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Musique américaine – Festival Présences

14 février 2015
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Musique américaine Festival Présences

Avec
Christopher Rouse (Prospero’s room)

Andrew Norman
(Suspend)

Sam Shepherd (Wanderlust)

John Adams
(Doctor Atomic)

Inon Barnatan, piano
Orchestre National de France
James Gaffigan, direction

Le jeudi 12 février 2015

Auditorium de Radio France
116, av. du Président Kennedy
75016 Paris

RER B – Avenue du Président Kennedy

www.maisondelaradio.fr

Le jeudi 12 février 2015

Musique symphonique américaine à l’Auditorium de Radio France par l’Orchestre National de France.

Le festival Présences est cette année dédié au continent américain. Le concert de jeudi 12 février de l’Orchestre National de France propose quatre compositeurs originaires des États-Unis : John Adams, qu’on ne présente plus, et trois autres compositeurs, dont deux jeunes, peu joués en France. Les trois pièces d’orchestre de ces trois derniers compositeurs ont été commandées et créées par de grandes phalanges américaines et sont données ce soir en création française.

Le nouvel auditorium est aux deux tiers vide, et l’on peut s’interroger sur la communication du festival. Il y a vingt ans, on reprochait à la musique contemporaine atonale de faire fuir le public. Maintenant que l’on programme enfin la musique nord-américaine, il y a encore moins de monde. Pourquoi ?

Prospero’s room, première œuvre au programme, a été écrite par Christopher Rouse, professeur à la Julliard School. Elle a été commandée par le New York Philharmonic et Alan Gilbert et créée en 2013 à l’Avery Fisher Hall. C’est une ouverture de concert, pensée pour un opéra jamais composé, au caractère dramatique évident. Pièce d’un seul tenant, à l’intensité expressive efficace, elle recourt à des gestes instrumentaux parfois très simples.

Suspend, d’Andrew Norman, est un concerto pour piano commandé par le Los Angeles Philharmonic et Gustavo Dudamel et créée en 2014, avec Emmanuel Ax au piano. C’est le pianiste israélien Inon Barnatan qui tient ce soir la partie de soliste. Il joue avec partition, mais sur un iPad délicatement posé devant lui, sans avoir à en tourner les pages. C’est une pièce très contemplative. Elle déploie un espace sonore diatonique singulièrement statique. Le pianiste débute seul en effectuant des gestes silencieux sur le clavier, puis, après une minute, les premières notes sortent de nulle part. L’orchestre entre ensuite progressivement, chaque pupitre de cordes étant semble-t-il divisé, superposant ainsi une multitude de tenues à la couleur invariable.
Rythmiquement, les attaques s’enchaînent de façon aléatoire. La partie de soliste se contente d’arpèges plus ou moins difficiles à exécuter. Rien ne nous laisse présager une éventuelle modulation et le temps s’étire longuement. C’est dommage, quelques vidéos sur Youtube du même compositeur nous avaient laissé entendre un style beaucoup plus enlevé.


Wanderlust
, de Sam Shepherd, est une pièce d’orchestre en trois mouvements traditionnels, vif-lent-vif. Elle a été commandée par le Cleveland Orchestra et Oliver Knussen et créée en 2009 au fameux Severance Hall de Cleveland.
La notice descriptive écrite par le compositeur dans le programme se révèle particulièrement naturaliste, évoquant vagues, déserts et villes du monde entier. Rien de tout cela ne transparaît pourtant à l’écoute. Les trois mouvements sont stylistiquement très proches, une musique très rythmique, richement orchestrée, aux plans successifs nombreux et très délimités. L’inverse d’une musique descriptive. C’est en revanche admirablement écrit et très efficace, bien que peu original. La référence à Britten dans le deuxième mouvement n’est pas très évidente. Le troisième mouvement est plus faible, avec une cellule rythmique un peu pauvre constamment répétée. Mais c’est toujours bien écrit pour les instruments, et l’orchestre semble prendre du plaisir à jouer cette musique, ce qui est assez rare pour une création (cela vaut d’ailleurs pour les œuvres précédentes également).

Enfin, la suite symphonique Doctor Atomic tirée de l’opéra du même nom de John Adams. C’est très efficace, très tranché, voire mécanique. L’intensité expressive fonctionne parfaitement. La notice du programme déclare l’œuvre créée en 2007 aux Proms. Pourtant, la version de 2007 durait 45 minutes et non 25 comme ce soir (les 20 minutes suivant l’introduction ont été retirées par le compositeur en 2008).
Le public aime beaucoup et salue avec enthousiasme le jeune chef américain James Gaffigan qui a maîtrisé son sujet de bout en bout.

Marie Torrès

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