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Louis Arti : “La chanson, c’était comme explorer une autre mine”

Clara Bouillon 12 mai 2020
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Rencontre avec Louis Arti, auteur, chanteur, compositeur, et poète. Du drame de son enfance, il en fera une œuvre complète. Considéré comme l’héritier de Léo Ferré, Louis Arti ne cesse de chanter : “Je suis le maladroit, le maladroit de l’homme.”

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je suis né en Algérie. Victime de la guerre, ma famille est rapatriée dans l’Est de la France. Après avoir travaillé dans les mines de charbon, j’ai commencé à écrire des chansons très jeune. Les premiers artistes que j’ai rencontré dans ma vie, sont les ouvriers que je voyais transformer un bout de ferraille en moteur, c’est eux qui m’ont donné l’envie de création. Dans ma famille d’origine italienne tout le monde chantait. Grâçe au transistor j’ai découvert Juliette Gréco, Gilbert Bécaud, Yves montant, Édith Piaf ou encore Claude Nougaro.

Pourquoi avoir choisi la chanson ?

Je ne suis presque pas allé à l’école mais lorsque j’ai entendu pour la première fois des poèmes de Rimbaud, Baudelaire ou encore Verlaine, j’ai eu une révélation et j’ai ressenti l’envie de m’instruire, d’aller au musée, de découvrir des galeries d’art. Après la mine j’ai vécu dehors, j’ai dormi sous les ponts, je faisais du stop, c’est aussi dans les foyers que j’ai découvert le jazz, le rock, la pop music, la littérature. J’ai fait mes premières scènes dans le métro, les bals et les petits cabarets. Ce sont des immenses chanteurs comme Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel, Barbara qui ont réveillé en moi cette envie de chanter. C’est un an après mai 68, que naissent mes premières chansons.




Quelle place occupe El Halia dans ton œuvre ?

Le 20 août 1955, ma famille a vécu un drame. Il y a eu dans mon village d’El Halia, en Algérie, un massacre de la population. J’ai réussi avec ma maman à échapper à la mort. Depuis mes 10 ans je vis dans la peur et je suis constamment à l’écoute du danger. Après de tels traumatismes, la chanson m’a permis d’aller à l’intérieur de moi-même, c’était comme explorer une autre mine. La chanson a été un outil très important pour me comprendre, pour calmer cette peur et exprimer des sentiments enfouis.

Quels ont été tes plus beaux souvenirs ?

L’Olympia le 1er juin 1983 car je n’aurais jamais pensé faire un jour l’Olympia !

Puis c’est avec Jean Louis Hourdin et sa compagnie de théâtre. Il a adapté mon livre, Le sable d’El Halia. Ce texte a été joué par un grand comédien, décédé aujourd’hui, Gérard Guillaumat. Il était tombé amoureux de ce texte qui résonnait en lui, au plus profond. Plus jeune il avait connu les camps de concentration, cette peur il la connaissait aussi. J’étais très fier que ma vie soit racontée et jouée au théâtre, c’est un grand souvenir.
Bien sûr, il y a aussi ma rencontre avec Léo ferré. Metz en Moselle, Léo était venu chanter à la foire-expo. Il était arrivé les mains dans les poches sans rien, il a dû jouer sur notre sono, j’ai fait la première partie et lui la partie vedette. Ce n’était pas un grand bavard, mais il a écrit une lettre à Eddy Barclay en me recommandant.

Propos recueillis par Clara Bouillon

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