L’écologie dans la culture d’après Maxime Noly : le Woodstower Festival, un nouveau modèle de réussite
Le Festival Woodstower célèbre cette année son 25e anniversaire. Né en 1998 dans les bois enchanteurs de la Tour de Salvagny, ce festival puise son essence sur les mêmes valeurs du symbole emblématique de la contre-culture des années 60, Woodstock. Engagé et empreint d’un esprit de communauté, le Woodstower nous fait rêver : la musique te la culture se rencontrent dans une harmonie parfaite.
Chaque fin d’été, le festival s’installe entre les buissons du Grand Parc Miribel Jonage, à seulement 20 minutes de Lyon, pour célébrer la liberté d’expression, l’inclusion des habitants, et la mixité sociale. Il donne voix à l’émergence artistique tout en prônant des valeurs écologiques et le développement local. Pendant quatre jours, les festivaliers profitent d’un camping sur place et se laissent emporter par la magie du vivre ensemble. En discutant avec Maxime Noly, directeur passionné du festival depuis 2011, nous découvrons les secrets et les coulisses de l’organisation du Woodstower, surtout pour discuter de son ADN écologiquement responsable et socialement inclusif.
Depuis combien de temps avez-vous mis en place des initiatives écologiques ?
« Nos engagements remontent à l’origine du projet. Dès le début, notre objectif était de minimiser autant l’impact sur l’environnement que sur l’être humain. Cette démarche est une composante essentielle de notre organisation et guide nos décisions. Nous travaillons sur plusieurs fronts : le tri des déchets, la biodiversité régionale, la réduction des émissions de carbone, le transport, l’alimentation, la consommation d’eau, tout en optimisant l’impact sur les habitants du territoire. Nous nous considérons également comme un chantier d’insertion sociale. Nos partenariats avec les structures socio-culturelles de la région Rhône-Alpes représentent 80 % de nos collaborations. »
C’est inspirant de voir un festival qui s’engage écologiquement. La scénographie est une source majeure d’émissions de carbone dans la culture et c’est un vrai sujet de débat. Comment abordez-vous ce défi dans vos pratiques ?
« Nous prenons en charge la scénographie du site du festival en collaborant avec un scénographe et des bénévoles pour mettre tout cela en œuvre, toujours à base de matériaux éco-sourcés réemployés à chaque nouvelle édition. Cela nécessite du travail pour réinventer les décors, mais nous parvenons souvent à créer de nouvelles installations à partir de matériaux existants. Cette pratique nous permet de tisser des liens avec les acteurs locaux, en collaborant avec des ressourceries comme Minka ou en mutualisant des ressources avec la Métropole de Lyon. Par exemple, les bâches utilisées pour habiller les barrières ont été fabriquées il y a plusieurs années et sont réutilisées à chaque édition avec un nouveau design. »
Quel est votre plan de gestion des transports ?
« Nous sommes très fiers de notre partenariat avec la Métropole de Lyon, qui joue sur plusieurs fronts. Grâce à eux, nous pouvons organiser des navettes spécifiques pour les festivaliers et prolonger les horaires du métro, facilitant ainsi l’accès non seulement pour les habitants de la métropole, mais aussi pour ceux du département voisin de l’Ain.
Il est également plus simple pour nous de prévoir les types de transport utilisés, car 85 % de notre public vient de la région, tandis que le reste arrive en train depuis d’autres régions de France. Pour cela, nous mettons en place une borne Vélo’V temporaire durant le festival.
Pour les artistes, nous avons établi une charte éthique, transmise directement aux équipes de production qui engagent l’équipe aux valeurs et aux engagements du festival. Il y en quand même quelques points qui ne sont pas abordés. Par exemple, nous ne contraignons pas les artistes à limiter l’utilisation de l’avion, car cela représente une faible part de notre bilan carbone. Nous accueillons très peu d’artistes internationaux et encore moins de festivaliers internationaux. Sur une programmation principalement composée de musique électronique, seulement 3 à 4 artistes viennent en jet privé. Il s’agit donc de trouver un équilibre, de toujours mettre en contexte nos actions et de prioriser nos engagements écologiques en alignement à notre fonctionnement. »
Avez-vous pu évaluer le bilan carbone au fil des années pour mesurer l’impact de ces initiatives ?
