La Bayadère – Opéra Garnier
Ce ballet de Noureev académique, très romantique par son pittoresque et sa dimension fantastique est un régal pour les yeux. Il transporte dans une Inde imaginaire dans laquelle évoluent un rajah enrubanné, une princesse à marier sans pitié, une tragique bayadère et un brahmane amoureux.
Le ballet fonctionne par oppositions. La prestation des hindous, par exemple, contraste avec la verticalité du jeune Solor interprété avec dignité par José Martinez. Les pas de la danse du feu sacré ou de celle des poignards convergent vers la terre mère tandis que le jeune homme très aérien semble aspirer à s’élever. Il est très éthéré. Allister Madin magnifique en fakir évolue avec grâce et puissance tout comme l’Idole dorée incarnée par Marc Moreau dans l’acte deux, très applaudi. Ces corps « nus » modelés, sculptés sont magnifiques. Le premier paraît plus animal, le second plus raffiné mais tous deux retiennent vivement l’attention.
Agnès Lestetu en Nikiya a séduit le public, attendri par la solitude du personnage, trahi par l’être aimé, maltraitée par une superbe Gamzatti. Émilie Cozette, très reine impartiale et sans pitié rend le personnage altier mais de toute beauté.
La pantomime fréquente dans ce ballet nourrit le récit soutenu par des décors extraordinaires. Avec bonheur, on découvre les élèves de l’école de danse en négrillons mignons à croquer. Ils apportent fraîcheur et humour. C’est une Inde peu réaliste peuplée aussi d’indiens de fantaisie, très drôles. Tout suscite le dépaysement et le luxe : l’éléphant, le Rajah dans sa chaise porteuse…
Au troisième acte, la danse de « Manou », par Charline Giezedanner, très fraîche et bienveillante, accompagnée par deux petites danseuses délicieuses a ravi la salle ainsi que les ombres, de toute beauté, incarnées par les danseuses en tutu blanc. Elles font une entrée somptueuse. Une à une, elles apparaissent dans une régularité exemplaire et descendent le plateau avec une extrême délicatesse.
Parmi les trois dernières variations, la deuxième interprétée par Mélanie Froustey a emporté toute la salle. La danseuse pétille de fraîcheur et d’harmonie, d’espièglerie et de jeunesse. Elle est l’incarnation de la grâce.
Un spectacle féérique à découvrir dès le plus jeune âge.
Marie Torrès
La Bayadère, ballet de Nourev
Du 17 mai au 2 juin 2010
Les 27, 28, 31 mai, 1er et 2 juin à 19h30
Le 29 mai à 14h30 et 20h
Prix des places : 6€, 7€, 10€, 21€, 42€, 65€, 87€
Réservations : 08 92 89 90 90 (0,337€ la minute)
Guichets : Palais Garnier et Opéra Bastille, tous les jours de 10h30 à 18h30 sauf dimanches et jours fériés
Opéra Garnier
Place de l’Opéra
75009 Paris
Métro Opéra
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