MPablo : “J’aime définir mon univers musical par l’expression spleen urbain”
Artistik Rezo part à la rencontre de MPablo, récemment présenté par la scène musicale Les Cuizines.
MPablo, comment définirais-tu le style de ta musique ?
J’aime définir mon univers musical par l’expression “spleen urbain”. Ce sont deux mots qui cristallisent assez bien ce que j’écris dans mes textes ainsi que les émotions que j’essaye de transmettre à travers mes morceaux. En réalité je fais du rap, bien entendu, mais c’est devenu tellement vaste que j’aime utiliser cette expression pour me décrire plus précisément.
Il y a quelques semaines, tu participes au programme La fête n’est toujours pas finie, organisé par la scène musicale Les Cuizines. Peux-tu nous parler de ton passage et du principe de ce programme ?
Depuis la fermeture des salles de concert, c’est devenu compliqué pour les artistes de transmettre leur musique en live. De même que les salles traversent une phase assez difficile puisqu’elles sont privées de leur essence même. Je remercie Les Cuizines de m’avoir accueilli dans le cadre de ce programme qui, comme son nom l’indique, a pour but de continuer à faire vivre la musique en live durant cette période assez étrange pour le milieu culturel. Pour ma part, c’était mon premier concert et c’était cool de pouvoir se tester sur scène, tout en étant diffusé en streaming sur Youtube et sur Facebook.
Dans une interview tu racontes avoir commencé la musique en jouant de la guitare et en écoutant les Red Hot Chili Peppers. Est-ce que cette approche de la musique, qui pourrait paraître opposée à ce que tu fais aujourd’hui, l’est vraiment ?
Il est clair que ma pratique actuelle de la musique n’est plus du tout la même. Je parle des Red Hot Chili Peppers parce qu’ils ont été pour moi une porte d’entrée dans la musique et que c’est à partir de là que mon amour pour cet art s’est construit. Aujourd’hui, je pratique beaucoup moins la guitare mais je suis toujours attaché à ces sonorités. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas pour rien que je suis attiré pas les prods avec des guitares.
MPablo, au-delà de l’arrêt des représentations en live, est-ce que la période que l’on traverse depuis plus d’un an, a eu un impact sur l’aspect créatif de ton travail ?
Bien sûr, le premier confinement a été pour moi le véritable point de départ de mon projet. Pour la première fois j’avais le temps de créer de nombreux morceaux sans pression et de réfléchir de manière plus approfondie au style dans lequel je voulais m’inscrire. Depuis, j’ai fait une pause dans mes études pour me consacrer exclusivement à ça justement.
Un album que tu voudrais faire découvrir à nos lecteurs ?
J’aime tellement de choses différentes que c’est compliqué de s’arrêter sur un seul album. Je pense que l’album qui m’a mis la plus grosse claque dans le rap jusqu’à maintenant c’est 444 nuits de Népal (Paix à son âme). C’est un album qui reprend tous les codes du rap des années 1990-2000 tout en étant super novateur. J’ai l’impression qu’on retrouve beaucoup cette idée de “spleen urbain” dans toute sa discographie, d’un mec qui arpente une immense ville qu’il connaît par cœur, qu’il aime autant qu’il déteste, et dont il décrit les mécanismes avec une certaine fatalité. Pareil pour Dans la Légende de PNL. Cette vie de banlieusard de cité, dénonçant ses vices avec une prose simple et efficace ainsi qu’avec une utilisation de l’autotune ultra nouvelle, qui a d’ailleurs bouleversé tout l’univers du rap en 2016. Plus récemment, je dirais que c’est Trinity de Laylow qui est le projet qui m’a le plus parlé. Un album ultra construit qui s’écoute en entier avec des sonorités futuristes que je n’avais, jusque-là, jamais entendu dans le rap. Sinon, en ce moment, j’écoute les morceaux de Zamdane en boucle, un jeune rappeur marseillais, mais je m’arrête là sinon ça pourrait durer des heures.
Un projet en préparation que tu vas pouvoir nous présenter bientôt ?
Oui, je bosse actuellement sur un EP qui devrait voir le jour avant l’été ! Un des morceaux de l’EP va sortir d’ici peu accompagné d’un clip réalisé par Martin Jauvat. On a aussi prévu d’enchaîner rapidement sur un deuxième clip. J’ai hâte de présenter tout ça.
Comment pouvons-nous te suivre et être au courant de tes actualités ?
Sur Instagram : @mpablooo. C’est là que tout se passe !
Propos recueillis par Pablo Lamy
À découvrir également sur Artistik Rezo : Rencontre avec le réalisateur Martin Jauvat par Pablo Lamy
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