Falstaff – Théâtre des Champs-Élysées
Quelle joie de retrouver ce personnage haut en couleur et si « énorme », comme il se décrit lui-même ! L’interprète britannique Anthony Michaels-Moore est exceptionnel. Il incarne Falstaff avec finesse et subtilité, sensibilité et tendresse. Il sautille de plaisir, se trémousse de tout son corps à l’idée de s’ébattre avec ses belles, tremble à l’envi aux cris du mari et chante magnifiquement. Il est entouré de joyeuses commères délicieuses dans leur costume acidulé. Les chapeaux et les robes aux tailles bien cintrées ravissent et volent au vent ! Déployant toute leur énergie, ces diablesses sont déterminées à se venger de l’insulte que leur a faite Falstaff : il a eu l’inconvenance de leur adresser mot pour mot la même lettre d’amour !
Anna Caterina Antonacci interprète une Alice pétillante, intrépide et farouche. Tous ses airs expriment la gaieté et la joie de vivre, l’espièglerie et la jeunesse. Les joyeuses commères enchantent dans les quatuors a capella. Marie-Nicole Lemieux a emporté toute la salle par ses talents audacieux d’entremetteuse. Elle séduit avec grâce Falstaff en se frottant délicieusement contre lui. Un vrai régal ! Enfin, la jeune Nanetta chante divinement. Applaudie chaudement, Chen Reiss a charmé toute la salle.
Tous les solistes lyriques, excellents comédiens chantent magnifiquement. Jean-François Lapointe enrage en mari jaloux. Quelle fougue et quelle générosité ! Le baryton a séduit tout l’auditoire suivi du ténor, Dr Caïus.
Le livret, les paroles crues et pleines de références mythologiques cocasses réjouissent le public. La mise en scène éclaire la complexité de l’intrigue tout en jouant sur les surprises. On retrouve bien le Shakespeare avec les travestissements, les masques et les duperies. La scène du panier à linge est hilarante, la scène finale de « sabbat » également.
L’orchestre national de France, très applaudi et dirigé superbement par Danièle Gatti a permis de réentendre un opéra gai et plein d’audaces.
Marie Torrès
Falstaff
De Giuseppe Verdi
Comedia lirica en trois actes (1893)
Livret d’Arrigo Boito, d’après The Merry Wives of Windsor de William Shakespeare
Spectacle chanté en italien, surtitré en français.
Durée: environ 2h
Direction musicale Daniele Gatti
Mise en scène Mario Martone
Décors Sergio Tramonti
Costumes Ursula Patzak
Lumières Pasquale Mari
Falstaff Anthony Michaels-Moore, baryton
Alice Ford Anna Caterina Antonacci, soprano
Fenton Paolo Fanale, ténor
Meg Page Caitlin Hulcup, mezzo-soprano
Nannetta Chen Reiss, soprano
Pistola Francesco Ellero d’Artegna, basse
Mrs Quickly Marie-Nicole Lemieux, contralto
Ford Jean-François Lapointe, baryton
Dr Cajus Raul Gimenez, ténor
Bardolfo Patrizio Saudelli, ténor
Orchestre National de France
Chœur du Théâtre des Champs-Élysées
4 représentations au Théâtre des Champs-Élysées
Mercredi 24, vendredi 26 février, mardi 2 mars 2010, 19h30 Dimanche 28 février 2010, 17h
Location : 01 49 52 50 50
Tarifs Euros : 135 – 98 – 78 – 55 – 30 – 12 – 5
Théâtre des Champs-Elysées
15 Avenue Montaigne
75008 Paris
Métro Alma Marceau (ligne 9)
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