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Ladylike Lily – interview d’une Finistérienne douée

14 mars 2012
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Ladylike Lily - interview d'une Finistérienne douée

Lors d’une interview dans les locaux d’Ephélide, la Finistérienne se livrait sur son parcours, tout en montrant un certain attachement à ses racines.

« Je voulais tout contrôler »

D’où vient ce nom, Ladylike Lily ?

En fait, je n’avais pas trop envie de m’appeler Orianne Marsilli (son vrai nom). J’avais envie de me protéger un peu donc j’ai cherché un pseudonyme, je ne trouvais pas. J’ai écrit ce morceau avec Fred, sur le cinq titres; une chanson qui explique la démarche de faire de la musique hyper intimiste sans se préoccuper du regard des autres, et je finis par dire Ladylike Lily à la fin… C’est resté et j’aime porter le nom de Lily maintenant…

Tu as refusé de céder aux avances des maisons de disques et tu n’as pas voulu qu’une de tes chansons soit utilisée pour un spot publicitaire… Pourquoi ?

On m’a demandé un morceau pour un produit qui n’était pas hyper glamour donc j’ai préféré attendre un peu plutôt que d’être assimilée à une image que je ne contrôlerai pas. Pour les maisons de disques, je n’avais pas envie qu’un directeur artistique me dise « écoutes, ton morceau est bien mais on va plutôt changer le refrain ! ». Je préférais tout contrôler, faire mon truc de A à Z. (Elle tempère) Mais je ne me ferme pas les portes ! Si ça se trouve, la prochaine fois je serai en maison de disques. Et puis, c’était un challenge ! Tu te dis « tiens je vais tout faire toute seule » mais bien sûr que cela fait rêver d’aller en maison de disques.

Trop jeune peut-être, aussi ?

Non, je pense que j’aurais pu aller dans une maison de disques. J’ai fait un premier cinq titres, ce n’est pas le problème. J’avais absolument envie de le faire en autoproduction et de trouver un distributeur, et c’est ce qui s’est passé. Pareil, j’ai été approchée par des gros éditeurs qui m’auraient permis d’avoir beaucoup de moyens, de faire des super clips… Qui dit avoir de l’argent dit avoir un directeur artistique et j’ai cette peur bleue de lâcher prise (sur son projet)… C’est une démarche, pas une volonté de ne pas vouloir me développer rapidement…

Peux-tu me parler du tremplin Mozaïc ?

Cela tombe bien parce que j’étais dans le jury hier ! C’était à l’époque où j’avais envoyé une maquette toute fraîche, elle venait d’être enregistrée l’après-midi et j’avais mis la pression sur l’ingé-son pour qu’elle puisse être envoyée. Je sentais que c’était le bon moment, qu’il fallait y aller… On m’a appelé, j’ai été lauréate de ce truc là et c’est ce qui a lancé tout ce qui a suivi ! C’est la première fois qu’on me donnait la parole d’un point de vue professionnel. Aujourd’hui, je me dit que si il n’y avait pas eu ce tremplin…

Cela a donc été un accélérateur…

Ce tremplin m’a permis de faire mon cinq titres (paru en 2010). Ils m’ont sorti les moyens financiers. Maintenant que j’ai commencé, j’ai appris que de toute façon des gens me surveillaient depuis plus longtemps que ça et qu’avant à Rennes, cela s’était su qu’il y avait un projet folk. Des gens me surveillaient du coin de l’œil mais ne se montraient pas ! Je suis contente d’être passée par ce tremplin mais il est certain que j’aurais tout fait pour que cela marche autrement ! En gros, j’ai tout lâché pour ne faire que ça…

Tu dis que ton projet est folk, mais il y a bien des sonorités électro non ?

Non, je n’aurais pas dit electro mais folk-rock. Déjà je ne suis pas dans une maison de disques. C’est une collection de sons enregistrés à l’arrache, je suis entourée de musiciens qui ne sont pas dans une scène connue, une scène très indé. Après non, ça ne donne pas la couleur d’un projet musical. En fait, je n’aime plus trop l’appellation folk, je trouve ça trop réducteur et pas représentatif de l’album !

« L’idée était de se laver le corps et l’âme »

Comment s’est passé l’enregistrement de ce disque ?

