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Nadéah

3 novembre 2011
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Nadeah - Venus gets even

Et c’est ce qui fait la force de cette jeune femme, cette capacité et cette énergie à exorciser des souvenirs bons ou mauvais, au travers de textes à la fois bouleversants et captivant. Pour Nadéah la vie est un cabaret ou elle serait une actrice déjantée, rebelle et facétieuse. Son premier album « Venus Gets Even » est une déclaration d’amour à la vie. Alors forcément nous on aime ça et l’automne nous semble déjà plus doux.

Lorsqu’on lit de plus près ta bio, on s’aperçoit que tu voyages énormément…

Oui même si je ne me suis jamais dit qu’il fallait que je voyage. J’ai vécu pas mal en Australie, et en Angleterre surtout avant d’arriver en France. Je suis également passée par la Suede. C’est la vie qui m’a menée dans ces différents pays. La vie et les expériences qu’elle vous donne la chance de vivre.

La musique a été pour toi quelque chose d’important lors de tout ces voyages ?

Je ne sais pas vraiment si c’est comme une « racine » en moi mais, oui j’ai toujours écouté de la musique depuis toutes ces années et ça fait toujours partie de ma vie même aujourd’hui. Je me souviens qu’à une époque j’ai voulu arrêter d’écrire, et de jouer de la musique, mais c’est en moi alors oui je crois qu’en effet c’est quelque chose d’important pour moi… En fait, tu sais pour moi le plus important c’est la scène. J’ai l’impression que ma vraie maison est là, et qu’avec mes musiciens nous formons une famille.

Tu as, dès ton adolescence, baigné dans un univers musical, au début par la discothèque de ton père…

C’est vrai que mes parents écoutaient beaucoup de musique ce qui m’a permis de découvrir énormément d’artiste comme Pink Floyd ou encore Leonard Cohen. Mais la vraie révélation pour moi c’est Michelle Shocked. Je la trouvais terriblement punk, sa personnalité, sa musique… Je crois que c’est elle qui m’a vraiment donné envie de faire de la musique.

Ton premier groupe c’était j’imagine le rève pour toi à l’époque ?

Tu sais ça c’est fait un peu comme ça, sans trop réfléchir. J’ai rencontré quelqu’un en Angleterre, un guitariste français avec qui on a monté Lovegods. Rien n’était calculé, et puis un jour un type d’un label est venu nous voir jouer et nous a proposé de signer un contrat, ce genre de choses tu vois. Nous on a jamais voulu ça. On gérait nous-mêmes notre promo, les tournées, tout en fait. Avec du recul je me dis que ça nous prenait un temps de malade.

Vous avez quand même eu la chance de jouer avec Nick Cave ou encore Franz Ferdinand…

C’est vrai que c’est génial, et que c’est une véritable chance d’avoir pu jouer avec des gens comme ça. Les gens de Franz Ferdinand sont juste géniaux, et Nick Cave, bah voila c’est le mec des Bad Seeds. Il a une carrière de dingue, donc respect. J’imagine que plein de groupes qui commencent rêvent de pouvoir jouer pour des artistes comme ceux là. C’est un privilège plus qu’une chance je pense…

Pourquoi avoir mis un terme à Lovegods ?

En fait je n’avais plus de visa pour rester en Angleterre. Je me suis faite virer… Anyway, je ne veux pas forcément revenir sur ça. C’est comme ça et si je n’étais pas parti d’Angleterre je ne serais peut être pas en France aujourd’hui. Donc d’une certaine manière c’est une bonne chose… ( Rires)

Parlons de ton arrivée à Paris justement. C’est à cette époque là où l’envie d’écrire disparait ?

Oui complètement… Quand je suis arrivée à Paris, j’ai décidé de reprendre mes études, d’aller à l’université et de trouver un « vrai » boulot. J’ai étudié le Français lorsque j’étais à la fac et en parallèle je bossais au vestiaire d’un bar. Je m’ennuyais tellement quand je bossais là-bas que j’ai commencé à écrire à nouveaux des textes, mais sans vraiment savoir ce que j’allais en faire par la suite.

Ta première chanson a été écrite à Paris. Odile, c’est quelqu’un que tu as rencontré, que tu as connu ?

Lorsque je travaillais dans ce bar, la femme du patron s’appelait Odile. Elle avait une certaine classe que j’aimais bien et j’ai eu envie d’écrire cette chanson à force de la croiser. J’aimais beaucoup son attitude, sa personnalité même si je trouvais ce boulot très « chiant »… La plupart de mes chansons sont venues comme ça tu sais… Mes rencontres, mes expériences m’ont très souvent inspirées.

