Leon Fleisher et François-Frédéric Guy – Opéra Comique
Deuxième concert de la saison à l’Opéra Comique de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France en formaton d’orchestre de chambre. Mozart est encore à l’honneur, mais dans une interprétation bien différente de la dernière fois avec Ton Koopman.
Avec Leon Fleisher, les cors et les trompettes sont à pistons, et les claviers sont des pianos Steinway. On remarque également une disposition scénique qui n’est pas coutumière de cet orchestre, puisque les seconds violons jouent à droite, face aux premiers.
Le Triple Concerto pour piano est une œuvre de jeunesse de Mozart, il porte le numéro sept. La troisième partie de piano, qui se cantonne à une fonction d’accompagnement, est tenue par Leon Fleisher, qui semble avoir retrouvé l’usage de sa main droite. La première et la deuxième, par Alon Goldstein et François-frédéric Guy, tout deux anciens élèves du maître américain. Les trois pianistes tournent le dos au public, et l’orchestre est réduit (seulement deux hautbois et deux cors, comme souvent dans les partions de jeunesse de Mozart).
Le son des trois pianos fusionne au point qu’il est parfois difficile de les distinguer. Dans cette œuvre assez légère, l’orchestre se débrouille parfaitement seul, Leon Fleisher se lève pour donner quelques départs, mais tout le monde semble dérouler facilement sa partie.
Le fameux Concerto n°21 en Ut Majeur est une œuvre autrement plus intéressante, écrite un an avant les Noces de Figaro.
François-Frédéric Guy est au piano, Leon Fleisher à la baguette, assis devant un orchestre garni de quelques instruments supplémentaires (deux trompettes, deux bassons, et timbales).
C’est une exécution globalement magnifique. Chaque mouvement est admirablement conduit dramatiquement. Nous sommes pris. Le jeu des cordes, qui n’hésitent pas à produire du vibrato, et à profiler ainsi chacune de leurs phrases, y est pour beaucoup. Le jeu très posé du pianiste, d’une grande finesse, semble procéder par applats de couleurs successives. C’est un Mozart d’une unité suave.
Les cadences du premier et troisième mouvement sont composées par Marc Monnet, compositeur connu pour son goût du théâtre musical, du jeu, son humour, et l’usage d’un certain kitsch. Cet exercice périlleux est plutôt réussi, la faute de goût étant dans ce domaine irrémissible. La première est écrite comme une petite suite de variations sur le même thème, utilisant, dans tout l’étendue du clavier moderne, des objets harmoniques du concerto, mais en les opposant de façon atypique, en accentuant certains traits, comme l’usage du trille ou du glissando. La seconde cadence, dans le même registre, est plus sage.
Très applaudi, le soliste donne un bis qui ressemble de près aux cadences.
Dans la Symphonie Haffner n°35, nous pouvons mieux évaluer le talent exceptionnel de Leon Fleisher. Le petit orchestre est ramassé autour de lui, les pupitres sont serrés au maximum. L’unité et le parcours dynamique sont admirablement rendus. Le chef américain, quatre-vingt quatre ans, assis et économe de ses gestes, fait penser aux vidéos du vieux Klemperer dirigeant le Philharmonia, que tout le monde peut voir aujourd’hui sur le net : une posture à la fois très peu mobile du corps, et une vivacité remarquable de l’orchestre et de la musique. Les contrastes dynamiques obtenus aux cordes sont absolument saisissants.
Ovation du public de l’Opéra Comique.
Leon Fleisher – Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour 3 pianos et orchestre n°7
Concerto pour piano n°21 K.467 (avec les cadences de Marc Monnet*)
Symphonie n°35 “Haffner”
François-Frédéric Guy, piano
Alon Goldstein, piano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Leon Fleisher, piano et direction
Coproduction Opéra Comique / Radio France
Samedi 11 février 2012 à 20h
Tarifs : 45, 35, 25, 17 et 10 €
Opéra Comique
75002 Paris
M° Richelieu-Drouot ou Quatre-Septembre
[Crédit photo : Guy Vivien]
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