Justement, j’ai enregistré pas mal de choses toute seule ! Au fur et à mesure du disque, je me suis équipée, appris à m’enregistrer toute seule et mes oreilles se sont faites un autre son aussi. Mon ingé-son, Loïg, qui avait fait toute la tournée 2011 avec moi, a aussi enregistré pas mal de trucs… J’ai mis plein de sons de côté, j’avais commencé des morceaux et on a tout finalisé en studio… Certaines voix ont été faites au même niveau, d’autres par moi toute seule. Sur le premier morceau de l’album par exemple (Who’s Next), j’ai tout enregistré toute seule… Mais il n’y a pas un seul morceau de l’album qui est enregistré pareil…

Le titre de l’album (« Get Your Soul Washed ») est t-il autobiographique ? Avais-tu besoin de te décharger de quelque chose en particulier ?

C’est un album qui a été très douloureux, qui est très sombre. C’était ma manière à moi de mettre ma souffrance de côté, il fallait que j’en fasse quelque chose. Le titre intrigue beaucoup parce qu’il a ce truc assez mystique, assez bizarre. Pareil pour le visuel qui colle complètement à ce qui se passe. C’est comme se foutre à poil, en ayant l’idée de se laver le corps, se laver l’âme… J’avais ce truc un peu « dark » que j’ai laissé de côté parce que je ne voulais pas que les gens me connaissent d’abord avec ce truc très mélancolique. En tout cas, c’est clairement assumé, et le fait que des musiciens montent sur scène pour le défendre (le disque), ça me permet d’assumer encore plus. Ca nous permet de balancer du lourd alors qu’à la base, c’est quelque chose de très intimiste.

Justement, sur scène, tu jouais seule. Tu es maintenant entourée de plusieurs musiciens. Pourquoi ?

Il y a des morceaux que je préférais jouer sans eux. Après, il y a un moment où si je veux défendre l’album, il faut que je le joue avec eux aussi ! Or, les programmateurs ne me connaissent pas encore en forme de groupe donc dans leurs têtes, les tarifs de Ladylike Lily ne sont pas chers !… Aussi, quand on est deux sur la route c’est cool, mais tu as aussi envie que ce soit une colonie de vacances ! J’ai toujours rêvé de partir en tournée avec les copains. Le single (Prickling) qu’on a choisi parle de ça. Il y a des images qui défilent quand tu es sur la route, tu assumes de partir loin et de vivre la vie à cent à l’heure. L’album n’est pas que « dark », il y a aussi des morceaux complètement débiles !


Fan de Yann Thiersen

Ta voix est assez proche de celle de Lisa Mitchell et ta musique de celle d’Emilie Simon. Qu’en penses-tu ?

Je ne connais pas Lisa Mitchell ! Pour Emilie Simon, dans le côté « fait maison » avec les petits bruits oui. Après, elle s’est orientée vers un truc très electro… J’ai vite adoré les trois premiers albums. J’ai toujours admiré cette fille et cela me fait super plaisir que tu me compares à elle.

Quel artiste t’a le plus marqué ?

En fait, c’est plus une époque. Une période de Yann Thiersen avec cette activité un peu mélancolique juste avant Amélie Poulain. Chaque fois que je réécoute, ça me met dans le même état… Il devait avoir un petit monde dans la tête, proche du mien et je trouve ça cool. En plus, j’ai l’impression d’être à la maison quand j’écoute ces trucs-là…

Tu as joué aux Vieilles Charrues. Quel sentiment as-tu ressenti en jouant dans un festival de ce type, à domicile ?

Les Vieilles Charrues, c’est assez particulier parce que c’était le premier festival de ma vie ! J’ai vu tout ce monde, toutes ces grosses scènes… (Les organisateurs) Ce sont devenus des amis et on est très proches. Ils m’ont parrainé l’année dernière, ils m’ont pris sous leurs ailes. (Elle explique la prise de contact avec l’organisation du festival suite à une première partie qu’elle avait fait avec Moriarty devant 1200 personnes)… D’ailleurs une fois, je suis montée derrière la scène pour le concert de -M-, j’ai vu toute cette mare de gens… Tu as vraiment l’impression d’être dans une arène !

Es-tu attachée aux critiques musicales ?

Tu as l’intention de me descendre ?! (rires). Ca m’est arrivé de me faire dézinguer dans la presse et je n’ai pas voulu lire l’article ! Je suis hyper sensible et je prends ça pour moi. Cependant, plus le temps passe, plus je m’en fiche et je me détache de tout ça… (On discute sur la personne concernée, pardonnée depuis).

Olivier Cougot

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=MI8WsQGNxm4[/embedyt]

Ladylike Lily- Get Your Soul Washed

Ephélide

Sortie le 26 Mars 2012

En concert à l’Alhambra le 28 mars 2012 dans le cadre du festival « Les Femmes s’en mêlent »

[Photo par Jacob Khrist – www.jacobkhrist.com]

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