Kaky et son “Joli Monde”
Kaky est un artiste à part, un alchimiste du bruit, un poète moderne et un interprète multifonction. À la frontière du rap, le bricoleur du son jongle une nouvelle fois entre les genres musicaux pour nous offrir son nouvel album, soit, son Joli monde.
Il s’est fait connaître avec ses Kakysound dans lesquels il enregistre, puis transforme de simples bruits du quotidien en de véritables chansons. C’est en mars 2021 avec la sortie de son EP, Room 404, qu’il affirme son style mais surtout sa versatilité, oscillant entre le rire et la mélancolie.
« Je pense à toutes ces secondes de vies qu’on perd, à détruire notre joli monde. La haine n’amuse au milieu de toutes ces bombes, les enfants chantent pendant que leurs mères crient au Dieu : “pardon”»
L’album Joli monde, sorti en mai 2022 apparaît comme un cri du cœur, un cri de l’enfant qu’il était, mais aussi le cri de l’homme en émoi face à la réalité de notre monde. Les 13 morceaux dévoilés sont introduits par Juste une chose, une introspection comme un aveu de son regard sur sa condition d’homme, comme gage de sincérité. Kaky a des choses à dire et il ne le cache pas ; en prenant l’enfance comme fil rouge, il aborde des sujets brûlants tels que le réchauffement climatique et la misère avec How many mais aussi des problématiques plus profondes comme le sentiment de solitude des enfants, l’amour et ses aléas, la contrariété de grandir ou encore les démons de l’âme.
« (…) il profite d’elle, ça crie très fort, mais c’est pas le son, et nous on danse comme si c’était l’hymne de la maison. La foule se mêle au chant que fait cette pauvre sirène, et moi je bouge pas, et toi aussi, quand-est-ce qu’on va se battre pour que tout ça se termine ? »
Kaky passe d’une atmosphère à l’autre sans prévenir et il réussit toujours son coup. C’est comme ça qu’on arrive à taper du pied sur C’est pas grave qui semble être une musique qu’on ajoute à sa playlist pour une soirée entre amis, mais qui nous surprend lors de la dernière minute du morceau en bousculant les tabous pour aller là où ça touche, en parlant du fléau que sont les agressions sexuelles envers les femmes.
Dévoiler son joli monde dans un premier album c’était aussi un risque, parce que, découvrir Kaky à travers Room 404 c’est écouter un artiste nouveau, polyvalent et prometteur, mais écouter Joli monde c’est rencontrer Kaky lui-même. Ecouter Joli monde c’est parler avec l’artiste de l’urgence climatique avec How many, c’est parler de sa mère et de l’amour qu’il lui porte avec 24, c’est parler de douleur avec Puzzle, Caprice ou encore la déchirante Berceuse. Parler avec Kaky c’est parler de tout et de rien, et surtout de tout.
Une tournée est en cours et elle confirme sa sincérité. Son auditoire, déjà bien formé, se sent proche de lui dans ces salles intimistes telles que la Boule Noire à Paris ou La Marquise à Lyon. Le public se sent touché, entendu et concerné par les mots du poète moderne à la fois magicien du bruit et peintre du monde moderne.
Incontournable de la scène française, Kaky est plein de ressources et n’est sûrement pas prêt de s’arrêter en si bon chemin, il a encore des choses à dire.
Johanna O’Hayon
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