La Resurrezione – Haendel – Atelier Lyrique

En octobre dernier, Après le Sud, premier film de Jean-Jacques Jauffret, sortait dans les salles de cinéma. Ce film suit le destin de quatre personnages en proie à des actes d’humiliation publique sur une même journée caniculaire. Œuvre intense d’où se dégage de nombreux symboles bibliques et universels, elle trouve de nombreux points de corrélation avec La Resurrezione, premier oratorio de Haendel créé le dimanche de Pâques à Rome en 1708. La résonnance n’est cependant pas que musicale puisqu’elle trouve surtout des points de ressemblances avec la mise en espace conçue par Lilo Baur et Oria Puppo à l’Amphithéâtre Bastille. Comme dans le film, il y fait chaud, la terre est aride et les personnages bibliques souffrent de solitude.

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Cette création scénique, somme toute classique (voire un peu trop), est loin de trahir l’œuvre de Haendel qui conte la dispute entre Lucifer et Ange au même moment où Marie Cléophas, Marie-Madeleine et Saint-Jean attendent la résurrection du Christ. Pour ce faire, l’équipe artistique s’est basée sur les quatre éléments : l’eau, la terre, l’air et le feu. Reste le cinquième qui n’est autre que la musique sacrée de Haendel. Pour l’occasion, les musiciens du département de musique ancienne du CNSMDP se sont installés sur les rangs des gradins de l’Amphithéâtre, rappelant ainsi la disposition de l’orchestre lors de la création de l’œuvre.

L’occasion était surtout de retrouver le ténor Paul Agnew en qualité de chef d’orchestre, poste qu’il occupe depuis quelques années grâce à William Christie, le maître des Arts Florissants. Sa direction est précise, mélancolique et attentive, un exercice difficile dans un tel lieu où le public est au plus proche des artistes. C’est ce contact direct avec le public qui retient d’ailleurs le plus l’attention. Les jeunes solistes de l’Atelier Lyrique confrontent le regard du public avec assurance et détermination. Surtout, ils interprètent l’œuvre de Haendel avec une pureté symbolique mystérieuse. On est transporté par le timbre du ténor Cyrille Dubois (Jean) et celui de la soprano Andreea Soare (Marie-Madelaine) accompagnés ici par le traverso d’Anna Besson et là par le premier violon solo de Patrick Oliva.

Que l’on croie ou non à cette résurrection, peu importe : cette œuvre demeure universelle en confrontant une communauté face au deuil. Un peu d’imagination à la Claus Guth aurait pu être cependant de bon augure afin d’ancrer ce récit davantage dans la contemporanéité. 

Edouard Brane (Twitter : Cinedouard)

La Resurrezione

De Haendel

Direction musicale : Paul Agnew (30 avril, 2 et 4 mai) // Mathieu Romano (6 mai)     
Mise en scène : Lilo Baur // Scénographie : Oria Puppo // Costumes : Agnès Falque // Lumières : Philippe Vialatte // Collaboratrice artistique à la mise en scène : Katia Flouest // Collaboratrice aux costumes : Agathe Gudefin       

Maria Virginia Savastano, Angelo
Damien Pass, Lucifero
Andreea Soare, Maddalena
Cyrille Dubois (30 avril, 4 mai), Joao Pedro Cabral (2 et 6 mai), San Giovanni
Cornelia Oncioiu, Cleofe
Lysiane Sarel, Andrés Acevedo, Ronan Le Fur, Georges Vauraz, Les âmes 
Avec les étudiants du Département de Musique Ancienne du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris

Du 30 avril au 6 mai 2012

Réservation en ligne

Opéra de Paris
Atelier Lyrique
M° Bastille

www.operadeparis.fr