Interview de Sylvain Picart, un “blend de classique et de 808”
Il y a quelques jours, sortait le dernier single du jeune auteur compositeur et interprète Sylvain Picart : Dostoevsky’s rage. Fasciné par ses compositions originales, par son univers atypique et par ses images saisissantes, j’ai décidé d’en apprendre plus à propos de cet avant-gardiste chaleureux.
Le 5 mai, à peine arrivé dans mon appartement, il me demande d’ouvrir une bière et de lui sortir un pansement. Sur le chemin, depuis le collège où il donne des cours de musique, Sylvain Picart a croisé le violent chemin d’une moto.
Quelques égratignures et un peu de sang, un grand sourire et un amour de la musique sont les ingrédients de cet après-midi passé auprès du jeune auteur compositeur interprète. Je chercherai ici à vous traduire la générosité de Sylvain en espérant vous mener à découvrir ses compositions originales et riches. Nous avons commencé par écouter le prochain single de Sylvain, sorti le 15 juin :
Brut, surprenant, très recherché, ce seraient des bons qualificatifs pour ton dernier single, Dostoevsky’s Rage ?
Oui, pourquoi pas ! Mais déjà en musique classique, mon domaine de référence, il y a ce goût pour les variations : les grilles harmoniques ne se répètent jamais. Ça ne me change pas de faire toujours évoluer les sonorités, les ambiances. À ça s’est ajouté le travail sur les sonorités, tous les outils à notre disposition nous permettent d’être originaux et inventifs : je ne fais que je me servir de mon monde.
Et pour le titre ? Une inspiration particulière ?
Pour le coup ça vient de mon enfance, j’ai beaucoup lu l’auteur (Fiodor Dostoïevski), il y a quelque chose dans ses personnages qui me fascinait et qui me fascine encore. Mais le titre est venu, comme souvent, après l’écriture des paroles. Il y a cette phrase dedans : “All my demons believe in me / tous mes démons croient en moi”, et j’ai pensé au livre Les Démons.
Peux-tu, Sylvain, me raconter ton parcours s’il te plaît ?
Le chemin commence à 5-6 ans. Mes parents ont envie de me faire commencer la musique, ils sont tous les deux mélomanes, je choisis le violon.
Mon père et ma mère écoutaient du classique, mon père aussi et un peu de rock, ils m’ont emmené dès le plus jeune âge dans beaucoup de concerts. Ils ont créé un cadre propice au développement de ma passion pour la musique. En rentrant des concerts je réécoutais les morceaux pour me les approprier.
Au collège je commençais à atteindre un bon niveau en violon, en parallèle je me suis mis à écrire et à composer. Au lycée, comme à beaucoup de jeunes talents on a dit : “File à Paris, en province tu seras limité”. Ensuite j’ai poursuivi mon cursus au Conservatoire National Supérieur de Musique, dans les classes d’écriture où j’ai appris à composer comme les maîtres classiques.
Tu as quand même fait un grand écart entre cette institution de la musique classique et tes compositions d’aujourd’hui, plus pop, plus électro ?
Au CNSM j’ai pu consolider mes bases, mais c’est surtout dans la pop que je me suis retrouvé émotionnellement.
Un ami m’a passé une copie de FL Studio, j’ai eu l’impression de repartir de zéro. Evidemment mes fondations en musique m’ont servi et me servent encore beaucoup (je suis heureux de pouvoir me resservir du violon dans mes compositions personnelles). J’ai appris dans mon coin en improvisant à faire de la guitare et du piano, à mixer et à masteriser mes propres compos. Youtube a été aussi un océan de ressources très utile dans ma formation. En 2016, j’ai envoyé mes premières démos au label indépendant Record Record, et collaborer avec eux, par exemple sur leurs compilations, m’a ouvert pas mal de portes, notamment dans le monde de la musique à l’image.
Ton panel d’inspiration est large et ta musique se détache de ce qui est le plus écouté, est-ce que tu cherches/arriverais à définir ton style de musique ?
C’est dur de choisir, mais j’ai été très flatté quand le boss de mon label m’a présenté comme un “blend de classique et de 808”.
Je fais de la pop expérimentale disons. Je m’inspire pas mal du travail de Frank Ocean, de Jai Paul et de Kanye West. Dans mon travail le style Hyper Pop me parle beaucoup, il y a une vraie recherche des sonorités, c’est très brut et toujours surprenant.
Forcément des œuvres très théâtrales comme Bohemian Rhapsody ou BTSTU de Jai Paul m’ont inspiré aussi.
Avant de me parler de la sortie de ce single et de tes futurs projets, est-ce qu’il y aurait une œuvre, pas forcément dans le monde de la musique que tu pourrais nous partager ? Une œuvre qui te parle et qui, d’une certaine manière, parlerait de tes créations ?
La série Bojack Horseman me parle beaucoup, aussi bien au niveau de la forme que du fond. L’écriture est toujours surprenante, les péripéties te laissent jamais te reposer dans l’histoire : il se passe toujours quelque chose. Evidemment les références, les thèmes abordés, rendent chaque épisode très vivant, chacun suit ce rythme très rapide.
Dans le fond je dirais que cette idée de “on veut tous s’améliorer” me parle énormément. Schubert aussi m’a beaucoup aidé à surmonter des épreuves, pas juste à aller mieux. Je crois que Bojack et les pièces de Schubert ont ce caractère commun, elles offrent quelque chose qui aide à grandir. Ca me parle beaucoup, c’est une de mes ambitions.
Dostoevsky’s Rage est disponible sur Spotify, cliquez ici
Propos recueillis par Pierre Plana
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