Le Couronnement de Poppée – Monteverdi – Opéra Garnier
Jusqu’au 30 juin 2014
Nouvelle production du Couronnement de Poppée, fascinante de pureté dans la mise en scène de Robert Wilson, dirigée par le chef italien, Rinaldo Alessandrini.
Karine Deshayes, si vivante d’ordinaire, semble comme “statufiée”.
Le Couronnement de Poppée est le dernier opéra de Monteverdi. Après la création de l’Orféo, premier opéra du genre, le Couronnement fait alterner sur un rythme très lent airs et récitatifs. Aussi, Bob Wilson, comme à l’accoutumée, crée des tableaux somptueux qui se succèdent dans des décors stylisés. Tout est sublimé. Si les chanteurs sont figés dans des postures baroques, les éléments du décor créent un dynamisme en apparaissant et disparaissant sans manipulation visible : des colonnes surgissent du sol, s’enfonçant comme par magie dans le sous-sol de la scène, pour réapparaître ailleurs dans une autre scène. Des sacs, des buissons, des arbres se déplacent mystérieusement créant l’étrange et la fascination. Le fond de scène pastel varie en nuances avec une lumière horizontale au centre qui symbolise l’âme des personnages. Elle s’intensifie au gré des émotions à peine perceptible sur le visage des chanteurs. On se croirait tantôt dans un Rothko, tantôt dans un Dali avec par exemple un débris de colonne gigantesque pour symboliser le palais de l’empereur romain.
Tout est ligne, verticale ou horizontale, découpant l’espace dans lequel les chanteurs évoluent selon les règles baroques, le visage blanchi, illustrant par la posture du corps et des mains le propos. Les domestiques, par leurs contorsions et gestuelle de pantomime, contrastent avec les nobles hiératiques.
Karine Deshayes campe une superbe Poppée. Quoique la magnifique mezzo-soprano envoûte par la douceur et la puissance de sa voix, elle semble emprisonnée dans un carcan. Déterminée face à Néron (Jérémy Ovenden) ou impitoyable à l’égard d’Othon (Varduhi Abrahamyan). Le ténor manque un peu de charisme tandis que la soprano en amoureux évincé est tout à fait convaincante. Sénèque (Andréa Concetti), superbe basse, est très imposant. Monica Bacelli incarne une magnifique Octavie aux allures de duègne frigide, gagnée par la jalousie. Gaëlle Arquez en Drusilla, lumineuse et pétillante, a été chaleureusement applaudie tout comme la nourrice (Giuseppe de Vittorio).
Marie Torrès
Le Couronnement de Poppée
Monteverdi
Opéra en un prologue et trois actes (1643)
Direction musicale, Rinaldo Alessandrini
Mise en scène et décors, Robert Wilson
Jusqu’au 30 juin 2014
Palais Garnier
75009 Paris
[Crédit Photos : Opéra national de Paris/Andrea Messana]
Articles liés
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...
Térez Montcalm, la plus rock des chanteuses de jazz, en concert à Paris au Café de la Danse
Térez Montcalm est une figure incontournable de la scène jazz canadienne, reconnue pour son talent vocal exceptionnel et son approche novatrice de la musique. Née à Montréal, cette artiste a su s’imposer grâce à une voix puissante et expressive,...