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Krystian Zimerman – Witold Lutoslawski

27 janvier 2013
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C’est à nouveau un programme classique que l’orchestre de Paris nous offre ce soir : une ouverture, un concerto, puis une symphonie.

L’Ouverture de Genoveva, opéra de Robert Schumann peu joué aujourd’hui, est très inspirée du premier romantisme allemand, celui de Schubert, voire même celui de Weber. Bien qu’étant créée en 1850, l’oeuvre est moins novatrice que sa musique pour piano composée quinze ans plus tôt.
Après une belle introduction, le thème commence, un peu trop feutré peut-être, mais gagne en véhémence par la suite. De nombreuses lignes courtes se superposent, mais ce qui fonctionne au quatuor à cordes ne va pas toujours à l’orchestre. La sensation est un peu confuse et donne l’impression que les instrumentistes se précipitent à chaque nouvelle phrase. L’oeuvre possède toutefois un caractère assez plaisant, et il serait intéressant d’en entendre une version scénique.

Clou du concert de ce soir, le Concerto pour Piano de Lutoslawski fut commandé, dédié et créé par Krystian Zimerman, l’un des pianistes les plus célèbres d’aujourd’hui. Il n’a de cesse de le défendre à travers le monde depuis vingt-cinq ans. Oeuvre d’une grande maturité, souvent moins connue que le Concerto pour Violoncelle, mais d’une qualité pourtant nettement supérieure, elle appartient à la période la plus personnelle du compositeur polonais, juste après la longue gestation de sa Troisième symphonie.
Les quatre mouvements s’enchaînent sans interruption. Nous sommes admiratifs devant la précision de l’écriture instrumentale. Le piano n’est jamais couvert, ce qui est rare dans un concerto du Vingtième siècle. Les deux crescendos du premier mouvement sont magnifiques et saisissent l’auditeur comme rarement ils le sont avec ce type de vocabulaire. Après un second mouvement traversé par une dynamique forte, le troisième expose une belle mélodie du piano, d’abord seul, puis accompagnée des seconds violons et d’accents de cors : l’effet produit une tension rocambolesque.
Enfin le quatrième mouvement, le plus imposant, est une chaconne dont le thème se tisse à travers les pupitres d’une façon inexorable jusqu’à la fin. Le final paroxystique est prodigieux.
Le pianiste est possédé par sa partition d’une complexité redoutable. Bien que l’ayant sous les yeux, il ne la regarde presque jamais.
En bis, il donne une oeuvre d’une grande virtuosité au geste très expressionniste.

Souvent jouée par l’Orchestre de Paris, et plus généralement à Paris (ici ou ici), la Sixième Symphonie de Beethoven, est donnée, sous la baguette de Paavo Järvi, avec beaucoup de légèreté et de fluidité, dans des tempi plutôt lents. La cohésion est parfaite dans le premier mouvement. Le thème du deuxième est très aérien. Une dynamique intense mais toujours légère parcours le troisième mouvement, tandis que le quatrième offre une tension forte. Belle emphase du dernier, dont la sonorité est un peu plus structurée.


Krystian Zimerman dans le Concerto pour piano de Lutoslawski

Robert Schumann
Genoveva, ouverture, op.81

Witold Lutosławski
Concerto pour piano

Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 6 en fa majeur, dite “Pastorale”, op.68

Krystian Zimerman, piano
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction

Jeudi 24 janvier 2013 à 20h

Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

www.sallepleyel.fr

[Visuel : © Kasskara/DG]

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