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Justement la plupart de tes chansons viennent de choses que tu as vécues. C’est un exutoire pour toi ?

Je ne sais pas si l’on peut dire les choses comme ça. Je n’écris que sur des événements qui me touchent de près et la musique leur donne une dimension nouvelle. Parfois les gens pensent que je parle de chose horrible, mais c’est ma vie. Voila tout … C’est vrai que lorsque je suis sur scène est que j’interprète « Even quadriplegics get the blues », ça fait souvent flipper les gens. Mon ex-petit ami a eu un jour un accident et s’est retrouvé paralysé. Cette chanson est sur lui, pour lui… Même une chanson comme An asylum on new year’s eve fait partie de ma vie. Je raconte juste ce que me touche. Je ne suis pas une chanteuse engagée, qui fait de la politique, ce genre de choses tu comprends ?

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Il y a aussi des morceaux plus lumineux sur cet album, des ambiances quasi cabaret…

Je ne voulais pas m’enfermer dans un style de musique. A l’époque de Lovegods, le label qui voulait nous signer voulait qu’on signe le « tube » et nous ça ne nous interessait pas. On avait d’une certaine manière un côté assez punk à ne jamais vouloir se faire récupérer par une maison de disque. On gérait vraiment tout pour que rien ne nous échappe. Je retrouve dans le cabaret cette aspect du punk, ou rien n’est écrit d’avance.

L’impression que chaque soir est différent ?

Oui, c’est exactement ça. Avec le cabaret, chaque soir est différent, mais surtout totalement improvisé. J’adore quand mes musiciens partent dans des choses totalement improvisées. Le public ne sait jamais à quoi s’attendre. On pourrait juste enchaîner les morceaux de l’album et s’en tenir là. Mais ça il en est hors de question.

Revenons à l’album. C’est vraiment ta rencontre avec Marc Collin qui a précipité les choses…

En fait, à l’époque où j’ai repris mes études, j’avais déjà écrit pas mal de chansons et je jouais souvent dans un petit club. Quelqu’un de la famille de Marc lui a conseillé de venir me voir un soir, et voilà comment je me suis retrouvé sur « Hollywood mon amour » et ensuite sur le projet « Nouvelle vague ». J’ai eu la chance de voyager pendants presque trois ans aux quatre coins du monde. C’était une période géniale, qui m’a permis également d’écrire beaucoup. J’ai rencontré des filles cool comme Mélanie Pain, mais je crois que parfois j’étais un peu en décalage avec l’image que voulait donner Marc à ce projet. Je ne tiens pas en place, j’ai besoin parfois de hurler sur scène, de me lacher complètement et avec nouvelle vague c’était parfois compliqué… Rires.

Parles moi un peu de ta rencontre avec Nicola Tescari.

Nicola est quelqu’un pour qui j’ai énormément de respect. C’est un compositeur pour moi comme il en existe peu, et je crois au fond de moi que je n’aurai pas pu réaliser ce disque sans lui. Il m’a beaucoup apporté pour réaliser « Venus gets heaven ». Je ne sais pas si il a su canaliser mon énergie mais en tout cas il a saisit parfaitement ce que je voulais pour cet album. Je suis très fier du travail qu’on a fait ensemble.

Lorsqu’on écoute cet album, on pense à « Berlin » de Lou Reed…

Vraiment ??? J’adore cet album. Ce qu’il a pu faire après m’intéresse moins mais celui-ci pourrait effectivement être une source d’inspiration. Ca me touche que tu pense à « Berlin » pour parler de mon premier album…

C’est peut être parce que tu as une façon très particulière de subjuguer des moments sombres en instants magiques et lumineux. Le même sentiment qu’à l’écoute de l’album de Lou Reed, qui n’est pas ce qu’il a fait de plus joyeux dans toute sa carrière…

Peut-être ? En tout cas, sur scène on retrouve vraiment l’esprit cabaret. Un mélange de joie et parfois de tristesse, de folie et de grace. C’est en tout cas ce que j’essaie à chaque fois de faire passer. Lorsque j’ai joué aux Etats-Unis il y a quelque jours, j’ai rencontré des gens qui ont fait plusieurs centaines de kilomètres pour venir me voir. Après le concert, ils m’ont dit qu’à chaque fois qu’ils venaient ils se demandaient à quoi le concert pourrait ressembler. C’est ça qui me donne envie aujourd’hui. Apporter à chaque fois quelque chose de différent de nouveau… La musique c’est donner et partager. Cette notion me plait. Je suis heureuse de faire de la musique pour toute ces raisons et beaucoup plus encore…

Arno Byhet

Nadéah – Venus gets even

Cinq7 / Wagram

Toutes les dates sur www.nadeah.com

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