Le Fantasio merveilleux de Thomas Jolly à l’Opéra Comique
Fantasio De Jacques Offenbach Mise en scène de Thomas Jolly Avec Marianne Crebassa, Franck Leguérinel, Marie-Ève Munger, Jean-Sébastien Bou, Loïc Félix, Alix Le Saux, Philippe Estèphe, Enguerrand de Hys, Kévin Amiel, Flannan Obé, Bruno Bayeux En alternance à 20h ou 16h Tarifs : de 6 à 135 € Réservation en ligne Durée : 2h Théâtre du Châtelet M° Châtelet |
Jusqu’au 27 février 2017
Le flamboyant metteur en scène de théâtre Thomas Jolly s’attaque à un opéra en trois actes de Jacques Offenbach inspiré de la comédie d’Alfred de Musset. Entouré d’une équipe de jeunes artistes et d’un chef d’orchestre très inspirés, il signe une véritable réussite, poétique et comique, grâce notamment à la mezzo-soprano Marianne Crebassa, éblouissante dans le rôle-titre, qui brûle les planches. La vérité est du côté des fousC’est Paul de Musset, le frère du poète, qui fit de Fantasio un livret d’opéra dont Jacques Offenbach, lassé des bouffonneries de l’opérette, se saisit pour le créer à l’Opéra Comique en 1872. Il y avait dans cette œuvre tout ce dont rêvent les artistes romantiques : un héros désabusé, cynique, qui rêve de changer de vie, criblé de dettes et qui rencontre dans une Allemagne médiévale une princesse promise à un affreux mariage pour satisfaire les traités de paix de son vieux père. Elle pleure son seul ami et confident, le fou du Roi, alors que le malicieux Fantasio se métamorphose en bouffon pour pouvoir séduire la princesse et la détourner de ce mariage diplomatique. Une œuvre maudite En 1872, en pleine guerre entre la France et la Prusse et alors que les Français subissaient une défaite à Sedan, Fantasio fut retirée de l’affiche au bout de 10 représentations, un flop dramatique terrible pour Offenbach. Pire encore : la partition brûla dans l’incendie de la Salle Favart et il fallut une infinie patience en 2013 pour la reconstituer, orchestrée ici avec brio par Laurent Campellone. Aujourd’hui, Thomas Jolly et son dramaturge Alexandre Dain l’ont actualisée et en ont fait un véritable conte de fées aux allures de bande dessinée dominée par une famille princière et animée par une bande de poètes fous, très gais, épris d’amour, d’amitié et de vin, pour lesquels la vie ne vaut d’être vécue qu’à condition de grandes actions et de gestes généreux. Scénographie en noir et rose Thibaut Fack a imaginé un décor mobile et graphique, qui permet de jouer avec les contrastes de lumière et de faire circuler le chœur et les chanteurs de manière ludique et enfantine. Le Fantasio de Marianne Crebassa est un pierrot lunaire délicieusement mélancolique, long corps androgyne rayé de noir et de blanc, cheveux noirs plaqués et yeux cernés de charbon. La voix est chaude, follement suave, la diction précise doublée d’un talent de comédienne avéré pour un rôle qui mêle les parties chantées et parlées. Gracieuse et mutine, tendre et caustique, la jeune chanteuse est tout simplement formidable dans ce rôle de paumé au grand cœur, qui vire au bouffon du Roi avant d’échouer en prison, arlequin de commedia dell’arte qui séduit les princesses incomprises. Une brochette de personnages attendrissants Franck Leguérinel dans le rôle du Roi de Bavière, moustaches d’argent et posture d’amiral, Marie-Ève Munger dans celui de la rousse Princesse Elsbeth, hystérique et ardente, Jean-Sébastien Bou dans l’inénarrable Prince de Mantoue ainsi que Philippe Estèphe (Sparck), Flannan Obé (Hartmann), Loïc Félix (Marinoni), Alix Le Saux (la gouvernante), Kévin Amiel (Max), Enguerrand de Hys (Facio), Bruno Bayeux avec le chœur de l’Ensemble Aedes sont remarquables de vivacité et de théâtralité. Et c’est tout le talent du metteur en scène et son équipe, avec le très beau décor du deuxième acte, ses ballons fluorescents et ses clins d’œil aux bulles de dessins animés, de rendre cet opéra cocasse et captivant. La musique, elle, conjuguant allègrement le romantisme et la fantaisie bouffe, nous offre de très heureux moments dont les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et les chanteurs se saisissent avec un pur bonheur. Hélène Kuttner [Photos © Pierre Grosbois] |
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