Hotel Paradisio : La « force tranquille »
Parmi les artistes « self-made » qui fleurissent tous les jours sur Internet, certains méritent que l’on s’y attarde par la qualité et l’originalité de leur travail. C’est le cas du rappeur Hotel Paradisio.
Ce jeune rappeur strasbourgeois, à l’origine de productions à la fois aériennes et entraînantes, a su s’emparer des codes du rap et produire un véritable ovni musical. Auteur et parfois compositeur de ses musiques, Hotel Paradisio se démarque du reste de la scène émergente française par un style onirique qui lui est propre. Nous sommes allés à sa rencontre à l’occasion de la sortie de son nouvel EP Amityville, afin d’en apprendre davantage sur son processus créatif et son univers musical percutant et vaporeux.
Peux-tu nous raconter tes premiers contacts avec la production musicale ?
J’ai été initié au rap très tôt à vrai dire. Je devais avoir environ 11 ans quand un cousin et une cousine ont commencé à me faire des compils sur CD’s avec plusieurs morceaux de rap américains. Plus tard, j’ai commencé à écrire des textes et m’enregistrer sur un caméscope.
Pourquoi le nom d’Hotel Paradisio ?
Je trouvais originale l’idée de prendre un lieu comme nom de scène. Hotel Paradisio, c’est un endroit fictif qui se trouverait dans un décor paradisiaque. Ça traduit un peu l’objectif de ma musique et c’est ce qui alimente mon inspiration.
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Comment définirais-tu ta musique ?
Je dirais que ma musique est imagée. Quand je compose et que j’écris, je me projette. J’essaie aussi de véhiculer beaucoup d’émotions. Les gens ont tendance à dire que c’est une musique douce et planante. Mais si tu écoutes vraiment, certains morceaux ont une certaine violence qui s’en dégage, une force tranquille.
Quelles sont tes inspirations musicales ?
J’admire beaucoup de rappeurs américains, car je trouve qu’ils sont toujours à la pointe au niveau musical. Ils ne sont jamais dans la sécurité. Leurs productions et leurs flows sont tellement authentiques. Je m’inspire souvent de quelques éléments et je m’efforce de créer un son pur et original.
Comment expliques-tu le lien très fort que tu as avec ton public ?
Le lien avec mon public est avant tout musical. Quand ils m’écoutent, ça leurs parle vraiment, semble-t-il. On échange très souvent et ils me font beaucoup de retours. C’est assez intime, en vérité, parce que j’ai l’impression qu’eux seuls comprennent vraiment où je veux en venir.
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Dans ce troisième EP, on remarque une évolution dans le style. Est-ce prémédité ?
Oui j’ai évolué au niveau du style. Je fais des morceaux plus rythmés, plus entraînants, des flows plus techniques et découpés. C’est un choix parce que j’essaie perpétuellement d’évoluer dans ma musique. Si tu restes bloqué sur un style, c’est mauvais signe, je trouve. Il faut toujours faire ses preuves, innover. C’est ça la musique : un changement constant. Les gens qui te disent que telle époque ou tel style est meilleur n’ont rien compris.
Quel est ton point vu sur la scène rap française actuelle ?
J’aime beaucoup la scène française, elle est diverse et permet l’éclosion de toutes sortes d’artistes. En France aujourd’hui, tu peux faire du rap à toutes les sauces. C’est la nouvelle pop.
Internet permet l’émergence d’artistes indépendants sans l’appui des grandes maisons de disque ni d’aucun label. Qu’en penses-tu ?
Oui, aujourd’hui, avec Internet et ses outils, tu peux arriver à te faire connaître du public et ça te laisse une grande liberté. Tu ne dépends de personne directement, tu travailles avec des gens qui eux aussi sont indépendants et tu peux ainsi créer ton univers. Le seul problème : comme la porte est ouverte à tous, il y a un bouillonnement de musique de mauvaise qualité qui circule sur les réseaux sociaux, avec des gens qui, très souvent, se réfèrent juste au nombre de clics et de likes.
Avec qui aimerais-tu faire un featuring prochainement ?
Avec un artiste ou une artiste d’Amérique du Sud. Je trouve que ça rendrait vraiment bien.
Que peut-on te souhaiter à l’avenir ?
J’espère pouvoir faire pleins de projets, des EP’s et des albums. Je vais aussi beaucoup me pencher sur les prods et m’attaquer à la scène, que je ne connais pas trop encore.
Propos recueillis par Omar Atoini
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