Interview de Manceau – machine pop sauce rennaise
En journée promotionnelle à Paris, Julien, François, Samuel et Vincent se livrent sur leur trajectoire artistique sans oublier de s’exprimer sur leurs goûts musicaux et l’esprit fraternel qu’ils entretiennent avec certains autres groupes de Rennes. Hasard ou non, les Wankin’ Noodles étaient dans les parages ce jour-là.
« Le live, c’est la vie! »
Votre groupe a trois ans maintenant. Que s’est-il passé entre le début et la sortie de ce premier album ?
Julien : Il s’est passé plein de choses ! Le projet a débouché sur un premier EP (« On a Mellow Day ») qu’on a enregistré dans mon appartement qui donne sur les Champs-Manceau (Il adresse un sourire à François et confie au journaliste, souriant : « Il va être très chiant, il est énervé ! »). On a sorti ce disque en janvier 2010, avons fait pas mal de concerts jusqu’aux Transmusicales. Le début du groupe a finalement été de porter ces cinq titres sur scène (…) Après les Trans, on a eu un retour média et public plutôt cool donc on s’est dit qu’on allait continuer!
Justement, les Transmusicales ont t-elles vraiment été pour vous l’accélérateur absolu ?
François : Les Trans ont été une super occasion pour nous de montrer l’évolution du projet dans une version plus énergique…
Julien : On savait que les Trans était le festival « découverte » par excellence mais on ne se rendait pas compte que c’était une telle vitrine (…) Quand on a su qu’on ferait les Trans (en septembre 2010), ça a été beaucoup de préparations, beaucoup de scènes, beaucoup de résidences… Ca nous a vraiment permis de travailler le live, de jouer devant des pros, de voir les médias.
François : Avant le festival, on a joué à Saint-Nazaire, Nantes… Ca nous permettait de se faire connaître ailleurs qu’à Rennes.
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Certains journaux britanniques disent de votre musique qu’elle ressemble à du Mercury Rev’… Votre sentiment sur cette comparaison ?
Julien : Il y a ce disque de Mercury Rev’ que j’aime bien (« Deserter’s Song ») mais je ne suis pas fan de tout.
François : C’est une belle comparaison mais je ne pense pas que ce soit hyper vrai !
Julien : Tu fais référence au NME (New Musical Express) c’est ça ?
Oui…
François renchérit sur Mercury Rev’: Oui, chouette album, comme celui d’après (« All Is Dream »). En plus c’est la même époque que les Flaming Lips mais après non, pas sûr que ça nous ait inflencés directement…
Quel est l’environnement où vous vous sentez le mieux ? Le studio ou la scène ?
Julien : On a commencé par le studio mais on a composé des morceaux sur scène pour les produire sur notre disque. Du coup, je dirais les deux !
François : On n’a pas vraiment envie de faire un choix entre les deux. Une fois qu’on avait fini notre série de concerts, on s’est rendus compte qu’on avait plein de titres. C’est souvent comme ça. Une fois qu’on a beaucoup tourné, on a envie de s’enfermer un peu. Là, on a envie de défendre notre album et de faire plein de scènes.
Vincent : On est tous assez fans du travail en studio (…) Il y a des morceaux qui ont ce côté magique en studio qu’on ne retrouve pas souvent en live.
Julien : C’est le travail en studio qui conditionne le jeu de scène.
Vincent : On est tous fans de disques et de vinyles. Ce qui est génial avec ça, c’est que ça reste (…) On aime bien cette idée. Le live, c’est la vie, on s’éclate !
Vous arrivez en 2009, après un certain nombre de groupes de Rennes, formés en 2007… Pour suivre le mouvement ?
Julien : Non non. Tous les quatre, on évolue sur la scène rennaise depuis une dizaine d’années déjà! On avait déjà d’autres groupes, on se connaissait déjà (…) On avait les mêmes références musicales, une envie commune peut-être différente de nos projets de l’époque…
Vincent : Manceau est peut-être le premier projet (pour eux) qui bénéficie de l’exposition qu’on a là.
Samuel : Concernant les moteurs (Wankin’ Noodles, Pops), ils ont été importants pour nous parce qu’ils ont beaucoup tourné. Il y a quand même eu une émulation, on répète dans le même local. Ca tire le groupe vers le haut, vers la professionnalisation, les exigences, etc. Même s’ils ont dix ans de moins que nous (rires) !
Vous avez joué dans de gros festivals comme le Printemps de Bourges ou le Main Square à Arras. Ce type de contexte vous est-il favorable ?
François : Paradoxalement au début, on n’était pas très à l’aise dans les petits lieux. On a beaucoup d’instruments sur scène. Au Main Square, on se sentait vraiment tous petits mais on a eu tendance à être plus libérés sur de gros plateaux. Dans les bars, on est à l’étroit et pas spécialement à l’aise. Après, la proximité avec le public est vachement bien, comme quand on fait de petites salles à Paris (…).
Julien : Maintenant, ça nous dérange un peu moins de jouer sur des grosses scènes parce qu’on a peut-être un peu plus d’aisance.
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On parlait tout à l’heure de groupes anglophones. Et les groupes français dans tout ça ?
Julien : On adore Gainsbourg, Polnareff, Tellier, Housse de Racket.
Vincent : La femme (groupe) fait des trucs intéressants.
Vos rapports avec les autres groupes de la scène rennaise, quels sont-ils ?
Vincent : Pas de compétition, en tout cas pas avec les groupes qui nous sont proches.
Julien : Moi je casserais bien les jambes des Noodles (le groupe est dans la pièce à côté) !
Vincent : Non sérieusement, c’est un peu « corporate » !
François : Peut-être un peu au début parce qu’il y a beaucoup de groupes mais maintenant on est plutôt ensemble et on ne fonctionne pas à la baston !
De quoi vous inspirez-vous pour composer ?
Vincent : L’album s’appelle « Life Traffic Jam », qui symbolise une sorte de routine de la vie de tous les jours. Les textes racontent nos vies, les douleurs, les peines, etc., le tout raconté avec un second degré et pas mal d’humour. On ne parle pas politique. On fait juste des petits films en mettant en scène des héros qui peuvent nous ressembler, mais pour les textes, on a un certain recul…
Votre disque préféré ?
François: « Sgt. Pepper’s » !
Julien: « Ok Computer » ! Ce n’est pas celui que je préfère mais que j’ai le plus écouté.
Samuel: « Ok Computer » également, même si je n’aime plus vraiment ce que fait Radiohead.
Vincent: « Around the World in a Day » de Prince.
Propos recueillis par Olivier Cougot
Photos par Valérie Baeriswyl (www.krakote.com – www.flickr.com/krakote)
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Manceau – Life Traffic Jam
Sortie le 11 juin 2012
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