Les contes d’Hoffmann – Opéra Bastille
Cet opéra « sérieux » d’Offenbach met en scène le poète Hoffmann aux amours tragiques, poursuivi par le souvenir de trois femmes aimées qu’il retrouve en une seule, l’actrice Stella, triomphant actuellement sur scène. Le ténor italien, Giuseppe Filianoti, séduit toute la salle, incarnant un Hoffmann tendre et puissant, dévoré par l’amour et le désir, prêt à tous les sacrifices, conseillé par sa muse qui a pris l’apparence de son meilleur ami, Nicklausse. Ekaterina Gubanova enchante l’auditoire par sa magnifique prestation de l‘Amour vainqueur au deuxième acte, très saluée par le public.
Tous les thèmes traditionnels des nouvelles fantastiques sont repris et nourrissent l’opéra magistralement mis en scène par Robert Carsen : l’amour lié à la folie, la réincarnation de la femme idolâtrée révélant à chaque fois un nouvel aspect de sa personnalité, jeune fille innocente et pure, courtisane damnée et cupide, ou encore poupée articulée.
Le décor permet les rêves les plus fous. Le comptoir de la brasserie à proximité du théâtre, naît sous nos yeux, sortant du plateau. Aussitôt le choeur apparaît et entonne les chansons à boire menées par Giuseppe Filianoti, très drôle dans Kleinzach. Le diable, incarné à merveille par le baryton Franck Ferrari, orchestre le drame d’Hoffmann. Le diable qui cherche à acheter les âmes ou les reflets des hommes, les fantômes – vampires qui tentent de communiquer avec l’être aimé.
Jean Kalman aux lumières et Michael Levine judicieusement font flamboyer les spots alignés sur scène à chaque apparition. Le rouge de l’enfer éclaire le plateau. L’espace est découpé par une ligne horizontale créant un étage au deuxième acte. Naturellement, c’est là que surgit l’homme des ténèbres. Il communique avec les âmes ou les esprits et tente d’attirer à lui la jeune fille innocente, Antonia, interprétée avec grâce et pureté par Inva Mula.
Poupée articulée
Déchirante, la soprano émeut tout l’auditoire frissonnant. En effet, la scène très effrayante ranime l’esprit de sa mère qui l’appelle de tout son coeur. Au début du troisième conte, c’est dans la salle que régit le diable. On le voit ensuite diriger symboliquement l’orchestre symphonique qui a pris place sur la scène et surtout le drame qui se joue au-dessus. La courtisane damnée, interprétée avec grandeur par Béatrice Uria-Monzon, arrache le reflet du poète pour un collier de diamants.
Mais c’est la scène de la poupée articulée qui soulève le plus d’enthousiasme dans le premier conte. La soprano américaine Laura Aikin crée une Olympia époustouflante, drôle et grotesque voire lubrique. Ses gestes saccadés et déréglés d’automate, sa brutalité et son appétit sexuel naissant, sa haute stature écrasant de tout son poids le naïf Hoffmann sur une charrette remplie de foin en plein bal, provoque les fous rires de l’auditoire. Le metteur en scène s’est amusé avec son inventeur fou, incarné avec beaucoup d’humour et de gaieté par Rodolphe Briand. Par un jeu de télécommande, il dirige la poupée tandis que celle-ci tâche de gagner son autonomie en criant « oui, oui ! », les seuls mots qu’elle sache dire ! La scène de la valse est désopilante et son apparition dénudée aussi !
Beaucoup d’émotions et de bonheur conjugués pour ces Contes d’Hoffmann !
Marie Torrès
Lire aussi sur Artistik Rezo, la critique d’Edouard Brane.
Les contes d’Hoffmann
Direction musicale Jesus Lopez-Cobos
Mise en scène Robert Carsen
Décors et costumes Michael Levine
Lumières Jean Kalman
Mouvements chorégraphiques Philippe Giraudeau
Chef de choeur Patrick Marie Aubert
Orchestre et choeur de l’Opéra national de Paris
Mai 2010 : Vendredi 7 à 19h30, Dimanche 9 à 14h30, Mercredi 12 à 19h30, Lundi 17 à 19h30, Jeudi 20 à 19h30, Dimanche 23 à 14h30, Mercredi 26 à 14h30, Samedi 29 à 14h30
Juin 2010 : Mardi 1er à 19h30, Jeudi 3 à 19h30
Tarifs : 5€, 9€, 20€, 35€, 54€, 76€, 92€, 116€, 138€
Réservations : 08 92 89 90 90
Opéra Bastille
Place de la Bastille
75012 Paris
Métro Bastille (lignes 1, 5 et 8)
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