C’est une neuvième symphonie de gala à laquelle nous avons eu droit. Loin des interprétations plus récentes, où l’on observe généralement une diminution des effectifs, l’orchestre est gigantesque : tous les vents, cuivres et bois, y compris le piccolo et le contrebasson dans le quatrième mouvement, sont doublés ! Huit cors, quatre trompettes, six trombones. Les cordes sont conséquemment très nombreuses, soixante-dix musiciens, dont dix contrebasses.
Les instrumentistes supplémentaires ont été recrutés grâce à « l’Académie philharmonique », académie de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et du Conservatoire National Supérieur de musique de Paris, soit dix-neuf musiciens qui doublent l’harmonie. Les étudiants ont été sélectionnés sur audition par les chefs de pupitre de l’orchestre.
Inutile, donc, de s’appesantir à critiquer une interprétation qui ne serait pas authentique, ou pas au goût du jour, puisque le propos fut délibérément autre. Chung, qui dirige par cœur, fait preuve de cette belle stature que nous lui connaissons, toute en économie de mouvements.
Le caractère emphatique est évidemment présent, parfois avec un poids un peu écrasant, dès le premier mouvement. C’est à Bruckner que l’on pense, notamment parce que nous avons entendu par le même orchestre la Quatrième et la Sixième dernièrement. On a l’impression de retrouver les mêmes sonorités dans une salle qui se prête bien aux grands effectifs et au tutti de cuivres.
Le deuxième mouvement semble dérouler une belle mécanique, sans mordant. Le Trio est pris en revanche dans un tempo rapide, ce qui rappelle les interprétations récentes avec effectifs restreints et instruments d’époque, et non les exécutions traditionnelles qui prenaient ce trio beaucoup plus lentement. Les musiciens, tirés vers l’avant, semblent parfois ainsi se précipiter quelque peu.
Le troisième mouvement est naturellement le plus réussi avec cet effectif. L’amplitude de l’orchestre est magnifique.
Enfin, le quatrième mouvement, est puissant et réussi. Les solistes entrent en tribune en plein milieu du mouvement, à peine une minute avant le début du chant ! Deux des quatre chanteurs prévus sont remplacés, et nous avons donc la chance de ré-entendre Mathias Goerne, dont la partie de basse est très audible, ce qui n’est pas toujours le cas à Pleyel. Steve Davislim, que nous avons entendu récemment dans la Faust Symphonie de Liszt, n’a malheureusement pas cette chance, il est un peu couvert, malgré une bonne interprétation.
Le chœur s’en tire admirablement, et le public de la salle fait un triomphe à l’ensemble des musiciens, ce qui lui donne droit, fait rarissime, mais aussi peut-être en raison de la brièveté du concert, à un bis orchestral et choral (mais sans soliste) de la fin du dernier mouvement.
Laurent Torrès
9ème Symphonie – Ludwig van Beethoven
Sally Matthews, soprano
Karen Cargill, alto
Steve Davislim, ténor
Matthias Goerne, basse
Chœur de Radio France
Matthias Brauer, chef de chœur
Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung,
direction
Vendredi 2 décembre 2011 à 20h
Tarifs : 60 € // 45 € // 34 € // 22 € // 10 €
Concert en direct sur France Musique
Et en direct sur arteliveweb.com et sur concerts.radiofrance.fr, puis accessible gratuitement en différé pendant 6 mois.
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes