L’immense galaxie de Jeff Mills
Le mardi 5 Mai dernier sur France 3, Frédéric Taddéi invitait Jeff Mills sur le plateau de « Ce soir ou Jamais », pour une prestation tourbillonnante. Le débat, qui portait sur la loi contre le téléchargement illégal, a du intéressé J.Mills en coulisse, puisqu’il vient de mettre en ligne une partie de son œuvre, dont des créations inédites. Rappelons que le producteur très respecté de la Motor City est un fervent défenseur du vinyle, jusque là irréductible. Mills a utilisé ce support comme aucun DJ auparavant, faisant de la rotation du disque un élément inhérent et indissociable de l’œuvre, création musicale et plastique (« X-102 Rediscover The Rings of Saturn » avec Mike Banks, 1992). Et au fil de sa carrière, Mills a multiplié les projets dans lesquels il ouvre son horizon artistique.
Techno / Classique / Expérimentale
Jeff Mills a composé des classiques du genre Techno (« The Bells », « Gamma Player »), et a construit autours de son univers artistique de nombreuses connexions vers d’autres styles, d’autres pratiques, d’autres domaines. Tour à tour créateur d’installations (« Critical Arrangements » au Centre Pompidou de Paris, 2009), Visual Jockey (« Three Ages » de Buster Keaton, 2005), compositeur de musiques de film (« Metropolis » de Fritz Lang, 2000), Mills a aussi tenter de faire la liaison entre Classique et Techno…des instruments différents, mais une approche semblable. Au pont du Gard en 2005, il joue ses standards avec l’Orchestre Philharmonique de Montpellier. Ce projet intitulé « Blue Potential » évoque ce qui transcende l’œuvre de Mills : l’utopie et la science fiction.
Le créateur contemporain
Aujourd’hui, l’artiste pluridisciplinaire ne compte plus ses projets. Il compose de nouveaux titres et on devrait voir sortir dans les prochains mois des morceaux au format digital produit pour l’écoute et la programmation. Une nouvelle fois, il cherche un moyen d’aller plus loin, de mettre la musique en tension avec son espace/temps, et de donner à la musique de club une profonde dimension artistique. Il travaille alors sur l’usage de la 3D et de la spatialisation (il a fait des études d’architecture). Jeff Mills pourrait bien ainsi mettre les DJ sur les traces de la musique contemporaine, et dessiner la perspective d’une nouvelle Techno, comme d’une nouvelle manière pour les DJ de la jouer.
En attendant, il jouera entre autres à la Grande Nuit Electronique au LiFE (Lieu International des Formes Emergentes, situé dans l’Alvéole 14 de la base des sous-marins de Saint-Nazaire) le 9 Mai 2009, et le 3 Juillet 2009 à Genève au Weetamix.
François Vasseur
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...