Les Brigands – Offenbach – Opéra Comique
Selon les dires, la production des Brigands d’Offenbach en 1993 à l’Opéra Bastille souffrait d’un espace trop large pour un opéra bouffe de proximité. En la découvrant cette année à l’Opéra-Comique, on ne peut qu’aisément comprendre pourquoi. L’aspect théâtral qui découle de la mise en scène de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps en est la principale raison. Chez les créateurs des Deschiens, il faut être attentif au moindre mouvement, à la moindre mimique tout comme au plus petit détail.
Un exercice difficile mais d’une jouissance magique, surtout quand il s’agit du panache « Offenbachien ». Ce qui était alors leur première mise en scène lyrique vient le confirmer. On peut en effet noter deux types de jeux scéniques: celui des acteurs-chanteurs et celui dit des « Deschiens ». Parmi cette dernière troupe, presque tous sont présents dans cette production tonitruante, toujours dotés de leurs physiques affables et fragiles. Jean-Marc Bihour évolue constamment entre un chef d’orchestre, un carabinier, un serveur et un toréador tandis que Luc Tremblais et François Toumarkine font deux parfaits brigands. Robert Horn quant à lui se joue subtilement du travestissement en enfilant les habits d’une jeune serveuse et d’une fille de cour, ce qui le change de son mélancolique et touchant Monsieur Royal vu au même endroit dans Les mamelles de Tirésias. A leur côté, la distribution lyrique est précisément sélectionnée pour du Offenbach. Les deux à le mieux s’en sortir étant le Falsacappa d’Eric Huchet et surtout le comte de Gloria-Cassis de Philippe Talbot, parfait espagnol qu’on rêverait d’entendre dans l’air du Brésilien tiré de La Vie Parisienne.
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Une direction « à la Wagner »
Après avoir tourné le dos aux chanteurs dans Mignon l’année dernière, le chef d’orchestre François-Xavier Roth a cette fois-ci opté pour une position proche de la rambarde avec le maximum d’instruments tournée vers le plateau, comme lorsqu’on a commencé à diriger Wagner à Paris. Selon lui, « ceci permet une meilleure précision, une plus grande vivacité en lien avec le mouvement théâtral, une meilleure imbrication des tempi entre fosse et plateau et un mélange des timbres plus harmonieux ». Pour l’auditeur, cette force ajoutée pour du Offenbach permet de lutter contre la chaleur accablante de la salle, voir même de l’oublier au profit d’une direction enivrante. Le final de l’acte I tout comme l’arrivée de la cour espagnole dans l’acte II en sont les meilleurs exemples. Le décor et les costumes viennent ajouter du piquant au livret quelque peu contemporain (DSK ferait un parfait Caissier), voir même avant-gardiste de Shrek et surtout de La véritable histoire du chat botté réalisé par le même Jérôme Deschamps. L’Opéra-Comique cloue donc sa saison 2010-2011 dans la bonne humeur après une année éclectique entre opéra baroque, romantique et moderne. Rendez-vous maintenant en janvier prochain pour une saison 2011-2012 raccourcie pour cause de travaux mais qui apparaît tout aussi réjouissante.
Edouard Brane (Twitter)
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