Lars Vogt et Mikko Franck – Salle Pleyel
C’est au pied levé que le jeune chef d’orchestre finlandais (encore un) Mikko Franck est venu remplacé Myung-Whun Chung, souffrant. Ce chef de 32 ans, directeur musical de l’Opéra de Finlande depuis quatre ans, a été invité dans de nombreux théâtres lyriques, le MET, Covent garden, la Monnaie, les Chorégies d’Orange… C’est donc visiblement un spécialiste du répertoire lyrique.
Après une longue attente, les musiciens entrent en scène. Lars Vogt s’impose immédiatement par un jeu subtil et aérien. Le chef, quant à lui, a un charisme évident, mais ne peut rien contre quelques défauts de synchronisation dans le premier mouvement. Le pianiste semble parfois vouloir emmener derrière lui l’orchestre tout entier, tant il s’engage corporellement, mais le chef ne transmet pas toujours les mêmes intentions.
Le deuxième mouvement (sur quatre) est une des grandes originalités de ce concerto, puisqu’il s’agit d’un scherzo. Assis sur une chaise qu’il est allé chercher, Mikko Franck semble retenir le tempo dans les passages sans piano, mais Lars Vogt relance la dynamique dès que le piano réapparaît. Cela fonctionne bien, mais on n’est pas certain que cela ait été concerté par les deux musiciens. Le thème solaire du trio est pris dans un tempo rapide et sec, mais le pianiste est ensuite magnifique de sonorités feutrées dans ses octaves agiles et furtives.
Le troisième mouvement, un Andante, opère une nette progression dans la cohésion d’ensemble. Le pianiste, répondant au solo de violoncelle, est particulièrement inspiré. Le quintette à cordes produit de magnifiques pianissimos.
Le dernier mouvement continue sur cette voie. Il est une grande réussite de l’ensemble des musiciens. Très allant, les sonorités des solistes de l’orchestre, un peu dures au début du concert, sont maintenant bien plus douces et aérées. Belle coordination entre le pianiste et l’orchestre, notamment dans les changements fréquents de tempo de ce mouvement.
Le pianiste allemand, très applaudi, interprète en bis une valse en la bémol majeur de Brahms, avec la même élégance. Excellent tout le long de l’oeuvre, Lars Vogt est un pianiste puissant et particulièrement adroit. Il aura fallu à l’orchestre deux mouvements pour se mettre en phase avec le soliste, et nous offrir deux très beaux troisième et quatrième mouvements.
Debout pour les dernières mesures, Mikko Franck est très applaudi par le public et les musiciens, notamment les cuivres.
Laurent Torrès
Johannes Brahms
Concerto pour piano et orchestre n°2
Robert Schumann
Symphonie n° 3 “Rhénane”
Ce concert sera diffusé en direct sur France Musique.
Brahms & Schumann
Lars Vogt, piano
Orchestre Philharmonique de Radio France – www.concerts.radiofrance.fr
Mikko Franck, direction
Vendredi 18 novembre 2011 à 20h
Tarifs : 60 € // 45 € // 34 € // 22 € // 10 €
Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes
www.sallepleyel.fr
[Crédit : Felix Broede]
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...