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Nakache et Toledano : l’accord parfait entre musique et cinéma

Ségolène Geoffroy 17 février 2021
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© Arno Lam

“Nakache sans Toledano c’est comme Laurel sans Hardy”, inspirés du cinéma italien de l’âge d’or, Olivier Nakache et Éric Toledano aiment marier dans leurs réalisations comédies et sujets de société. Mais avez-vous déjà prêté attention aux musiques associées dans ces dernières ? Focus sur trois de leurs films pour illustrer ce lien entre musique et cinéma.

En effet ce sont toujours des musiques singulières et impondérables qui sont choisies. C’est ce que nous allons voir ensemble. D’abord remontons dans le temps, c’est l’année de 1995 qui marquera leurs prémices dans le cinéma et ce, plus particulièrement dans l’écriture et la réalisation de films. Caractérisés par un art du dialogue, un souci du réalisme et un soin particulier apporté au scénario, la place de la musique dans leurs réalisations est toujours primordiale et minutieusement choisie.

1- Intouchable, 2011

Ils sont notamment connu pour avoir crée réalisés “Intouchableen 2011, film qui marquera le cinéma en France et même à un niveau international. En tête d’affiche Omar Sy et François Cluzet le film porte sur le handicap moteur et l’exclusion sociale tout en apportant des touches d’humour bien placées.




Si le film est connu de tous, il en va de même pour la BO. Cette dernière est en partie signée par le virtuose italien du XXIe siècle, Ludovico Einaudi. À la croisée des chemins entre musique classique, contemporaine et populaire. C’est un artiste apprécié des réalisateurs pour sa maitrise, son travail mais avant tout pour sa sensibilité et son authenticité. Avec son morceau “Fly on retrouvera une mélodie rythmée, délicate et aérée tout comme “Una  Mattina.”

Ces dernières sont appréciées de tous, car elles sont douces et débordantes d’émotions. Ce qui ressort énormément de ses musiques, c’est aussi de la nostalgie. Elle permet de parler à tout le monde car elle crée une certaine intimité : en écoutant cette musique chacun se remémore un souvenir personnel. Même si l’ADN de leurs films reste celui de l’émulation d’un groupe, le spectateur doit pouvoir se retrouver lui même pour être touché par le film. On a un contraste et un équilibre entre l’importance du groupe et un besoin de se retrouver seul. Malgré leur simplicité d’écriture et de réalisation, les musiques fonctionnent parce que Einaudi travaille avec son piano et ses connaissances mais avant tout avec son ressenti, sa spontanéité et son coeur. Comme le dit Vincent Cassel : “Avant c’était beaucoup de comédie avec de l’émotion et maintenant c’est beaucoup d’émotions avec de la comédie.”

Les films signés Nakache et Toledano c’est avant tout un appel à l’exaltation, l’émoi mais aussi à la légèreté et à l’humour. Ils portent une volonté de rendre la comédie française comme un genre noble, en passant par l’esthétique du film et donc par la musique. La simplicité des mélodies nous renvoie à un oxymore : la complexité de l’émotion chez l’Homme. La musique crée un vrai contraste avec le film comme le fait la comédie avec les sujets abordés. Parfois une musique vaut plus que milles mots. Le rôle de la musique est si important que ces dernières doivent fondre avec les images et ne faire qu’un, elles permettrons alors d’illustrer l’histoire, de la rendre captivante mais aussi d’embarquer l’auditoire sur des actions et des lieux. Elle fait donc partie intégrante de la réalisation, de la production et du ressenti pour le spectateur.

2- Le sens de la fête, 2017

En 2017 sortait “Le sens de la fête,  une comédie ponctué par une esthétique incommensurable dans laquelle on découvre les coulisses d’un mariage bouleversé par des imprévus.




