L’orchestre philharmonique de Radio France : de Chausson à Bernstein

Présentation :

Léonard Bernstein

. Sérénade pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussions

Le début du concert, avec la Sérénade pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussions de Bernstein mise en valeur par le soliste Svetlin Roussev, était très agréable. Cette Sérénade, commande du violoniste Isaac Stern a été créée en 1954 à Venise avec l’orchestre philharmonique d’Israël, dirigé par Bernstein lui-même. Pour composer, Bernstein s’inspire souvent de grands classiques : on peut notamment faire référence à l’opéra Candide, inspiré du conte philosophique de Voltaire, ou à West Side Story, transcription du Roméo et Juliette de Shakespeare dans l’Amérique du XXème siècle. Pour sa Sérénade pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussions, Bernstein s’est librement inspiré du Banquet de Platon. Il s’agit d’un dialogue sur la nature de l’amour qu’il met en musique en cinq mouvements portant les noms des protagonistes.

Ernest Chausson

. Poème de l’amour et de la mer

Les textes du Poème de l’amour et de la mer sont deux poésies, “La fleur des eaux” et “La mort de l’amour”, extraites du recueil du même nom de Maurice Bouchor. Ces textes sont séparés par un interlude. Chausson, qui écrit à la fin du XIXème siècle est l’héritier de Wagner, qu’il admire tout particulièrement, mais aussi de Massenet et de Franck dont il a été l’élève. Le Poème de l’amour et de la mer appartient à la deuxième période de l’oeuvre de Chausson (traditionnellement divisée en trois parties). Durant cette période, on peut noter l’émergence d’un caractère dramatique marqué. Il compose de manière originale, souvent audacieuse, ce qui lui a demandé une longue gestation : il a mis près de dix ans à écrire cette oeuvre.

Léonard Bernstein

. Danses symphoniques de West Side Story

On ne présente plus West Side Story, la comédie musicale qui a connu un succès exceptionnel et qui tourne encore dans le monde entier. Cette version, qui dure une petite demi-heure, reprend les principaux thèmes de West Side Story, sans chanteurs. Bernstein a réduit sa comédie musicale pour lui permettre d’être jouée sans nécessiter les moyens qu’elle demande quand il y a des danseurs et des chanteurs. Il a particulièrement retravaillé les enchaînements entre les danses : on pourrait croire que la comédie musicale est un développement de ces Danses. La musique de Bernstein est fantastique. Il a su marier à merveille les influences classiques et celles du jazz. Le mambo de Bernstein a des rythmes très compliqués, ceux qui sont à la base des danses sud américaines. Le compositeur a parfaitement intégré toutes les composantes de cette musique et cela donne un résultat éclatant.

Le concert a commencé tranquillement avec la Sérénade pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussions interprétée par Svetlin Roussev. La Sérénade est assez douce mais cette douceur ne cache pas les difficultés de la partie du soliste. N’étant accompagné que par des cordes, le son de Svetlin Roussev passait très facilement au dessus de la masse de l’orchestre. Les percussions le soutenaient lors des moments un peu plus enlevés. On reconnaît le génie de Bernstein dans cette oeuvre qui s’inscrit dans une tradition classique (la référence de la sérénade est Mozart, et cette forme a été utilisée par quasiment tous les compositeurs), mais à laquelle il ajoute les éléments typiquement contemporains que sont les percussions. Que dire de l’interprétation de l’orchestre philharmonique de Radio France et de son soliste, Svetlin Roussev, qui frisait la perfection…

Le Poème de l’amour et de la mer a manifestement inspiré Debussy. Cette oeuvre est intrigante parce qu’il semble extrêmement difficile de mettre en musique les poèmes de quelqu’un d’autre. Il paraît évident que Maurice Bouchor a du être satisfait de cette adaptation. La musique met en valeur les textes et les illustre. Ceux qui ne sont pas particulièrement férus de chant sont séduits d’emblée par l’interprétation de Waltraud Meier de cette oeuvre qui est accessible facilement.

La dernière pièce interprétée par l’orchestre philharmonique de Radio France ne pouvait qu’enchanter le public. Le chef, Myung-Whun Chung, qui avait jusque là été assez discret a montré un autre visage. On sent que cette musique le rend particulièrement. Si on ne peut que l’admirer pour sa direction en général, ici c’est tout autre chose qu’il propose. On le sent détendu, habité par une musique qu’il connaît sur le bout des doigts et dans laquelle il a envie de faire dominer le plaisir, tant le sien et celui des musiciens que celui du public. On peut signaler la virtuosité du trompettiste qui a joué le thème très aigu et incroyablement difficile du “mambo” à la perfection. Tous les musiciens, et le chef, nous ont fait partager leur plaisir et, à la fin du concert, la salle était ravie.

Claire BARROIS

Pour écouter ce concert, rendez vous sur arteliveweb.com, où vous pourrez visionner l’enregistrement du 5 juin.

Prochain programme:

Concert donné dans le cadre du Prix France Musique-Sacem de la musique de film

Gabriel Yared :
– Le Patient anglais
– Eternity, création mondiale
Bernard Herrmann :
– La Mort aux trousses (musique écrite pour le film d’Alfred Hitchcock)
– Taxi driver (musique écrite pour le film de Martin Scorsese)
– Vertigo (musique écrite pour le film d’Alfred Hitchcock)

Interprètes : Gaëlle Mechaly, soprano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Pablo Heras-Casado, direction

Le 10 Juin 2009 à 20H30 à la Maison de Radio France, Salle Olivier Messiaen
Radio France
116, avenue du Président Kennedy
75016 Paris

Accès : * RER : Ligne C, Kennedy / Maison de Radio France
* Métro : Passy, Ranelagh, La Muette, Mirabeau
* Bus : 22, 52, 62, 70, 72
* Voiture : Parking Payant face à Radio France
Tél : 33 (0)1.56.40.15.16
Entrée libre dans la limite des places disponibles.