“Maria Stuarda” au TCE : un magnifique combat de reines
Maria Stuarda De Gaetano Donizetti Mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier Avec Aleksandra Kurzak, Carmen Giannattasio, Jusqu’au 27 juin 2015 Tarifs : de 5 à 140 € Réservation en ligne Durée : 2h45 Théâtre des Champs-Élysées M° Alma-Marceau |
![]() La catholique Marie Stuart, reine d’Écosse, est emprisonnée depuis plusieurs années par sa cousine protestante Elisabeth, reine d’Angleterre. Elisabeth, promise au roi de France, aime passionnément le comte de Leicester, qui, lui, est secrètement amoureux de Marie. L’histoire se déroule en grande partie à l’intérieur du château de Fotheringay où est enfermée Marie, avec très peu de personnages en présence. Donizetti et son librettiste se sont concentrés sur la tension saisissante qui croît entre Elisabeth et Marie, notamment durant la longue scène de l’acte II où Elisabeth méprise du haut de sa couronne sa cousine agenouillée qui finit par la traiter de “bâtarde impure” et de “catin” ! La scène finale, qui voit Marie attendre son bourreau en une imprécation qui demande à sa rivale de lui pardonner ses fautes pour adoucir ses tourments avec la célèbre phrase “ma fin est mon commencement”, fait de cette œuvre un petit bijou de simplicité et de vérité psychologique. La réussite de cette production tient dans la fidélité scénique à l’œuvre. Une immense photographie du Palais de Westminster dans l’acte I devant lequel Elisabeth, le crâne rasé quand elle enlève sa perruque rousse, corsetée dans une somptueuse robe à vertugadin du XVIe siècle (costumes d’Agostino Cavalca), prononce son discours au micro face à ses compatriotes habillés de manière très contemporaine. De même, dans le dernier acte, un simple cube blanc clinique figure la cellule où Marie se fera décapiter à la hâche (décor de Christian Fenouillat). Cette simplicité du traitement, associée à l’opposition des styles entre les deux souveraines, leurs conseillers et le peuple, qui jouent sur le contraste lumière et ombre, pouvoir royal et secrets, autorité et humanité, permet une lecture limpide du conflit qui, outre les rivalités politiques et religieuses, reste une rivalité d’amoureuses meurtries. L’Italienne Carmen Giannattasio excelle dans le rôle d’Elisabeth, timbre puissant aux aigus stridents et contrastés, dramatisation de la haine et du pouvoir par une maîtrise virtuose des ruptures mélodiques. Méprisante, cruelle, cassante, elle incarne le pouvoir d’une femme trahie dans sa splendeur théâtrale et musicale. Face à elle, dans un registre plus doux, plus nuancé, plus charnel, la Polonaise Aleksandra Kurzak est une Marie tout en passion et en sentiments, digne, aux aigus profonds et sensuels, déchirants de douleur. Toutes deux, avec une complémentarité remarquable, démontrent que le bel canto donizettien, qui gambade allègrement vers les hauteurs vocales des coloratures, demeure un formidable régal pour les amoureux de l’opéra du XIXe siècle italien. Côté masculin, bien sûr, la partie est beaucoup plus modeste. Francesco Demuro campe un honnête Leicester, plus confident que vrai acteur, mais c’est le livret. Carlo Colombara (Talbot) et Christian Helmer (Cecil) sont irréprochables en seconds couteaux manipulés par Elisabeth. L’Orchestre de chambre de Paris, avec les chœurs du Théâtre des Champs-Élysées, est dirigé brillamment par le chef Daniele Callegari, très en forme, et qui affectionne particulièrement cette œuvre passionnelle et riche. Une réussite. Hélène Kuttner [Photos © Vincent Pontet] |
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