Le film est avant tout un équilibre entre organisation et improvisation. Une fois de plus, la BO colle parfaitement au film, puisque le maître mot du jazz est l’improvisation. En effet c’est bel et bien du jazz qui a été choisi pour la BO du film, dirigé par Avishai Cohen, un contrebassiste de jazz israélien auteur compositeur. Avec le titre “Nu nu, trompettes, batterie, instruments à cordes donnent le rythme à suivre, la cadence de toute une organisation chronométrée et calibrée à la seconde près. La suite “Clock” est une partition originale de percussions rythmées qui représente elle aussi l’agitation de l’organisation. Mais même si le rythme marque cette BO, les musiques correspondent aussi bien à une ambiance de mariage calme, comme avec “In the Stone” le titre est dansant, léger, joyeux et agréable à écouter. 

Le choix de cette BO est un parti pris entre le jazz et le disco puisqu’on retrouve aussi des titres comme “Get Down Saturday Night” de Oliver Cheatham. On identifie ce coté disco pour les scènes tournées avec Gilles Lellouche, incarnant le “DJ de secours” du mariage. Au final, tout dérape, rien ne se passe pas comme prévu, l’organisation prévue initialement échoue. Dans une des scènes finales on retrouve “Wedding Song”, une musique à consonance indienne, ou d’orient avec de la flute. Le but de la musique est de rassembler tout le monde, les serveurs d’origine indienne se transforment en joueurs de flutes. L’ambiance s’apaise, le romantisme du mariage prend place, l’organisation napoléonienne laisse place à de l’inattendu et comme dirait Thomas Bernhard : “Le beau c’est l’imprévu.”

L’équipe insiste vraiment sur le coté esthétique de la scène : la lumière, les mouvements de danse, mais avant tout sur la musique. D’un autre coté on retrouve aussi une once de catharsis puisque on sépare le bien du mal : les querelles et désaccords prennent fin, tout fini par s’arranger et tout le monde se retrouve dans une joie pure.

3 – Hors Normes, 2019

En 2019 sort “Hors Normes, on y retrouve Vincent Cassel et Reda Kateb pour les rôles principaux. C’est cette fois un film qui dénonce l’absence d’institutions et de moyens mis en place pour encadrer l’autisme lourd en France. Il a justement pour but de contribuer à faire bouger les normes. Selon l’Express : ” (…) il insuffle un humanisme communicatif et salutaire.” En bref ce dernier traduit à la fois une émotion bouleversante ainsi qu’un humour subtil, une fois de plus. Le sujet de l’autisme est un sujet délicat qui anime de nombreuses émotions, on peux être choqué, avoir peur, rire…




À travers la BO le but était encore une fois, de retranscrire et transmettre de nombreux sentiments au spectateur, on peut notamment citer la musique “Bloodflow“. Pour se faire ils ont fait appel aux titres déjà existants des GrandBrothers, un groupe d’artistes germano-suisses. Ils utilisent un piano à queue pour la mélodie ainsi qu’une boite à effets, ainsi il est possible de créer des sons artificiels alors qu’ils ne le sont pas forcément. Le piano pourrait représenter la société, elle est classique, traditionnelle, face au sujet de l’autisme, eux possèdent une façon différente de fonctionner, comme la boite à effets finalement. Le groupe utilise un appareil dit “fait maison” pour apposer des effets sur leurs réalisations. On sort des cases construites et des conventions de la musique classique, ils se démarquent et proposent du renouveau, avec des nouvelles techniques de mixage pour proposer une nouvelle façon de voir la musique. Comme les éducateurs du film qui amènent le spectateur à une nouvelle façon de percevoir l’autisme, en le détachant des stéréotypes. Les éducateurs proposent aussi au gouvernement de percevoir l’autisme différemment, il y a une dimension assez politique, puisque le film critique avant tout le manque d’assistance à l’autisme. Il ressort du travail des Grandbrothers : vigueur et complexité. Tout comme le travail des éducateurs dans le film. Différentes des BO que l’on a pu voir auparavant chez les réalisations de Nakache et Toledano, on retrouvera cette fois ci, techno et musique de club au premier plan.

Propos de Ségolène Geoffroy

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