Idomeneo – Palais Garnier
Cet opéra de jeunesse composé par Mozart en 1781 est une commande du Prince de Bavière pour le carnaval de Munich. Les humains sont au service des dieux tout puissants. C’est le fatum, la fatalité qui gouverne le peuple, soumis à la famine ou à la guerre.
Dans un décor très sobre unique aux formes géométriques, aux abords d’une rive de Crête, se joue le drame d’Idoménée, superbement interprété par le ténor américain, Charles Worman. Tel Thésée ou Ulysse qu’on croyait disparus, il surgit des flots, épuisé et promet au dieu Neptune de sacrifier la première personne rencontrée. Malheureusement, c’est son fils, Idamante, éperdu en apprenant sa mort, qui vient se recueillir sur la plage déserte.
Ce rôle est interprété par une femme. La mezzo-soprano surprend, fascine et convainc. Ses envolées déchirent le coeur du père qui ne peut se résoudre à cet infanticide.
On retrouve de nombreux thèmes de la tragédie antique. Par endroits, on croirait entendre les vers de Racine chantés : « Idoméné n’est plus ? … Tout concourt à ma perte, le Ciel conjure contre moi ! Idamante peut librement disposer d’un empire et de son coeur, et il ne me resterait même pas l’ombre d’un espoir ? Je verrai à mon dépit – hélas la Grèce verra à sa grande honte – une esclave troyenne accéder à ce trône et partager sa couche nuptiale ? …Ô honte, ô fureur… »
Tout le phrasé d’ Electre, de la lignée des Atrides, fille d’Agamemnon rappelle Hermione, dédaignée par Hector, pour la troyenne Andromaque. Ces fausses interrogations oratoires, ces exclamations, le rythme binaire, tout évoque la poésie racinienne et naturellement le personnage lui-même. Le public a beaucoup applaudi l’interprétation bouleversante de Tamar Iveri.
Luc Bondy cherche à émouvoir, en associant des images déchirantes. Quand Idoménée accepte de livrer son fils au sacrifice, il prend dans ses bras un jeune garçon qui n’est pas sans évoquer la tendresse et le déchirement d’un père. Le peuple est décimé par la volonté de Neptune, dieu vengeur. On voit un enfant expirer dans les bras de sa mère. Des cadavres gisent sur la plage avec des sacs poubelles. Y a-t-il un message écologique ? Un spectateur s’est même écrié : « Tiens, une plage française ! »
Pour signifier cette toute puissance des dieux, le metteur en scène fait gronder le tonnerre de Jupiter à plusieurs reprises. Saluons la puissance et la magnificence des chants du choeur de l’ Opéra de Paris.
Cet opéra merveilleusement interprété et très applaudi fait revivre les personnages de l’antiquité dans une mise en scène dépouillée et authentique.
Marie Torrès
Idomeneo
DRAMMA PER MUSICA EN TROIS ACTES (1781)
MUSIQUE DE WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)
LIVRET DE GIAMBATTISTA VARESCO D’APRÈS IDOMÉNÉE D’ANTOINE DANCHET
En langue italienne
EMMANUELLE HAÏM ° Direction musicale
LUC BONDY Mise en scène
ERICH WONDER Décors
RUDY SABOUNGHI Costumes
DOMINIQUE BRUGUIÈRE Lumières
ARCO RENZ Chorégraphie
ALESSANDRO DI STEFANO Chef de Chœur
GEOFFREY LAYTON Dramaturgie
CHARLES WORKMAN Idomeneo
VESSELINA KASAROVA Idamante
ISABEL BAYRAKDARIAN Ilia
TAMAR IVERI Elettra
LOTHAR ODINIUS ° Arbace
XAVIER MAS Gran Sacerdote di Nettuno
NAHUEL DI PIERRO La Voce
CLAUDIA GALLI, ANNA WALL Due Cretesi
VLADIMIR KAPSHUK,
MANUEL NUÑEZ CAMELINO ° Due Troiani
ORCHESTRE ET CHŒUR DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS
° Débuts à l’Opéra national de Paris
COPRODUCTION DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS AVEC LE TEATRO ALLA SCALA, MILAN ET LE TEATRO REAL, MADRID
PALAIS GARNIER
Métro Opéra
9 représentations du 20 janvier au 13 février 2010
Mercredi 20 janvier 2010 – 19h30
Samedi 23 janvier 2010 – 19h30
Mardi 26 janvier 2010 – 19h30
Vendredi 29 janvier 2010 – 19h30
Lundi 1er février 2010 – 19h30
Jeudi 4 février 2010 – 19h30
Dimanche 7 février 2010 – 14h30
Mercredi 10 février 2010 – 19h30
Samedi 13 février 2010 – 19h30
TARIFS
172€ 116€ 70€ 40€ 21€ 10€ 7€
INFORMATIONS / RÉSERVATIONS
Téléphone : 08 92 89 90 90 (0,337€ la minute)
Internet : www.operadeparis.fr
Guichets : au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille tous les jours de 10h30 à 18h30 sauf dimanche et jours fériés
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...