Jules César – Haendel – Opéra Garnier
Du 23 mai au 18 juin 2013
Triomphe de Sandrine Piau et de Lawrence Zazzo dans la reprise de Jules César, mis en scène par un Laurent Pelly qui ne se prend pas au sérieux, mais enchante la salle.
Cette mise en scène truculente, décriée par certains, ne manque pourtant ni de finesse ni de subtilités. L’opéra se déroule dans l’entrepôt d’un musée égyptien tandis que s’animent les sculptures et tableaux. Les décors impressionnent par leur taille symbolique qu’il s’agisse de la tête de Pompée, du char-statue ou du cadre du tableau gigantesque qui prête vie à de jolies scènes galantes.
On se croirait dans un Watteau. Cela crée une grande fantaisie scénique truffée de gags et de clins d’oeil coquins. Sans prétention, mais avec efficacité, cette mise en scène très gaie transporte les chanteurs. Le plateau vocal est très équilibré. Tout en accomplissant des prouesses vocales et physiques, ceux-ci se livrent sur le plateau corps et âme.
Après un début un peu mou, l’apparition de Sandrine Piau, qu’on avait entendue dans La Flûte enchantée, transporte.
D’autant plus que en ce soir de première, la soprano perd un pan de sa robe de voile transparente au premier acte, découvrant ainsi ses jolis atours. Toutefois, la jeune femme resplendissante de grâce et d’allégresse en Cléopâtre ne laisse rien paraître.
Espiègle et délicieuse, elle triomphe dans ce rôle qu’avait tenu la pétillante Nathalie Dessay.
Quant à Lawrence Zazzo qui interprétait déjà ce rôle à l’Opéra de Paris dans cette même mise en scène, le contre-ténor émerveille. Il s’est bonifié en tous points : très à l’aise, sûr de ses effets, il irradie sur scène. Lumineux, puissant et tendre, il ravit à chaque air.
Cornélia (Varduhi Abrahamyam) et Sisto (Karine Deshayes) forment un duo qui touche au sublime à la fin du premier acte.Dès son entrée, Karine Deshayes incarne un sublime et tragique Sisto. Sa voix sublime confère au personnage une pureté exaltée tandis que Varduhi Abrahamyam interprète une Cornélia très romaine.Christophe Dumaux s’amuse comme un chat qui court après les souris en Ptolémée. Félin et vicieux, le contre-ténor contraste parfaitement avec le lumineux Jules César, amoureux. Cela fonctionne très bien. On regrettera en revanche que Paul Gay ne s’investisse pas davantage dans son rôle d’Achille. Superbe baryton basse, très imposant par sa stature, il n’est pas pour autant très convaincant. D’un geste malheureux, il coiffe en pleine colère, un musicien d’un tapis jeté à toute force, et provoque les rires de la salle…
Enfin, Émmanuelle Haïm dirige l’orchestre et le choeur du Concert d’Astrèe avec bonheur.
Marie Torrès
Giulio Cesare (1724)
Opéra en trois actes
De Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Direction musicale : Emmanuelle Haïm
Mise en scène et costumes : Laurent Pelly
Décors : Chantal Thomas
Dramaturgie et collaboration à la mise en scène : Agathe Mélinand
Lumières : Joël Adam
Avec :
Sandrine Piau (Cléopâtre)
Lawrence Zazzo (Giuilio Cesare)
Karine Deshayes (Sesto)
Dominique Visse (Nireno)
Paul Gay (Achilla)
Christophe Dumaux (Tolomeo)
Palais Garnier
Place de l’Opéra
M° Opéra
[Crédits photographiques : Opéra national de Paris / Andrea Messana / Agathe Poupeney]
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