Marie Espinosa
D’un côté les caméras, de l’autre la scène
Comment expliquer un tel revirement si ce n’est par une évidence. Marie Espinosa, fier boute- en-train créatif, n’a de cesse de jouer. Jouer les mots et la musique, la réplique ou bien la rime, quel qu’en soit le défi. C’est auprès de cette chère caméra qu’elle commence tout d’abord, passant de l’ombre figurante au rôle imminent, des séries TV aux films grandes affiches. Mais voilà, ce qu’elle aime aussi Marie, c’est l’émotion de la musique, depuis ses huit ans elle rêve de composer. Entre deux tournages, des chansons se dessinent, des mélodies naissent pèle mêle : C’est déjà l’esquisse de l’album La Démarrante, enregistré cinq ans après. Marie Espinosa reconnaît avec humour la pluralité de ses envies, de ses passions et ne s’étonne plus de voir comme Musique et Cinéma s’influencent. C’est une nécessité, une liberté aussi, de mêler ces deux voies d’expression comme bon lui semble.
A l’époque, et même encore aujourd’hui, le challenge est de rigueur, le travail imposant, mais rien d’effrayant pour cette jeune femme confiante en l’avenir et confiante en elle-même. La chanson devient une sorte de deuxième nature, un quart de soi qui prend le dessus, un envahisseur de présent. L’avenir, quant à lui, n’est qu’un mouvement perpétuel entre son et scène, prise de vue et de voix, espoir brandi.
Rêves de jeune fille et entêtements
L’oreille de cette artiste se forge à mesure d’écoute et d’admiration, que cela soit pour Tchaikovski, Barbara, ou Radiohead. Les influences sont nombreuses, le tricot des sons d’autrefois avec les mélodies d’aujourd’hui s’harmonise dans la Démarrante. D’ailleurs, ce drôle de titre mérite qu’on y revienne. Alors, invention, autobiographie, dérision ? Les trois mon capitaine. Dans ce jeu de mots il y a tristesse, humilité et rire, il y a l’envie de démarrer enfin sa carrière après tant d’années d’efforts, l’aveu de n’être que débutante mais aussi l’envie de s’en moquer, d’avancer quoiqu’il arrive. Une part importante de sa vie est bel et bien présente dans sa musique, comme une matière première à sa confection. Chagrin, douleur, espoir, légèreté, c’est tout cela la Démarrante, et tout le monde s’y retrouvera bien quelque part. Marie s’empresse, s’entête pour que tout soit comme elle veut : textes, arrangements, collaborations… Elle porte l’œil sur tout et cela lui réussit. Pas facile pourtant de tenir tête aux producteurs, d’engager une dizaine de musiciens, de donner corps et cœur au désir de musique.
Ecrire, composer, jouer sans cesse
Il y a la nécessité d’écrire le vécu, l’exorcisme des choses passées qui transparait dans chaque air. Marie Espinosa se console dans la musique et parle d’elle pour mieux parler des autres. Son premier album est un partage, à chacun d’y lire sa propre immensité. Mais qu’attendre du reste, qu’attendre du temps qui passe ? Un épanouissement grandissant au contact de nouveaux rêves : le projet d’un six titres, l’évolution de son écriture, le travail d’autres genres musicaux… Un pacte contre l’ennui et pour l’amour des mots. Si elle souhaite aujourd’hui imposer son style et sa perception des choses, partager l’émotion, écrire sans cesse, c’est pour sublimer ces années d’espoir qu’elle porte à bout de bras…
Annabelle Verjus
Interview Express:
Le premier évènement artistiquement marquant de votre vie ?
La première fois que j’ai écouté Le lac des cygnes de Tchaikovski.
Quelle est votre idée de la consécration artistique ?
Toucher les gens, provoquer quelque chose en eux.
Quelles sont vos obsessions et comment nourrissent-elles votre travail ?
J’ai des obsessions positives et négatives. Les deux nourrissent mon travail.
Croyez vous à l’existence d’un mot/geste/son/d’une image absolue ?
Pour le geste, une main tendue ou un « hug » comme disent les anglais. Le son, ce serait peut être le bruit de la mer. Et le mot « aimer ».
En quoi aimeriez-vous vous réincarner ?
Je choisirais la vie de mon chat, parce qu’elle est bien tranquille.
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