe de graffiti qui a plein de projets annexes, dont les road dogs, “les chiens de la route”. Ils partent à l’aventure, ils prennent des trains de fret de manière clandestine pour partir vers des destinations inconnues. C’est tout un parcours qui se rapproche du mouvement du graffiti et ils sont trop forts parce qu’ils ont cette capacité à intercaler des histoires fictives dans leurs vraies histoires et, au bout d’un moment, ils créent une espèce de mythologie entre leurs pratiques. La barrière entre le vrai et le faux, ça m’intéresse vachement dans l’art.

 

Propos recueillis lors des Nuits Secrètes
Écoutez son album ici !

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