Kopatchinskaja & Ashkenazy – Orchestre Philharmonique de Radio-France
C’est avec un programme hétéroclite que Vladimir Ashkenazy revient diriger à Paris. Très célèbre pianiste, originaire d’Union Soviétique, sa carrière de chef d’orchestre est moins reconnue. Il dirige aujourd’hui l’Orchestre Symphonique de Sydney.
La suite de L’Amour des Trois Oranges, nous n’en avons droit qu’à trois mouvements sur six, soit sept minutes de musique pour grand orchestre, avec sept percussionnistes. C’est d’autant plus surprenant que l’Orchestre s’en sort très bien. Nous commençons avec la célèbre Marche, où nous observons le chef se courber et diriger les bras au-dessus de la tête, puis le très beau Scherzo, et enfin le Prince et la Princesse avec un magnifique solo d’alto.
Patricia Kopatchinskaja, violoniste moldave, joue le Second Concerto de Prokofiev, régulièrement exécuté à Paris, pieds nus, et vêtue d’une robe mauve. Elle joue avec partition. L’excentricité est une qualité souvent appréciée dans la musique classique depuis quelques années déjà. Le problème est de savoir s’il y a un contenu derrière.
Le premier mouvement est abordé très piano, ce qui sera une constante durant tout le concerto. Le manque de puissance de la soliste est relativisé par un excès de nuances, voire de maniérisme. Les bois sont ainsi toujours trop forts. Notons un magnifique second thème qui s’accorde très bien avec ce jeu. Le développement pulsé sur le premier thème accompagne également une petite danse de la soliste dont les formes rebondissent à chaque impact.
L’ostinato en pizzicato et clarinette du célèbre deuxième mouvement n’est pas toujours régulier : le chef suit le très libre rubato de la soliste, ce qui crée des surprises, notamment au moment de la première modulation en si majeur. A nouveau dans le troisième mouvement, des passages nécessitant une grande précision rythmique, comme la séquence avec castagnettes, sont approximatifs. Mais la musicienne de trente-trois ans a des adeptes dans le public ; le bis est dans la suite logique de son personnage, et elle est vivement applaudie.
Pour le Don Juan de Richard Strauss, l’orchestre ne compte que soixante cordes, alors qu’il est souvent interprété avec quatre-vingt. Cela n’entache en rien la sonorité générale de l’orchestre, qui gagne peut-être ainsi même en précision. Si l’on ne comprend pas très bien la logique de la programmation, il est par ailleurs certain que ce répertoire, dans le sillage historique des oeuvres de Liszt et de Bruckner récemment exécutées, va très bien à cet orchestre. Il y a un plaisir manifeste des musiciens à jouer cette musique, pour un résultat magnifique.
La deuxième suite d’orchestre de Bacchus et Ariane d’Albert Roussel est certainement l’œuvre la plus jouée de ce compositeur français qui semble disparaître progressivement du répertoire. La très bonne cohésion d’ensemble de tous les musiciens de l’orchestre est magnifiée par l’engagement du chef. Il ne lit presque jamais sa partition. C’est également une grande réussite.
Tous les musiciens furent très applaudis par le public de la Salle Pleyel.
Récits
Serge Prokofiev, L’Amour des trois oranges, suite d’orchestre
(3 extraits : Marche, Scherzo, Le Prince et la Princesse)
Concerto pour violon et orchestre n°2
Richard Strauss, Don Juan
Albert Roussel, Bacchus et Ariane (suite n°2)
Patricia Kopatchinskaja, violon
Orchestre Philharmonique de Radio France
Vladimir Ashkenazy, direction
Vendredi 16 décembre 2011 à 20h
Tarifs : 60 // 45 // 34 // 22 // 10 €
Concert en direct sur France Musique
Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes
[Visuel : crédit Giorgia Bertazzi]
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