Le Barbier de Séville – Opéra Bastille
Le Barbier de Séville de Coline Serreau est un enchantement. Il transporte dans l’univers mauresque de Séville. Les décors somptueux fascinent par tant de beauté et de raffinement.
Le premier tableau dans la pénombre de la nuit fait découvrir la façade d’une maison typique au balcon finement ouvragé abritant la jolie Rosine, enfermée. Le jeu des lumières évoque les célèbres tableaux de Dali. Le palais apparaît dans toute sa splendeur, assis majestueusement sur toute la scène. De part et d’autre, différentes mosaïques ornent les murs, un étage, des escaliers, en symétrie permettant des jeux de scène, une terrasse. L’entrée est sagement verrouillée à triple tour et le tour de clés résonne symboliquement dans toute la
salle. Le Comte Almaviva déguisé en soldat ivre sur les conseils oiseux de Figaro y pénètre comme un loup dans une bergerie. Il veut conquérir la jeune Rosine retenue par un tyran, son tuteur aux allures de Ben Laden. Celui-ci très amoureux compte l’épouser pour sa fortune et ses beaux yeux.
Immense grille dorée
La mise en scène pleine d’humour et de clins d’oeil fonctionne admirablement. C’est une véritable comédie aux caractères peints avec fantaisie et gaieté. Les costumes magnifiques, gais et colorés ajoutent à l’esprit de comédie et au burlesque. Amples et aérés, les sarahouels exotiques rappellent la forte chaleur de l’Andalousie.
Karine Deshayes en Rosine est exceptionnelle. L’amour lui donne des ailes et elle revendique sa liberté avec malice. La Mezzo-Soprano émerveille, sa voix sublime émeut toute la salle, séduite par tant de douceur et de virtuosité. Avec grâce, elle se soustrait à l’autorité tyrannique de son tuteur. Elle déchirera la superbe et immense grille dorée descendue avec puissance sous nos yeux.
L’amour fait naître l’esprit chez l’héroïne. Elle écrira des pages au Comte. De nombreuses trouvailles ingénieuses soulignent symboliquement le propos : la jeune femme entame la longue marche de son sexe vers la liberté. De rage, contre Almaviva, elle détruira tout le magnifique décor de sa prison dorée. Elle arrache des tapis, jette des coussins, des poufs. Elle ôtera aussi – les tuniques permettent la superposition – sa tenue de pupille pour laisser apparaître un ensemble blanc, symbole de virginité, d’innocence et de liberté.
Des palmiers sur la scène
Le barbon Bartholo, extrêmement drôle, pathétique et enragé, ravit. Avec force, Alberto Rinaldi incarne joyeusement un vieillard amoureux désespéré n’ayant plus de prise sur le monde qui l’entoure.
Tous les chanteurs ont un jeu très physique de comédien. La mise en scène, orchestrée et dynamique, multiplie les jeux de scène.
Almaviva, fort de son rang et de sa fortune, est un conquérant, un sauveur. Le ténor Antonino Siragusa est merveilleux. Quelle espièglerie, quelle vivacité, quelle joie de chanter ! Sa voix enchante et chacun est sous le charme. On aimerait toutes être Rosine quand il chante sous son balcon ! La simplicité et la force de son amour font de lui un personnage courageux, qui n’hésite pas, cependant, à se faire connaître en sortant ses papiers pour se faire obéir !
Figaro et Berta ont été très applaudis. Le fils et la mère qui ne l’a pas encore reconnu. Le décor final réserve bien des surprises : des palmiers poussent sur toute la scène aride devenue oasis et jardin d’Eden.
Marie Torrès
Le Barbier de Séville
OPERA BUFFA EN DEUX ACTES (1816)
MUSIQUE DE GIOACCHINO ROSSINI (1792-1868)
LIVRET DE CESARE STERBINI D’APRÈS LA COMÉDIE DE PIERRE-AUGUSTIN CARON DE BEAUMARCHAIS
En langue italienne
Mise en scène : Coline Serreau
TARIFS
138€ 116€ 92€ 76€ 54€ 35€ 20€ 9€ 5€
INFORMATIONS / RÉSERVATIONS
Téléphone : 08 92 89 90 90 (0,337€ la minute)
Internet : www.operadeparis.fr
Guichets : Palais Garnier et Opéra Bastille, tous les jours de 10h30 à 18h30 sauf dimanches et jours fériés
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