Les Eurockéennes 2013 – Jours 3 et 4
Samedi: The Strypes, BRMC, Dinosaur Jr, Two Door Cinema Club, Fauve, Phoenix
En fin d’après-midi, direction l’Esplanade Green Room où sont programmés les Irlandais de The Strypes. Pas d’album à défendre pour les protégés de sir Elton John mais une bonne réputation live que Paul Weller ou Noel Gallagher n’ont pas manqué de relayer dans la presse britannique. A dire vrai, ces gamins ont un truc en plus, ce truc que les Strokes ou les Libertines avaient au début. Peut-être même plus. Sosie de Julian Casablancas derrière ses lunettes, Ross Farelly (chant) emballe le public des Eurocks avec quelques solos d’harmonica (Mystery Man ou She’s So Fine) et partage son micro avec Josh McClorey (guitare) le temps d’un refrain (I’m a Hog For You Baby), façon Barât/Doherty dix ans plus tôt. Chargé de com au sein du groupe, McClorey demande au public si “ça va” avant de préciser que c’est “la seule chose qu’il sait dire en français”. Pas grave, c’est avec les instruments que le groupe s’exprime le mieux et il le fait bien (Blue Collar Jane).
Après cette première grosse surprise, rendez-vous sur la Grande Scène où les BRMC présente Specter at the Feast. A entendre un spécialiste du groupe, « les BRMC ne sont pas faits pour jouer la journée. » Il disait vrai. Malgré une bonne entame (Let The Day Begin, Rival) et quelques anciens titres biens exploités (Six Barrel Shotgun), les Californiens jouent en mode pilote automatique comme les vétérans de Dinosaur Jr, modestement présentés avant le concert comme « l’un des plus grand groupe de rock du monde » sous les yeux de Pedro Winter à qui les Eurocks ont confié la scène de La Plage pour la journée. Amplis Marshall réglés à fond, J Mascis (chant/guitare) et ses sbires se contentent de balancer leur college rock en restant statiques du début à la fin. Un spectacle loin d’être attractif contrairement à celui de Two Door Cinema Club qui enfile les tubes comme des perles sur la Grande Scène (Sun, I Can Talk) avant de conclure sur What You Know. Avant que Phoenix ne clôture cette journée, il se passe quelque chose de surprenant devant le Club Loggia où la sensation Fauve est programmée. Comment un groupe qui n’a sorti qu’un EP et qui n’est pas signé peut-il attirer autant de monde? Si la curiosité est un facteur plausible, cela n’explique pas tout. Mais peu importe.
Devant une pelouse dont la jauge a explosé pour l’occasion, le collectif mène bien sa barque et n’a pas l’air d’avoir peur. De Sainte-Anne à Jennifer en passant par Blizzard et Haut Les Coeurs, Fauve légitime toutes les attentes. Concernant Phoenix, pas d’attentes mais des certitudes quant à la capacité des Versaillais à donner du spectacle. A minuit, Entertainment lance une affaire conclue d’avance qui se termine par une reprise du même titre… Un choix artistique et des habitudes (Thomas Mars saute dans la fosse) qui font passer le manque de risques du groupe comme une lettre à la poste.
Dimanche: Hyphen Hyphen, The Black Angels, Tame Impala, Blur
Toujours sous un soleil de plomb, ce dimanche démarre bien avec Hyphen Hyphen dont deux des membres jouent pieds-nus. Pas vraiment effrayés de jouer en premiers, les niçois se lancent gentiment avec une version longue de MVT II et invitent le public à danser sur Major Tom. A peine arrivés sur le site de Malsaucy, les Vaccines assurent de leur côté une séance shooting au bord du lac, rappelant leur admiration pour Blur qui joue le soir-même. Initialement prévus à 17h45 sur la Green Room, les londoniens ne joueront finalement qu’une heure plus tard, la faute à leur camion, bloqué à Belfort… Du coup, pendant que Blow It Up retentit au loin, les Black Angels commencent déjà leur remontée dans le temps sur la Grande Scène (Vikings) et ne tardent pas à lâcher une bombe dès le troisième morceau (Don’t Play With Guns). Adeptes de gros son, les texans installent l’apocalypse avec The Sniper et concluent sur le solide Bad Vibrations, idéal pour mettre le public dans de bonnes conditions avant Tame Impala.
Dans une ambiance flower-power plus proche de Glastonbury que celle de Rock En Seine (ici des drapeaux floqués d’une tête de mort flottent dans les airs), le quatuor de Perth fait dans le psyché (Solitude is Bliss) et fait sauter sur les premiers accords du génial Elephant. Plus tard dans la soirée, My Bloody Valentine ne connaît pas le même succès, devant seulement se contenter des miettes laissées par Blur que tout le monde attend.
Ça devait être LE concert du festival. Au final, la prestation des anciens tauliers de la brit-pop restera sans doute la plus mitigée malgré tout l’engouement autour. A la fin du concert, un constat revient avec insistance : « Me suis ennuyé pendant au moins une demi-heure. » Evidemment. Belfort n’est pas Londres et c’est peut-être sur ça qu’auraient dû se pencher Albarn, Coxon, James et Rowntree avant de reprendre une set-list inchangée depuis le début de cette tournée ultra-lucrative. Débuté tambour battant par Girls & Boys et Popscene, le show prend vite du plomb dans l’aile avec cette version paresseuse de Beetlebum et le début d’une interminable série de chansons tirées de « 13 », « Blur » et « Think Tank ».
Du tube, il y en a. Mais comment capter l’attention du public en enchainant Out Of Time, Trimm Trabb, Caramel et Tender? Impossible. Sauf les fans, peut-être. Dans une salle intime de Kensington, sûrement. Mais pas 25.000 personnes.
Si Graham Coxon et Alex James semblent être en vacances, Damon Albarn commence à s’agiter sur Country House qu’il chante debout dans la foule – harnaché par les mains de trois gorilles -, puis s’amuse à piquer des lunettes de soleil qui cacheront ses yeux écarquillés jusqu’à la fin de Parklife. Revenu à Belfort « après 18 ans », Blur repasse en revue ses débuts (This Is a Low, End of a Century) avant d’entamer un rappel de quatre titres où le nouveau Under The Westway sonne un peu creu par rapport à l’émouvant The Universal, joué avant le final Song 2 qui achève quatre jours de festival.
Olivier Cougot
Photos par DPC (http://www.wallendorff.com/)
Remerciements spéciaux à Ephelide
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