LAAKE, le piano et la musique électronique en symbiose
LAAKE reflète l’équilibre entre ombre et lumière. Notes de piano ravageuses, subtilités vocales et basses profondes sont les composants de sa musique résonnant comme une hymne techno classique. Rencontre avec ce pianiste autodidacte unanimement salué par la presse.
Il y a une vraie sensibilité et beaucoup d’émotions dans votre musique, quelles sont vos influences musicales ?
Je viens du rock donc j’ai écouté beaucoup de groupes comme Blonde Redhead, Radiohead, Shannon Wright. Ce sont des projets qui dégagent beaucoup d’émotions, de sensibilité, qui sont pour moi des vecteurs essentiels dans la musique. Il y’a une certaine mélancolie aussi qui ressort de toute cette scène, avec cette notion de corde sensible, cette faculté d’être toujours sur le fil. Cela ne m’intéresse pas de retranscrire le bonheur dans ma musique, je préfère le vivre. J’ai besoin de transformer mon trop-plein d’émotion en musique, c’est un besoin presque physique.
Qu’est-ce que vous a apporté l’apprentissage de la musique en autodidacte ?
L’indépendance d’abord, le fait de ne pas être tributaire d’une partition, d’un professeur. La liberté aussi, dans le sens où l’on ne m’a pas inculqué de règles ou de valeurs, qui sont pour moi des éléments perturbateurs dans la musique. S’affranchir de tout ça permet aussi de créer une musique qui nous ressemble.
Votre nouvel album « O » est sorti le 27 mars, vous travaillez dessus depuis 2 ans, quel a été votre sentiment lorsqu’il est enfin sorti ?
Ça a été, comme à chaque sortie, une vraie libération. J’ai donné énormément de temps et d’énergie à ce projet un peu fou. Au bout de 2 ans, on finit par manquer un peu de recul sur sa musique et c’est un vrai soulagement de pouvoir enfin partager ça, de recevoir des retours positifs et de voir que les gens ont été attentifs à tel ou tel détail sur mes morceaux.
Pouvez-vous en dire plus à propos du morceau Run ? Il me donne l’impression d’être un remède contre toutes les émotions négatives, qu’en pensez-vous ?
C’est un morceau avec une mélodie au piano très rapide qui se répète et se superpose à l’infini. Il y a la notion du temps qui court, d’époque qui défile. Il est plutôt positif et lumineux par rapport aux autres titres de l’album qui sont plus noirs. J’aime la notion de remède par la musique, “LAAKE” veut dire médicament en finlandais. Dans le clip, réalisé par Vincent de la Rue, l’acteur principal court après le temps, submergé par une mystérieuse matière noire semblable à du pétrole.
Cet album est d’autant plus impressionnant quand on sait qu’il a été enregistré avec 8 autres musiciens, comment les avez-vous rencontré ?
Juliette Serrad, qui m’accompagne au violoncelle depuis maintenant plus de 4 ans m’a présenté les cordes, qui elles-mêmes m’ont parlé d’un trompettiste qui m’a parlé de trombonistes, et ainsi de suite. Sachant qu’on allait avoir peu de répétitions j’ai voulu former une équipe qui se connaissait déjà. La moyenne d’âge est assez jeune, c’est stimulant. Tout le monde vient d’univers différents et personne n’écoutait vraiment d’electro avant de participer au projet, je trouve ça vraiment intéressant, la musique fédère peu importe l’âge ou les goûts.
Le piano est à la base de votre musique, composer une mélodie au piano est-elle la première étape de création d’un morceau pour vous ?
Tout à fait, je pars toujours du piano pour créer mes morceaux. D’ailleurs je compose absolument tout avec le piano, basse, batterie, cordes, cuivres. C’est mon repère, je suis à l’aise avec cette méthode de composition, mais on pourrait tout à fait imaginer que je fasse tout autrement pour mon prochain album, histoire de ne pas me reposer sur ce que je sais faire, le renouvellement est très important pour moi.
“O” signifie Orchestra, dans cet album vous associez instruments et musique électronique, est-ce important pour vous de garder ce lien avec l’instrument en lui même ?
C’est pour moi essentiel, il y a un vrai retour de l’instrument dans la musique, on est peut être arrivé au bout du “100% machine” mais je n’en sais rien à vrai dire, là n’est pas la question. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise formule, pour moi, le mélange est essentiel dans la musique, c’est comme ça que l’on crée la singularité. J’adore les machines mais j’adore aussi les instruments. Je ne suis pas un féru de musique classique ni un puriste et je ne suis pas non plus fan de techno avec un gros kick pendant 10 minutes. Par contre, lorsqu’on associe les deux, il y a quelque chose qui se crée, comme une sorte d’alchimie.
Vous avez réalisé le clip de votre morceau Introspective, qui a été sélectionné dans plusieurs festivals de films internationaux, l’idée d’une carrière dans le cinéma vous a-t-elle traversé l’esprit ?
Réaliser un film est un travail conséquent, quand je vois le temps que j’ai pu passer sur certains clips… Je pense qu’un jour j’aimerais réaliser un long-métrage mais en attendant, je rêverais de faire la BO d’un film.
D’autres projets à venir ?
Je travaille actuellement sur un petit album de piano solo et je vais commencer à composer pour un spectacle de danse.
Pour finir, en cette période de confinement, avez-vous un album en particulier à conseiller ?
L’album InBach de Arandel, à écouter du début jusqu’à la fin. On y retrouve le violoncelliste Gaspar Claus qui est un ami, mais aussi Areski Belkacem. C’est un album hommage à Bach revisité de manière très personnelle et intelligente, il a été enregistré sur des instruments d’époques à la Cité de la Musique à Paris.
Live de LAAKE filmé par Arte et Sourdoreille au Théâtre du Châtelet à l’occasion du Piano Day, à découvrir ici.
Propos recueillis par Victor LE JAMTEL.
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