Le Poisson Clown : “La musique est le moyen d’expression artistique le plus noble”
Rencontre avec Le Poisson Clown, ou Romain pour les plus intimes, jeune disc-jockey émergent et ambitieux de la région bordelaise. Artiste aux diverses inspirations, il vous donne ses conseils pour démarrer et vous confie sa vision de la musique.
Pour ceux qui te découvrent, qui es-tu et pourquoi ce nom ?
Je m’appelle Romain, j’ai 24 ans et ça fait 10 ans que j’ai commencé à mixer. Mon nom de DJ vient de mon nom de famille, c’est la traduction française du hollandais “Riem-Vis” et c’est aussi, blague à part, le seul poisson immunisé au poison des anémones.
Raconte-nous un peu ton parcours. Comment as-tu commencé la musique en général et comment en es-tu arrivé à la musique électro ?
J’ai toujours été passionné par la musique, peu importe le genre. J’écoute vraiment tout style de musique, je trouve que c’est le moyen d’expression artistique le plus noble, qui permet réellement de transmettre des émotions. J’ai commencé par mixer de la drum and bass, de la dubstep, du breakbeat et au fur et à mesure du temps, mes goûts pour la house et la techno se sont développés.
Comment définirais-tu ton style ? Quelles sont tes inspirations ?
Aujourd’hui, je mixe beaucoup de minimale orientée house ou techno selon l’occasion et le lieu. Je dirais que le groupe qui m’a le plus influencé est BadBadNotGood, notamment avec le morceau The World Is Yours. Les morceaux que je joue et que je produis ont des sonorités jazz et dub, c’est ce qui me parle le plus mais je reste totalement ouvert aux autres styles. Je produis notamment des instrumentales hip-hop et trap pour mes amis qui rappent et ça m’arrive aussi de monter sur scène avec eux en tant que DJ.
Pour les jeunes DJs qui débutent, quel matériel conseillerais-tu ?
Si tu débutes dans la musique, il faut déjà te poser la question de combien d’argent es-tu prêt à mettre niveau matériel. En effet, on y dépense très rapidement toutes ses économies. Pour un DJ qui débute, je conseillerais d’acheter deux platines Technics MK2 d’occasion avec une table de mixage Traktor Kontrol Z2. Ainsi, pour pas trop trop cher, tu peux mixer aussi bien des vinyles que du digital en timecode. Si tu veux produire de la musique, voici le starter pack du beatmaker pour petit budget : un instrument acoustique, à toi de voir quel instrument te fait vibrer, une boîte à rythme MPC, la valeur la plus sûre, une carte son Scarlett de chez Focus Right fera l’affaire, un micro Rode NT2, un clavier MIDI KeyStep de chez Arturia et une paire d’enceintes de studio Yamaha HS7.
D’après ton expérience, comment se fait-on connaître dans ce milieu ?
Dans le milieu musical, et comme tout autre milieu artistique d’ailleurs, c’est difficile de se faire remarquer, il y a tellement de producteurs et de DJs. Il n’y a pas de solution magique pour devenir connu, mon conseil est de faire ce qui te fait vibrer, ne pas suivre la tendance mais tes goûts, c’est avant tout pour toi que tu le fais. Si tu veux développer une fanbase, il est essentiel d’être super actif et productif sur les réseaux sociaux. Malheureusement ce n’est pas mon cas, j’ai toujours été en quelque sorte repoussé par l’idée de me vendre, de faire des compromis avec mon image pour réussir. Je pense que si tu restes intègre et que tu fais de la bonne musique, un jour la chance te sourira.
Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer ton propre label, Miniclic ?
Je travaille avec beaucoup d’artistes talentueux et j’ai donc pris l’initiative de lancer ce label qui veut promouvoir des artistes émergents, avec du potentiel, qui n’ont pas forcément les moyens de partager leur musique efficacement.
Y a-t-il un message que tu veux partager à travers ta musique ? Qu’est-ce qui te motive à continuer ?
L’industrie musicale est une industrie comme une autre où les gros ramassent le gâteau et les petits les miettes. Pour beaucoup d’artistes, il est très difficile de gagner assez d’argent pour vivre. J’aimerais beaucoup qu’une sorte de responsabilité collective naisse, je ne trouve pas normal que sur une même soirée, le DJ local qui fait le warm-up touche 100 euros et la tête d’affiche 5000 euros. Je pense que c’est notamment aux bookers d’être responsables et de considérer chaque artiste à sa juste valeur. En tant qu’organisateur de soirées, je veille à mon échelle, à faire du mieux possible pour y remédier mais ce n’est qu’ensemble et unis qu’on réussira. J’aimerais aussi beaucoup qu’une économie plus verte et responsable soit intégrée à l’industrie événementielle et musicale.
Pour finir, as-tu des projets en cours ou à venir ?
En ce qui concerne mes projets à venir, je me concentre sur mon label. J’espère qu’on pourra continuer à partager notre musique le plus longtemps possible et que la promotion effectuée pour nos artistes payera.
Retrouvez toutes les musiques de Le Poisson Clown ici.
Découvrez également Alamer, un track du premier vinyle du label Miniclic, VA001.
Propos recueillis par Léa Héron
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