« Toujours en partenariat avec la Métropole, un nouvel outil a été mis en place cette année pour toutes les structures du territoire. Nous effectuons un suivi annuel et utilisons un tableau de bord, en collaboration avec notre Coordinatrice du Développement Durable, pour évaluer tous les aspects à traiter afin d’organiser un festival le plus durable et le moins impactant possible. Des indicateurs de suivi nous permettent de mesurer l’évolution des initiatives et d’identifier les actions concrètes à mettre en place pour améliorer nos pratiques et continuer à réduire notre bilan carbone. »
Votre engagement envers le territoire est largement reconnu et contribue à votre réputation de festival dynamique avec des initiatives culturelles et sociales uniques. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
« Cet engagement est véritablement ancré dans notre ADN et se manifeste de plusieurs manières. Économiquement, nous travaillons exclusivement avec des prestataires locaux. Artistiquement, 40% de notre programmation provient de la scène musicale locale. Nous collaborons régulièrement avec des communes pour proposer des initiatives artistiques renouvelées, des concerts, et des scènes ouvertes. Cela permet au public de continuer à découvrir de nouvelles pratiques artistiques, tout en attirant plus de personnes à découvrir le festival. »
Vous collaborez aussi de manière très proche avec des structures socio-culturelles du territoire, comment est-ce que cela se passe ?
« Nous collaborons avec des MJC, des centres sociaux, des centres d’accueil de réfugiés, des bibliothèques, des écoles de musique, des mairies, des associations de réinsertion pour personnes en situation d’addiction, des écoles primaires et des collèges. Notre objectif est de partager avec la communauté tout en promouvant l’inclusivité et la mixité sociale. Nous visons également à favoriser la découverte et l’accessibilité culturelle, tout en maintenant une relation étroite avec le territoire. »
Quel a été le déclic de cette démarche ?
Nous avons dû adapter notre activité pour accompagner des petits formats dans les territoires et ainsi renouer des relations plus proches avec les habitants grâce à nos propositions culturelles. Nous avons toujours cherché à aller à leur rencontre, et cela a commencé avec le Woodstour, où nous proposions des initiations, des concerts, et des scènes ouvertes. Au fil des années et grâce aux partenariats, nous avons pu développer de nouveaux projets tout au long de l’année, favorisant et accompagnant l’émergence artistique de manière continue. »
Parvenez-vous à évaluer l’impact humain de ces activités ?
« Nous commençons par analyser nos propres équipes en évaluant annuellement le nombre de bénévoles, leur évolution, ainsi que leur profil pour identifier d’éventuelles synergies. Nous examinons également chaque année le nombre de partenariats afin de mesurer l’engagement des structures socio-culturelles dans nos activités, et combien d’entre elles participent effectivement au festival. Ces données indirectes nous offrent un aperçu significatif de l’évolution de notre public et du développement de notre événement. »
Quelles sont les activités et les tendances que vous observez en matière de participation du jeune public ?
« D’une année à l’autre, nous avons progressivement augmenté nos partenariats avec des structures pour accueillir des groupes lors de trois visites différentes, dans le but d’initier les jeunes à l’organisation d’un festival à travers des podcasts et des ateliers. Les enfants âgés de 6 à 13 ans montrent un intérêt marqué et une forte participation, ce qui nous permet de les familiariser avec le monde de la culture tout en les impliquant dans le festival en tant que bénévoles, employés ou membres du public. »
C’est vrai que c’est toujours très attractif de savoir ce qu’il se passe derrière les coulisses d’un festival. Que pouvez-vous dire sur ce les nouveautés qu’on a pu voir cette édition ?
« Du point de vue de la programmation et de l’expérience globale, nous avons introduit une nouvelle scène entièrement dédiée à une esthétique rétro appelée la Boom. Cette scène propose des tubes des années 90 et 2000, du karaoké, une décoration à l’américaine, des stands de tatouages et des installations immersives. De plus, nous avons prévu une fête dans un container avec des DJ sets en petit comité et une expérience lumineuse immersive. Nous avons également organisé une balade à vélo menant à un concert intimiste dans un coin isolé du parc, pour les plus aventurieux et curieux ! L’édition a été prometteuse ! »
Interview réalisé par Farida Mostafa
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