Hotel Radio vs Covid-19
Vous connaissez Hotel Radio ? Une radio remplie d’artistes underground et avant-gardiste, des musiciens qui seront connus l’année prochaine ! Pour tous ceux qui aiment la musique de tous horizons et la liberté d’expression, Hotel Radio Paris est faite pour vous.
C’est une radio indépendante, disponible sur Internet gratuitement. Elle vit sans pub ni partenariat grâce aux économies de Jean-Charles Leuvrey, ancien banquier et globe-trotter. Même s’il doit mettre toute ses économies et son énergie, JC gardera sa radio en vie, coûte que coûte.
Revenons au 9 mars, une semaine avant le confinement, le gouvernement interdit les rassemblements de plus de 1 000 personnes. JC prend alors le taureau par les cornes, lance une cagnotte pour sauver sa radio. Sans ses prestations de DJ, et ses soirées, la radio allait manquer de moyens. Grâce à une communauté soudée, en quelques jours elle atteint les 3 000 €. Elle est toujours ouverte, il n’est pas trop tard pour l’aider ! Juste ici.
Le 17 mars, après l’annonce du confinement, JC a stoppé la programmation le temps de s’organiser. Le 19 avril il a décidé de reprendre la programmation de la radio depuis chez lui. Il a alors demandé à sa communauté d’envoyer des mixes pré-enregistrés, Hotel Radio en a donc reçu du monde entier. Il a aussi programmé des podcasts assez réguliers, diffusé 6h de bruits de bistrots, 2h de club de jazz, des cartes blanches pour des collectifs. Il a même diffusé un concert avec l’Orchestre de Paris. Voilà la mentalité de Hotel Radio Paris, la liberté, la variété, et surtout continuer à diffuser du son même quand la situation est compliquée.
Entretien avec Jean-Charles Leuvrey (PDG de Hotel Radio Paris)
Comment choisis-tu ta programmation ?
N’importe qui peut m’envoyer quelque chose à passer, pendant le confinement tout le monde est le bienvenu. Il faut envoyer son mix à hotelradioparis@gmail.com. C’est l’idée principale de la radio, ouvert à tous pour toute sorte de format, même autre que musique, on a même passé des conférences.
Est-ce tu as rencontré des difficultés à garder un rythme soutenu de programmation ?
Non pas vraiment ! On a reçu tellement de mixes qu’au final on n’a vraiment pas eu de souci. De plus, pendant le confinement, tout le monde a le temps et veut mixer. Hors confinement beaucoup mixaient tous les week-ends, et ça leur manquait, alors passer à la radio c’est cool pour eux.
Quelles initiatives tu as dû prendre à cause du Covid-19 ? Et quels en ont été les impacts ?
Une semaine avant j’ai mis en place une cagnotte qui a récolté pas mal d’argent, ensuite j’ai dû mettre malheureusement mes stagiaires en chômage partiel. Nous avons demandé le fonds de pension de l’État. Heureusement mon local et mon matériel sont à moi, ça évite des frais supplémentaires. Puis j’ai dû mettre à jour mon serveur pour que je puisse recevoir des mixes pour les passer à la radio, car ce n’est vraiment pas dans mes habitudes. Avant, je ne voulais pas passer des mixes tout faits. Mais on s’adapte, puis ça m’a ouvert des opportunités, car des Japonais, des Canadiens m’ont envoyer des trucs cool, ça diversifie bien la radio c’est super ça en confinement. On a une bonne communauté assez fidèle qui nous suit dans nos idées et nos projets. Nous avons passé une programmation adaptée au confinement. Les impacts sont surtout économiques, je vais devoir mettre plus de ma poche !
Est-ce que le confinement change le choix de ta programmation ?
Oui, car on a passé pas mal de mixes pré-enregistrés, ce que nous ne faisions pas avant, mais on s’adapte. Puis en fin de compte, la radio a presque autant d’émissions qu’avant. Pour bien suivre nos projets, il faut découvrir la page Instagram.
Comment vois-tu la période post-confinement ?
Le truc c’est que si on reprend le 11 mai, je vais devoir restreindre les entrées, car il y a toujours eu beaucoup de passages à la radio. Par exemple, pas plus de 2 personnes dans la radio, puis obligation de se laver les mains, mettre un masque, etc. Mais c’est un peu stressant, on va aussi réduire le rythme à la radio et peut être garder encore certains mixes pré-faits. Le problème c’est que nous ne savons pas vraiment comment tout ça va évoluer donc on verra en temps voulu. Et si on est déconfiné le 11 mai, nous ne savons pas trop quand les bars, les restos, même les hôtels vont réouvrir. Et moi ces gens-là ce sont mes clients. Donc il n’y aura pas vraiment un business pour nous avant un petit moment. En post confinement les lives vont être importants pour tout le monde, en terrasse ou au BBC dans un parc, les Parisiens vont en avoir besoin et Hotel Radio sera là. De toute façon on va s’adapter pour être safe, ne pas créer de danger, tout en gardant le rythme.
Pour finir cette conversation avec toi, je vais te poser quelques questions. Tu devras répondre avec un son.
Une musique qui représente tes origines ?
Ouh là ! C’est compliqué ça. Je dirai Daniel Balavoine – Sauver l’amour car c’était un poto de mon daron et comme mon père ils ont aimé et vécu en Afrique
Un son de ton enfance/adolescence ?
Les temps changent de MC Solaar
Ton son préféré, et ton film ?
Film préf’ : Un prophète de Jacques Audiard avec Tahar Rahim et Niels Arestrup.
Une musique préférée c’est compliqué, je change de musique préférée toutes les 3 semaines depuis 20 ans lol ! Mais depuis 6 mois c’est Jul et Jimmy Sax
Un son qui représente ta vie sociale ?
Ahaha ! Je dirai Copacapana de Gambino.
Ta chanson pour faire l’amour ?
Le premier album de the weeknd : House of balloons.
Chanson que tu n’assumes pas ?
Le track de dancehall de Calvin Harris : Nuh Ready ou le diplo niska.
Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer ?
MC Solaar et Guru : Le bien, le mal. Et bien sur Heuss et Jul.
Merci à JC d’Hotel Radio Paris,
Titou Granier
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