Mouvman Alé : rencontre avec le groupe réunionnais aux multiples influences
Mouvman Alé plonge dans la vibration intense du quotidien réunionnais, ses rencontres, ses paysages et ses énigmes. Aujourd’hui, c’est Franswa qui nous fait entrer dans le monde expérimental de la musique réunionnaise et son universalité.
Tout d’abord, quelle est l’histoire de Mouvman Alé ?
Le groupe a été créé en 2016, par moi-même, Franswa Virassamy-Macé. Je suis auteur-compositeur et j’ai débuté le projet seul au niveau de la composition des morceaux et des arrangements. Je fais de la musique depuis 2003, c’est ma manière d’expression. Je voulais créer Mouvman Alé pour partager des morceaux avec des gens, je veux que chacun existe dans le groupe et ajoute sa touche personnelle. Le groupe existe depuis 6 ans et il est actuellement composé de Bajoun (Benjamin), Baptiste, Loïc et moi-même. Ce sont des personnes très impliquées, faciles à vivre et ensemble on a un réel échange humain. Je voulais travailler avec des gens qui n’ont pas peur de l’avenir car un groupe ça peut prendre énormément de temps. Il faut y croire même s’il n’y a pas de promesse de réussir.
On répète 2 jours sur 7 mais en plus on se voit en dehors de la musique pour se connaître, pour apprendre à vivre ensemble pour pouvoir devenir une entité. On met tous le groupe en priorité dans nos carrières.
Votre parcours personnel à côté du groupe ?
J’ai toujours été musicien professionnel. Au début on jouait tous dans plusieurs groupes, on donnait des cours de musique. Sauf que pour fonctionner réellement en tant que groupe et vivre de la musique, il faut s’investir à fond. On s’est rendu compte qu’en travaillant moins à côté dans d’autres projets que l’énergie qu’on donnait plaisait plus aux gens. A partir de ce moment-là, on a eu plus de dates et donc plus de cachets. Ce qui nous permet de commencer à vivre de notre musique.
A côté des concerts, on aime beaucoup les rencontres. On va souvent dans des écoles parler et intervenir avec les enfants. Souvent le public retient la musique, mais nous en tant que groupe on ressent l’humain, on se souvient de l’accueil, de la gentillesse des gens et on retient une ambiance.
Ce qui vous unit ? Quelles sont vos valeurs communes ?
Tout d’abord, c’est la vibration collective : dès que le groupe vibre ensemble, tout est possible. On réfléchit si on est tous dedans, est-ce qu’on est au-delà de ce qu’on fait en général ?
Après il y a l’écoute, on se ressent beaucoup et on écoute l’énergie des autres membres.
Puis finalement, ce que propose Mouvman Alé c’est un jeu. Ce qui est difficile à comprendre avec la musique et culture réunionnaise, c’est que ça consiste à dire qu’il y a une vibration réunionnaise (avec l’histoire de l’île, La Réunion c’est un mélange de cultures de tout horizon). Assez rapidement s’est créée une identité sur cette île et il y a tout le temps un circuit évolutif, une boule d’énergie et le jeu c’est de voir ce qu’il se passe si on intègre encore et toujours des choses de l’extérieur, si cela reste de la musique réunionnaise. Est-ce qu’on peut préserver ce trait commun, et musicalement nous avons l’empreinte réunionnaise, un savoir-faire réunionnais à garder tout en la mélangeant avec d’autres styles. Sur l’île, il y a une scène commune peu importe les styles (sega – metal – maloya) et oui on peut faire que du maloya, mais à la réunion on peut intégrer aussi quelque chose de l’extérieur, et après le son devient “réunionnais”. On expérimente avec du rock, de l’acoustique, de la musique latine, puis on essaie de voir si on l’a passe dans tous les styles et si on peut le modifier sans faire perdre son âme.
La meilleure anecdote pendant un concert ou une tournée ?
Alors nous n’avons pas encore fait de tournée (rires). Quand on jouait dans des conditions spéciales, c’est-à-dire dans des lieux qui n’accueillaient pas de concerts à la base, tout peut vriller s’il pleut. En 2019, dans un bar à Saint-Joseph à La Réunion, on avait prévu un concert et nous arrivons, il y a du monde d’un peu partout. C’est un endroit improvisé où chacun ramène son groupe électrogène et on joue de la musique. Sauf que la pluie est tombée. À cause de ça, 2 personnes du groupe perde de la motivation. Et il a fallu rebooster le groupe avec Bajoun’, on se dit qu’on a envie de jouer et que dans tous les cas on va jouer. Sauf que nous sommes très dépendants de l’électricité avec les instruments. Heureusement, après un deuxième essai on a enfin réussi et on a réussi à se connecter entre nous. Même si on a eu des difficultés, les gens ont dit qu’on avait un set humain, avec de la conviction. On se rend compte que tout est possible et qu’il faut de l’intention, de la motivation, qu’on soit sur une grande ou sur une petite scène.
Quelles sont les 3 prochaines dates importantes pour le groupe qu’on doit noter dans nos agendas ?
- Le 13 octobre au MaMa festival à Paris, au NOPI.
- Le 19 novembre au K à La Réunion à Saint-Leu.
- Le 9 et 10 décembre aux Trans’Musicales à Rennes
Si vous aviez le choix, quel artiste choisiriez-vous pour un featuring ?
Si un jour on a l’occasion, on aimerait évidemment faire un feat avec des anciens comme Danyèl Waro. Sinon, sur notre chemin, on va rencontrer des gens et on a hâte de partager un peu de musique avec eux.
Quelle est la recette de Mouvman Alé ?
- Bajoun : c’est l’électro, la basse.
- Loic : c’est le percussionniste, il développe la rythmique et a un très bon ressenti avec la musique traditionnelle réunionnaise.
- Franswa : ce sont les textes, le chant et l’héritage de la manière de chanter à La Réunion.
- Baptiste : c’est l’hybride, il a une guitare multifonctions et les influence rock.
La base de la recette de Mouvman Alé c’est un terme appelé le “romans non galysé réunionné” ( en français : “chanson soft expérimentale réunionnaise»). Le principe c’est de raconter une histoire à travers une chanson. Dans la vie tout change et quand il y a un mélange, les morceaux ont des virages rythmiques, émotionnels qui représentent la vie.
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Pour découvrir l’univers de Mouvman Alé, voici le clip de Sokouyé Marmay.
Interview réalisée par Chloé Turpin
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